Quelques jours après notre première rencontre avec Maître Fabre, nous étions de retour dans son bureau. L’atmosphère était lourde, emplie de cette tension silencieuse qui ne faisait qu’ajouter au poids déjà insupportable de l’affaire. Jordan, à mes côtés, était étrangement calme, son regard perdu dans ses pensées. Il avait été mon roc ces derniers jours, mais je pouvais sentir qu’il était tout aussi affecté par la situation.
Maître Fabre, assis derrière son large bureau en bois, fixait ses notes avec intensité. Il releva enfin la tête, son expression grave.
« J’ai obtenu de nouvelles informations cruciales pour l’enquête, » commença-t-il, sa voix mesurée. « Nous avons enfin découvert l’identité de votre ravisseur, Orane. »
Un silence glacial s’installa dans la pièce. Mon cœur battait à tout rompre, et je sentais Jordan se tendre à mes côtés. Il serra la mâchoire, visiblement prêt à encaisser le choc.
Maître Fabre prit une inspiration avant de continuer : « L’homme qui vous a enlevée s’appelle Anton Lescaut. »
Jordan se figea à l’entente du nom. Son regard, d’abord incrédule, se remplit rapidement d’un mélange de reconnaissance et de stupeur. Il tourna lentement la tête vers moi, ses yeux trahissant une profonde confusion.
« Lescaut... » murmura-t-il, comme s’il essayait de replacer ce nom dans un souvenir lointain. « Je connais ce nom... Il travaillait avec nous, dans le parti, il y a des années. »
Maître Fabre hocha la tête, l'air grave. « Exactement. Anton Lescaut a été un collaborateur du parti pendant un certain temps. Cependant, il a été renvoyé pour des comportements inappropriés et contraires à l’éthique. Il avait des idées extrêmes, des obsessions malsaines. Ce renvoi date de plusieurs années, mais il semble qu'il ait nourri une rancune silencieuse qui a fini par éclater. »
Jordan, encore sous le choc, continua : « Je me souviens de lui maintenant... Il était brillant mais... instable. Quand il est devenu un danger pour l'image et la stabilité du parti, nous avons dû le renvoyer. Je n’aurais jamais pensé qu’il puisse aller aussi loin. »
Je me sentais dévastée, une vague de nausée m’envahissant. Cet homme, cet Anton Lescaut, avait été un collègue de Jordan. Comment avait-il pu en arriver là ? Pourquoi m’avait-il ciblée ? Tant de questions restaient sans réponse.
Maître Fabre prit la parole, rompant le silence qui s'était installé. « L’escouade militaire qui vous a secourue a suivi une piste qui les a conduits à cette île. Apparemment, des informations provenant de transactions financières inhabituelles et des appels anonymes ont permis de remonter jusqu’à la villa où vous étiez retenue. Anton Lescaut n’a pas été aussi discret qu’il le pensait. C’est ce qui a permis aux autorités de vous retrouver. »
Jordan serra ma main plus fort, cherchant à me rassurer autant que lui-même. « C’est grâce à ça qu’ils ont pu te localiser... Mais pourquoi toi, Orane ? Pourquoi t’avoir ciblée de cette manière ? »
« Nous devons encore approfondir les motivations exactes de Lescaut, » intervint Maître Fabre. « Mais il est clair que son obsession pour vous, Orane, et son passé avec Jordan sont liés. Nous avons désormais une piste solide, mais il reste encore beaucoup à découvrir. »
Je me sentais prise dans un tourbillon d’émotions contradictoires. La vérité commençait à émerger, mais elle laissait derrière elle un goût amer, une douleur encore plus vive que l’incertitude.
En sortant du bureau, je me tournai vers Jordan, cherchant du réconfort dans ses yeux. « On va surmonter ça, Orane, » dit-il, la voix grave. « Je te le promets. »
Je hochai la tête, le cœur lourd mais déterminé. La route vers la justice serait longue et tortueuse, mais nous étions ensemble, prêts à affronter ce passé qui venait de refaire surface, coûte que coûte.
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Passions et Politique
General FictionOrane Hoarau, une jeune femme pleine de passion et de détermination, se lance dans le monde complexe et tumultueux de la politique française. Aux côtés de Gabriel Attal, talentueux stratège du gouvernement, elle commence à apprendre les ficelles du...