Hôpital

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 POV Jordan :

Après l'annonce de l'accident, tout était devenu flou. Les images de la voiture renversée, les débris éparpillés sur la route, et surtout, l'idée qu'Orane se trouvait quelque part au milieu de tout cela... C'était insupportable. En pleine réunion, je n'avais pu rester en place, bouleversé par l'angoisse et l'inquiétude. Heureusement, Gabriel Attal, bien qu'il soit politiquement opposé à moi, était avant tout un mentor et un ami proche d'Orane. C'est grâce à lui que j'ai pu savoir dans quel hôpital elle avait été transportée.

La route vers l'hôpital semblait interminable. J'avais l'impression que le temps s'étirait à l'infini, chaque seconde devenant une éternité. Les pensées tournaient en boucle dans ma tête : Comment avait-elle pu avoir un accident ? Pourquoi se trouvait-elle seule sur cette route ? Et surtout, pourquoi n'avais-je pas été là pour elle ? Je me sentais coupable, impuissant face à cette situation qui m'échappait complètement.

Arrivé à l'hôpital, je me précipitai vers l'accueil. Les infirmières, déjà informées de ma venue, m'indiquèrent le service des urgences. Leur sérieux, leur efficacité, tout cela ne faisait qu'accentuer mon sentiment d'irréalité. Les couloirs blancs de l'hôpital semblaient sans fin, et chaque porte que je passais me rapprochait de cette vérité que je redoutais tant.

Enfin, je fus conduit à un médecin, le docteur Laurent. Son expression était grave, mais il resta professionnel. "Monsieur", commença-t-il, "Mlle Hoarau a été admise avec plusieurs contusions sévères et un traumatisme crânien modéré. Heureusement, aucune blessure vitale n'a été détectée, mais elle est dans un état de choc important."

Ses mots semblaient résonner dans un vide. Orane, ma Orane, dans un état de choc ? Cela me semblait inconcevable. Mais le pire restait à venir. "Nous avons également détecté une présence significative d'alcool dans son sang," ajouta-t-il.

Ces mots me frappèrent comme une lame glacée. De l'alcool ? Orane ne buvait jamais, ou si rarement, et certainement pas dans une telle situation. Pourquoi aurait-elle bu ? Cette révélation bouleversait tout. Je me sentais perdu, déconnecté de la réalité. Les événements des dernières heures défilaient devant mes yeux, mais rien ne semblait faire sens.

Je devais la voir. "Puis-je la voir ?" demandai-je, la voix à peine audible.

"Bien sûr," répondit le docteur Laurent, me guidant à travers les couloirs jusqu'à sa chambre. En entrant, la vision d'Orane allongée sur ce lit d'hôpital m'arracha un gémissement de douleur. Elle semblait si frêle, si vulnérable. Son visage était marqué par des égratignures et des ecchymoses, témoignant de la violence de l'accident. Son bras droit était enserré dans un bandage, et des électrodes étaient fixées sur sa poitrine, surveillant son rythme cardiaque. Le bip régulier des machines me rassurait et m'inquiétait à la fois. Orane ne donnait aucun signe de conscience, sa respiration calme et régulière contrastant avec l'agitation que je ressentais.

Je m'approchai doucement, prenant sa main dans la mienne. Sa peau était froide, presque glacée. Je ne pouvais m'empêcher de caresser doucement ses doigts, espérant lui transmettre un peu de chaleur, de réconfort. Mais elle ne réagissait pas. Ses paupières étaient fermées, cachant ses beaux yeux, et je me surpris à vouloir les voir s'ouvrir, à désirer qu'elle me regarde, qu'elle me parle.

"Orane," murmurai-je, ma voix brisée par l'émotion. "Je suis là, tout va bien se passer."

Mais mes paroles semblaient se perdre dans le silence de la pièce. La voir ainsi, immobile, sans conscience, était un cauchemar. Le médecin avait mentionné que son état était stable, mais le traumatisme crânien et la présence d'alcool dans son système laissaient planer tant de questions. Comment cela avait-il pu arriver ? Était-ce vraiment un accident, ou y avait-il quelque chose de plus ? Les mots du docteur tournaient en boucle dans ma tête, amplifiant mes doutes et mes peurs.

Les infirmières entraient et sortaient, vérifiant ses signes vitaux, ajustant les équipements. Chaque mouvement, chaque son me faisait sursauter. Je scrutais le visage d'Orane, cherchant le moindre signe de réveil, mais il n'y avait rien. Juste cette immobilité, cette inquiétante tranquillité.

Le docteur Laurent revint, brisant le silence pesant de la chambre. "Elle va être sous surveillance étroite," dit-il doucement. "Le traumatisme crânien n'est pas grave en soi, mais il faut rester vigilant. Quant à l'alcool... Nous ne pouvons qu'attendre qu'elle se réveille pour comprendre."

Je hochai la tête, encore sous le choc. Orane ne buvait pas, surtout pas en quantité significative. Cela ne lui ressemblait pas. Mais les faits étaient là, inscrits sur les moniteurs et les rapports médicaux. Je ne pouvais ignorer cette réalité, aussi douloureuse soit-elle. Mais alors, pourquoi ? Pourquoi s'était-elle mise en danger de cette manière ?

Assis à ses côtés, je restai là, à veiller sur elle. Mon esprit oscillait entre le présent et les souvenirs des moments passés ensemble. Ses rires, ses sourires, sa voix douce... Tout semblait si loin, si distant. Et pourtant, elle était là, devant moi, si proche et si lointaine à la fois. Les questions sans réponses continuaient de me tourmenter. Pourquoi avait-elle bu ? Qu'est-ce qui l'avait poussée à prendre la voiture dans cet état ?

J'aurais voulu qu'elle se réveille, qu'elle m'explique tout, qu'elle me rassure. Mais pour l'instant, tout ce que je pouvais faire, c'était attendre. Attendre et espérer. Espérer qu'elle se rétablisse, espérer qu'elle me pardonne pour n'avoir pas été là quand elle avait le plus besoin de moi.

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