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Les jours passaient et les menaces devenaient de plus en plus effrayantes. Un matin, en arrivant à mon bureau, une nouvelle enveloppe m'attendait, plus volumineuse et pesante que les précédentes. Je l'ouvris avec appréhension, redoutant ce que je pourrais y trouver.

À l'intérieur, il y avait plusieurs objets qui, pris individuellement, auraient pu sembler inoffensifs. Une mèche de cheveux, un morceau de tissu noir comme arraché d'un vêtement, et une clé USB. Le simple fait de toucher ces objets me donna la chair de poule. En plus de cela, il y avait une série de photographies de moi dans des situations encore plus intimes : en pyjama dans ma chambre, en train de lire un livre sur mon canapé, ou encore juste avant de m'endormir.

Mais ce n'était pas tout. Il y avait une nouvelle note manuscrite, plus menaçante que jamais. Elle disait : "Je t'observe toujours, Orane. Même quand tu penses être en sécurité, je suis là. Tu ne peux rien me cacher. Je connais chaque recoin de ta vie, chaque secret. Jordan ne peut pas te protéger de moi. Tes amis ne peuvent rien pour toi. Tu es seule, et je te vois."

Cette fois, le message était clair : la personne ne se contentait plus de m'observer, elle voulait me faire savoir qu'elle pouvait me toucher, pénétrer mon espace personnel, mon sanctuaire. La clé USB contenait un fichier vidéo. Je savais que je ne devais pas l'ouvrir, mais la curiosité mêlée à la terreur l'emporta. Je glissai la clé dans mon ordinateur, les mains tremblantes.

La vidéo montrait des images de moi, filmées à travers la fenêtre de ma chambre. On m'y voyait en train de me changer, de pleurer, de parler à voix basse au téléphone, probablement avec Jordan. C'était une intrusion inqualifiable dans mon intimité. Une voix déformée par un modulateur s'éleva alors, glaçant mon sang : "Tu es tellement belle quand tu es vulnérable, Orane. Tellement vraie. Continue de sourire pour les caméras, mais sache que je te vois telle que tu es vraiment. Tu ne pourras pas te cacher. Chaque mensonge que tu racontes, chaque sourire forcé... Je le vois."

Le choc fut tel que j'eus du mal à respirer. Cette personne me connaissait trop bien. Elle savait des choses sur moi que je n'avais jamais partagées avec personne. Le fait qu'elle mentionne Jordan de manière si personnelle me fit froid dans le dos. L'obsession de cet individu pour ma relation avec Jordan, mêlée à une connaissance profonde de ma vie privée, rendait les choses insupportables.

Je ne pouvais m'empêcher de penser à Nolwenn ou Marine. Les deux femmes avaient des raisons de me détester ou de vouloir me nuire, chacune à leur manière. Marine, avec ses jeux politiques et son intérêt pour Jordan, pourrait vouloir me faire craquer pour prendre l'avantage. Nolwenn, avec son passé trouble avec Jordan, pourrait chercher à me déstabiliser par jalousie ou par vengeance. Mais il y avait quelque chose de plus dérangeant dans ces messages, une fixation personnelle sur moi, qui semblait transcender les rivalités classiques.

Le stress et la peur commencèrent à se répercuter sur ma vie quotidienne. Je n'osais plus rester seule chez moi, et chaque ombre, chaque bruit me faisait sursauter. Le poids de cette menace constante devenait trop lourd à porter. Je me sentais isolée, terrifiée à l'idée que la prochaine escalade pourrait être physique.

Je ne pouvais pas en parler à Jordan. Notre relation était déjà fragile, et je refusais de lui imposer ce fardeau supplémentaire. Mais il devenait de plus en plus difficile de cacher ma détresse. La situation devenait insupportable, et je savais qu'à ce rythme, quelque chose finirait par céder. Pourtant, je ne pouvais pas m'empêcher de me demander : jusqu'où cette personne était-elle prête à aller ? Et combien de temps pourrais-je encore tenir avant de craquer complètement ?

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