Rêves ou réalité

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Les souvenirs ressurgissent, m'assaillant sans merci. Je me revois, jeune et seule dans ma chambre, pleurant silencieusement. Les murs semblaient se rétrécir avec chaque cri échangé dans la maison. Chaque hurlement creusait un peu plus la blessure déjà béante en moi. J'étais figée par la peur, n'osant même pas respirer. Les cris, stridents et incessants, devenaient un marteau-pilon, assourdissant. Je me voyais, petite, essayant de me boucher les oreilles, les larmes roulant sur mes joues sans discontinuer. Le cauchemar était si réel que je me réveillai en sursaut, trempée de sueur.

Il me fallut une force inouïe pour ouvrir les yeux, ne serait-ce qu'un peu. Une douleur lancinante me vrillait la tête, rendant impossible de les garder ouverts plus longtemps. Ma vision était floue, comme à travers un verre dépoli. J'essayai de tourner la tête, et là, je vis cette silhouette sombre, immobile à mes côtés. Mon cœur se mit à battre à tout rompre, chaque pulsation me laissant à bout de souffle. J'essayai de crier, mais seul un murmure étranglé sortit de ma bouche : "Qu'est-ce que vous me voulez, putain !" Les souvenirs de l'accident affluaient par vagues, comme des flashbacks incontrôlables.

"Laissez-moi tranquille, je vous en supplie", parvins-je à articuler, ma voix à peine audible, suppliant. 

Aucune réponse ne vint. Les mots étaient un effort titanesque, et pourtant je continuais, espérant que cela ferait disparaître la silhouette. Je me sentais redevenir cette enfant vulnérable, sans défense. Les cicatrices de chaque blessure, émotionnelle, s'ouvraient à nouveau, comme si tous mes efforts pour les refermer avaient été vains. La peur, la détresse, la honte, le dégoût, l'anxiété... Toutes ces émotions se bousculaient en moi, exacerbant ma migraine. Mes larmes, brouillant encore davantage ma vision, étaient brûlantes sur ma peau. Chaque douleur dans mon corps était une souffrance insupportable, un rappel cruel de ma fragilité. Tout ce chaos intérieur me donnait la nausée.

Dans un effort désespéré pour m'éloigner de la silhouette oppressante, je réussis à mettre mes pieds à terre. La présence sombre ne bougeait pas, elle restait là, menaçante et silencieuse. "Allez vous faire foutre, espèce de psychopathe !" criai-je, ou plutôt, essayai-je de crier. Le son qui sortit était à peine plus qu'un souffle désespéré.

Toujours aucune réponse. Ce silence résonnait en moi comme un écho de ma propre impuissance. Chaque seconde de silence amplifiait mon angoisse, le reflet désastreux de mon chaos intérieur. 

Je me dirigeai vers la salle de bains attenante, trébuchant à chaque pas, mes jambes vacillant sous mon poids. Chaque mouvement était une lutte contre l'épuisement. Enfin, je parvins aux toilettes et me mis à vomir. Mon corps se rebellait, rejetant tout le stress et les émotions refoulées. Les spasmes étaient violents, mes larmes se mêlaient aux vomissures, rendant le moment encore plus dégradant. Je pris une pause, reprenant mon souffle difficilement, quand je sentis une main se poser sur ma tête, attachant doucement mes cheveux en arrière. Un geste de douceur inattendu dans ce tourbillon de terreur.

Je vomis encore, et lorsqu'enfin cela s'arrêta, la silhouette se pencha vers moi, me tendant un verre d'eau. Le souvenir de cette personne me forçant à boire de l'alcool me traversa l'esprit. Par instinct, je crachai l'eau, terrifiée à l'idée d'avaler quoi que ce soit venant de cette présence. C'était peut-être juste de l'eau, mais la peur me paralysait.

Je n'avais plus de force. Incapable de me relever, je sentis des bras me soulever. Je tentai de repousser faiblement la personne, mais c'était inutile. Ces mains qui me portaient avaient quelque chose de familier. Une part de moi voulait croire que c'était Jordan, une illusion réconfortante dans ce cauchemar sans fin. Arrivée sur le lit, les mains caressèrent doucement mes cheveux, un geste apaisant qui m'apportait un semblant de réconfort. 

Je murmurais faiblement, "Jordan...". Le silence en réponse était lourd, mais je m'accrochais à l'idée que c'était lui. Ce moment de paix, aussi fragile soit-il, était tout ce que j'avais. Mon esprit, épuisé, commençait à lâcher prise. Je fermai les yeux, sombrant dans un état de demi-conscience, espérant que lorsque je me réveillerai, tout cela ne serait qu'un mauvais rêve. Mais au fond, je savais que la réalité, aussi dure soit-elle, m'attendait au tournant.

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