Retour À La Réalité

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POV Jordan :

La lumière du jour commençait à filtrer doucement à travers les rideaux, projetant des ombres diffuses dans la pièce. Je me réveillai lentement, savourant l'instant. À mes côtés, le dos nu d'Orane se dessinait dans la pénombre, me rappelant les moments intimes que nous avions partagés la veille. La douceur de sa peau sous mes doigts me fit sourire tandis que je caressais lentement son dos, savourant la chaleur de son corps. Elle bougea légèrement, se retournant pour me faire face, un sourire paisible sur les lèvres.

"Bien dormi ?" murmura-t-elle en m'offrant un tendre baiser.

"Pour le peu qu'on a dormi, oui, plutôt bien," répondis-je avec un sourire complice.

Elle rit doucement, un son qui résonna agréablement à mes oreilles. Cet instant semblait suspendu dans le temps, une bulle de calme et de tendresse que je ne voulais pas voir éclater. Mais la réalité se rappela à nous brutalement lorsque nos téléphones commencèrent à sonner en même temps, brisant la magie du moment. Je soupirai, un peu agacé par ce rappel à l'ordre. Le nom de Marine s'afficha sur mon écran, me ramenant à mes obligations.

Je me levai doucement du lit, ne voulant pas troubler plus ce moment, et pris l'appel dans le couloir.

"Jordan, nous t'attendons au QG, nous avons de nombreuses choses à faire aujourd'hui," annonça-t-elle d'une voix ferme.

"Très bien, j'arrive le plus vite possible," répondis-je, tentant de masquer mon agacement.

"Tu es avec elle ?" ajouta-t-elle, un ton interrogateur dans la voix.

"Oui."

"C'est très bien, Jordan, je vois que tu prends ton rôle au sérieux."

Je perçus une satisfaction froide dans sa voix. Marine savait exactement ce qui se passait et comment utiliser chaque détail à son avantage. La connaissance de ma présence avec Orane n'était pas une coïncidence; elle avait tout planifié, chaque étape calculée. La froideur de cette réalité me frappa de plein fouet, me faisant réaliser à quel point les enjeux étaient élevés.

Après avoir raccroché, je retournais dans la chambre, où Orane m'attendait, encore enveloppée dans les draps. Je m'approchai d'elle, et elle me sourit, inconsciente des conflits internes qui me déchiraient. Je la regardai, absorbant chaque détail de son visage, chaque trait, chaque courbe. Elle était belle, et il y avait quelque chose de profondément honnête dans ses yeux.

"Si seulement on pouvait rester ici," murmura-t-elle, sa voix teintée d'un regret doux-amer.

"Si seulement," répondis-je, partageant son sentiment, mais conscient que nos réalités étaient bien plus complexes.

Je pris une douche rapide, laissant l'eau froide apaiser mes pensées tumultueuses. L'idée de Marine, toujours présente, pesait lourdement sur mes épaules. Je savais que ce que nous faisions ici, ce matin, ne resterait pas privé. Il y aurait des répercussions, des attentes. Et dans ce jeu de pouvoir, les sentiments personnels avaient peu de place.

En revenant, je vis Orane se préparer, sa silhouette se dessinant à travers la serviette qu'elle portait. Cette vision éveilla en moi des désirs conflictuels, un mélange de sincérité et de stratégie. Nous nous habillons en silence, chacun plongé dans ses pensées. Lorsque nous quittons son appartement, le poids de ce que nous venions de partager se fit sentir encore plus fort.

En arrivant au QG, Marine m'accueillit avec un sourire satisfait, observant chaque détail de mon apparence.

"Bonjour, Jordan. Je vois que tu portes toujours le même costume qu'hier; tu n'as pas dû beaucoup dormir," remarqua-t-elle, sa voix pleine de sous-entendus.

Je ne répondis rien, sachant que toute réaction de ma part serait surveillée et analysée.

"Ne fais pas l'innocent, Jordan," continua-t-elle, son ton devenant plus doux mais tout aussi acéré. "Tu me remercieras quand on gagnera les élections."

Ses mots résonnèrent en moi comme une promesse et une menace. Elle avait été mon mentor, mon guide dans cet univers impitoyable. Tout ce que j'avais accompli, je le devais en grande partie à ses stratégies et à son soutien. Mais maintenant, cela semblait plus complexe. Les lignes entre ce que je devais faire pour elle, pour le parti, et ce que je ressentais pour Orane, se brouillaient dangereusement.

Marine s'éloigna, me laissant avec mes pensées. Je restai un moment immobile, réfléchissant à ce qui venait de se passer et à ce qui allait se passer ensuite. Était-ce une manipulation de ma part, ou avais-je vraiment des sentiments pour Orane ? Cette question me hantait. J'avais appris à naviguer dans ces eaux troubles, à user de charme et de persuasion pour atteindre mes objectifs. Mais avec Orane, tout semblait différent.

En la regardant partir, j'étais assailli par le doute. Les sentiments que je ressentais pour elle étaient-ils réels, ou étais-je simplement un joueur dans un jeu bien orchestré par Marine ? Peut-être que la vérité se situait quelque part entre les deux, dans cette zone grise où la politique et les émotions se mêlent inextricablement. Tandis que je rejoignais la réunion, je me demandais combien de temps encore je pourrais jongler avec ces deux réalités sans qu'elles ne s'effondrent l'une sur l'autre.

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