Si Près

102 5 0
                                    

POV Jordan :

Ce débat, je m'étais pris à mon propre jeu. À chaque fois que nos regards se croisaient, une sensation étrange m'envahissait, une tension que je n'arrivais pas à comprendre. J'étais en train de ressentir quelque chose dont je ne voulais pas m'admettre. Orane avait une présence magnétique, et je ne pouvais m'empêcher de la fixer. Elle était tout aussi provocante que moi, jouant de ses répliques acerbes et de ses sourires en coin. Était-ce simplement un jeu pour elle, ou ressentait-elle aussi cette tension ?

À la fin du débat, alors que le présentateur concluait et que nous quittions le plateau, je la vis réarranger ses cheveux, un geste simple mais étrangement captivant. Elle s'éloigna du plateau et parla brièvement avec Gabriel avant de se diriger vers sa loge. Mon regard ne la quittait pas. J'étais attiré, presque hypnotisé. J'essayais de comprendre si ce jeu n'était pas devenu dangereux pour moi. Depuis notre premier débat, je ne pouvais m'empêcher de repenser à elle. J'avais presque oublié les autres opposants ; elle était devenue ma seule adversaire, mon seul centre d'attention.

Il fallait que j'essaie d'éclaircir les choses. Poussé par une impulsion irrésistible, je me rendis à sa loge. L'air hésitant, je poussai la porte et entrai, espérant trouver des réponses à mes questions. Elle était là, allongée sur le canapé, l'air détendue mais visiblement épuisée. Elle pensait qu'il s'agissait de Gabriel et demanda quelques minutes de plus. Je restai silencieux. Lorsqu'elle ouvrit les yeux et me vit, elle se redressa, surprise.

Elle lança avec une pointe d'humour : "Vous avez une petite faim Monsieur Bardella ?"

Je restais là, figé, ne sachant pas quoi dire. Mon silence devenait lourd, presque tangible. Je me rapprochai d'elle, attiré par sa présence comme un papillon par la lumière. Je pouvais sentir son parfum doux et fruité, une senteur qui ajoutait à mon trouble. Mon cœur battait plus vite, mes pensées se mélangeaient.

Elle reprit, sur un ton moqueur mais aussi intrigué : "Le débat vous a tant chamboulé que ça ?"

Je ne répondis toujours pas, me rapprochant dangereusement d'elle. Chaque pas réduisait la distance entre nous, augmentant cette tension presque palpable. Je pouvais sentir son souffle sur ma peau, et tout ce que je voulais faire à cet instant, c'était l'embrasser. Cette proximité, cette chaleur, cette tension - tout en elle m'attirait irrésistiblement. Mais je ne pouvais m'avouer cela.

Nos regards étaient ancrés l'un dans l'autre, créant un moment suspendu dans le temps. Je savais qu'elle ressentait quelque chose aussi. Mais la réalité de notre situation - deux adversaires politiques, issus de partis radicalement opposés - rendait tout cela encore plus compliqué. Cette attraction interdite, presque dangereuse, rendait chaque interaction encore plus intense.

Finalement, avec un effort immense, je me retins. Je me retirai lentement de la pièce, laissant le silence régner. Je quittai la loge sans un mot, la laissant là, avec ses propres émotions tourbillonnant autour d'elle. Moi-même, j'étais plus que perturbé. Cette femme, cette adversaire, éveillait en moi des sentiments que je ne pouvais pas ignorer, mais que je ne pouvais pas non plus admettre. La situation devenait de plus en plus complexe, et je savais que ce n'était que le début d'un jeu bien plus dangereux que nos simples joutes verbales sur le plateau.

Malheureusement, nous nous retrouvons à attendre nos voitures respectives. Nos regards se croisent, mais sont fuyants, incertains, comme si nous cherchions un refuge dans l'indifférence. Cette proximité imposée réveille en moi une tourmente que je ne peux me permettre de ressentir. Elle se tourne alors vers moi, brisant le silence.

"À quoi jouez-vous, monsieur Bardella ? Je ne comprends pas."

Sa voix est ferme, mais je décèle une pointe de confusion. Mon cœur bat plus vite, mais je ne dois rien laisser transparaître. Je réponds froidement, presque trop vite.

"Je ne joue à rien, Madame Hoarau. Peut-être que vous interprétez mal la situation."

Elle fronce légèrement un sourcil, sceptique, mais avant qu'elle ne puisse répondre, Gabriel Attal arrive. Je respire un peu plus facilement. Ma voiture est là. Je monte rapidement, cherchant à fuir cette confrontation.

À travers la vitre teintée, je l'aperçois. Elle sourit à Gabriel et discute avec lui. Une étrange sensation de malaise m'envahit, ce qui me trouble davantage. Pourquoi est-ce que cela me dérange autant ?

Je m'adosse au siège, essayant de rationaliser.

C'est une mauvaise passe, rien de plus. Une mauvaise interprétation de ce que je ressens.

Je ferme les yeux un instant, espérant que ces émotions conflictuelles s'évaporeront avec le temps. Mais au fond de moi, je sais que ce ne sera pas aussi simple.

Passions et Politique Où les histoires vivent. Découvrez maintenant