en face de moi

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POV Jordan :

Le débat avec Gabriel Attal approchait, et je sentais la tension monter. Ce genre de confrontation, je les avais vécues des dizaines de fois. Mais ce soir-là, c'était différent. Pas à cause de Gabriel, que je connaissais bien, mais à cause de la présence d'Orane. Depuis notre rapprochement, une nouvelle dynamique s'était installée entre nous. Je la percevais, la ressentais à chaque échange, à chaque regard. C'était subtil, mais suffisant pour changer la donne.

Avant que nous ne montions sur le plateau, j'avais eu l'occasion de parler avec elle brièvement. Rien de vraiment important, juste quelques mots échangés sur le ton de la plaisanterie, une manière de détendre l'atmosphère avant le direct. Mais quelque chose dans son regard, dans la façon dont elle me souriait, m'avait frappé. Il y avait une chaleur, une douceur que je n'avais pas vu depuis longtemps.

« Bonne chance, Jordan, » m'avait-elle dit avec un sourire espiègle avant que nous nous séparions.

« Merci, » avais-je répondu, essayant de garder mon calme alors que je sentais cette complicité grandir entre nous.

Nous avions échangé un dernier sourire avant de rejoindre nos places respectives, et ce simple geste m'avait suivi jusqu'à ce moment où je me trouvais debout, en face de Gabriel, prêt à entamer le débat.

Je pouvais voir Orane en coulisse, juste derrière Gabriel. Elle était concentrée, son regard oscillant entre Gabriel et moi, et pourtant, de temps en temps, nos regards se croisaient. Ce contact visuel, aussi furtif soit-il, me troublait plus que je ne voulais l'admettre. Il y avait quelque chose dans la façon dont elle me regardait, un mélange de soutien et de... tendresse, que je ne pouvais ignorer.

Le débat commença. Gabriel était, comme toujours, incisif, précis dans ses arguments. Je me concentrai sur ses mots, sur la réplique que je devais lui opposer, mais une partie de mon esprit restait inévitablement attirée par Orane. Chaque fois que je jetais un coup d'œil en direction de Gabriel, je la voyais, juste derrière lui, ses yeux posés sur moi. C'était déstabilisant, et je me surprenais à perdre le fil de mes pensées à plusieurs reprises.

Je savais que je devais rester concentré, que je ne pouvais pas me permettre de faiblir. Mais le souvenir de notre dernière soirée, de ce moment suspendu dans le temps, revenait sans cesse me hanter. Et puis, il y avait ce sourire, celui qu'elle m'avait offert avant que nous ne commencions. Un sourire qui semblait me dire qu'elle était là, avec moi, d'une manière ou d'une autre.

Gabriel venait de poser une question directe, une de celles qui nécessitaient une réponse rapide, incisive. Je sentis mon cœur s'accélérer, ma bouche s'ouvrir pour répondre, mais mes pensées étaient encore embrouillées par Orane, par sa présence silencieuse mais écrasante.

Il y eut un moment de flottement. Juste une seconde, peut-être deux, où je sentis que je perdais pied. Mais c'était suffisant pour que je voie le regard de Marine se durcir, prête à intervenir si je ne reprenais pas rapidement le contrôle de la situation.

Je me forçai à me recentrer, à repousser ces pensées troublantes, et à me concentrer sur le débat. « Monsieur Attal, c'est bien joli tout ça, mais ce que vous oubliez de mentionner, c'est que... » Ma voix reprit son assurance habituelle, mon esprit retrouvant sa lucidité. Je vis Gabriel plisser les yeux, signe qu'il savait que je revenais dans la course.

Mais même en retrouvant mon aplomb, je ne pouvais m'empêcher de sentir le regard d'Orane sur moi. Je savais qu'elle m'observait, qu'elle voyait cette lutte intérieure que je tentais de dissimuler. Et dans ce regard, je découvrais une forme de compréhension, comme si elle savait exactement ce que je ressentais, comme si elle traversait le même tumulte.

Le débat se poursuivit, les échanges devenaient plus tendus, mais je parvins à tenir bon. Gabriel, malgré toute sa verve, ne réussit pas à me faire dérailler à nouveau. Je savais que Marine était soulagée, qu'elle voyait en moi le Jordan qu'elle connaissait, celui qui ne se laisse jamais déstabiliser. Mais elle ne savait pas que, sous la surface, c'était un autre combat que je menais.

Le direct se termina, et alors que les caméras s'éteignaient, je relâchai enfin la tension. Gabriel se leva pour serrer la main de ses adversaires, et je l'imitai, parvenant à échanger quelques mots courtois malgré l'intensité du débat. Mais mon regard cherchait Orane, qui restait en retrait, souriant légèrement.

Quand nos regards se croisèrent de nouveau, je vis qu'elle avait tout compris. Ce sourire était un mélange de fierté et de taquinerie. Elle s'approcha lentement, alors que je finissais de saluer les autres participants. Lorsque nous fûmes enfin seuls, juste à l'écart des autres, je ne pus m'empêcher de sourire à mon tour.

« Alors, c'était comment ? » demandai-je, feignant l'indifférence.

Elle haussa un sourcil, amusée. « Tu t'en es bien sorti... malgré un léger moment de flottement. »

Je ris doucement, reconnaissant l'allusion. « C'est à cause de quelqu'un qui m'observait trop intensément. »

Elle sourit en coin, ses yeux pétillant d'une lueur complice. « Ah, alors c'est ma faute si tu as failli te faire dévorer par Gabriel ? »

Je ris doucement. « Peut-être bien. »

Elle se pencha légèrement vers moi, son ton devenant un peu plus doux. « Alors je ferai attention la prochaine fois... Ou pas. » Elle me lança un regard espiègle, avant d'ajouter, presque en murmure : « En tout cas, j'ai bien aimé te voir te battre. »

ne répondit rien d'autre, mais son regard en disait long. Nous restons ainsi, un instant de plus, dans ce moment suspendu où tout semblait possible, où le reste du monde n'avait plus vraiment d'importance. Puis, doucement, elle hocha la tête.

« Je suppose qu'on se revoit demain ? » demanda-t-elle finalement, brisant la magie du moment avec une simplicité déconcertante.

« Oui, demain, » acquiesçai-je, mon sourire ne quittant pas mes lèvres.

Alors qu'elle s'éloignait, je sentis un étrange mélange de satisfaction et de désir. Le chemin que nous empruntions était encore incertain, mais pour la première fois depuis longtemps, je n'avais plus peur de ce que l'avenir nous réservait. Il y avait cette connexion, cette complicité retrouvée, qui ne demandait qu'à grandir. Et je savais que, quoi qu'il arrive, j'étais prêt à avancer, avec elle, pas à pas.

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