Trouver des réponses

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Depuis notre dernière conversation, Jordan était resté discret, mais je pouvais percevoir une certaine sérénité chez lui. En public, il maintenait une façade stricte et professionnelle, conforme aux attentes de Marine et de la campagne. Cependant, en privé, il était plus doux, presque vulnérable, comme s'il cherchait refuge dans notre relation. Ce contraste constant m'inquiétait et éveillait ma curiosité. Je voulais comprendre ce qui se passait vraiment, ce qui se jouait derrière les sourires et les discours politiques.

Après un autre débat public, j'ai senti que c'était le moment de découvrir la vérité. Mon cœur battait à tout rompre lorsque je m'approchai de la loge de Marine, où je savais que Jordan se trouvait. Je me postai discrètement près de la porte, tendant l'oreille. Marine semblait féliciter Jordan, mais ses paroles prenaient rapidement un ton plus insidieux. Elle parlait de moi, de manière détachée, comme d'un pion sur un échiquier. Je n'entendais pas clairement les réponses de Jordan, mais sa voix basse et mesurée trahissait une certaine réticence. Il n'était visiblement pas à l'aise avec les manœuvres qu'elle suggérait.

Marine évoquait l'idée de me "manipuler" pour le bien de la campagne, comme si notre relation n'était qu'une stratégie parmi d'autres. Mon cœur se serra à cette pensée. Soudain, j'entendis Jordan hausser légèrement le ton, une rare marque d'agacement de sa part. Les pas se rapprochant de la porte me firent reculer précipitamment. Je me glissai dans ma loge, juste à temps pour éviter d'être vue.

Quelques instants plus tard, j'entendis des pas dans le couloir. C'était Jordan. Prenant une profonde inspiration, je sortis pour l'intercepter. "Comment ça va toi ?" demandai-je doucement, essayant de capter son regard.

"Je suis épuisé," répondit-il, en se frottant le visage de ses mains, révélant toute la tension qui pesait sur lui. Il avait l'air accablé, perdu entre des obligations contradictoires.

"Viens chez moi ce soir, on pourra en discuter tranquillement," proposai-je, espérant le convaincre de s'ouvrir davantage.

Il secoua la tête, l'air résigné. "Non, ça ira. J'ai encore beaucoup à faire." Je savais qu'il ne disait pas toute la vérité, qu'il se sentait piégé par des forces qu'il ne pouvait contrôler. Mais dans ses yeux, j'apercevais cette étincelle, un mélange de désir et de lutte intérieure.

Soudain, la porte de sa loge s'entrouvrit, laissant apparaître le visage sévère de Marine. Elle ne nous avait pas encore vus, mais Jordan se tourna vers elle, visiblement sur ses gardes. Profitant de cet instant, je me penchai vers lui, murmurant à son oreille avec une audace calculée, "J'ai envie que tu sois près de moi ce soir, Jordan."

Je lui pris la main, cherchant dans son regard une confirmation, un signe qu'il acceptait de se libérer, ne serait-ce qu'un moment, de l'emprise de Marine. Il hésita, puis un faible sourire, rare et sincère, se dessina sur ses lèvres. "D'accord," murmura-t-il finalement, sous le regard furieux de Marine qui venait de nous repérer.

Je relâchai doucement sa main, lançant un regard assuré vers Marine. "À toute à l'heure, Jordan," dis-je avec un grand sourire, défiant presque. Si Marine voulait faire de notre relation un jeu de pouvoir, j'étais déterminée à ne pas lui en laisser le contrôle.

Chez moi, l'attente fut fébrile. Lorsque Jordan arriva, une vague de soulagement m'envahit. En sortant de la voiture, il sembla laisser tomber un masque, apparaissant plus vulnérable et authentique. "Je suis heureuse que tu sois là, Jordan," dis-je en lui ouvrant la porte.

Il me sourit, un sourire doux et sincère, une émotion rare ces derniers temps. Nous nous dirigeâmes vers la chambre, cherchant un moment de répit loin des intrigues et des pressions de la campagne. Nous nous allongeâmes l'un en face de l'autre, le silence remplissant l'espace entre nous. Pour la première fois depuis longtemps, il semblait qu'il n'y avait plus de barrières. Juste deux personnes essayant de se reconnecter au milieu de la tempête.

"Parle-moi, Jordan," murmurai-je, brisant enfin le silence. "Dis-moi ce qui se passe vraiment."

Il prit une profonde inspiration, et je sus qu'il allait enfin ouvrir son cœur. "C'est compliqué, Orane," commença-t-il, les mots se frayant un chemin difficilement. "Marine a des plans, des attentes... Elle pense que notre relation peut être utilisée à son avantage. Mais pour moi, ce n'est pas un jeu. Je... je tiens vraiment à toi."

Je l'écoutais attentivement, chaque mot résonnant en moi. La sincérité dans sa voix, la douleur dans ses yeux, tout cela me montrait l'étendue de son conflit intérieur. "Je sais que c'est difficile," répondis-je doucement. "Mais tu dois décider pour qui tu fais tout ça. Pour elle, pour la campagne... ou pour toi."

Il hocha la tête, visiblement touché par mes paroles. "C'est pour ça que je suis ici," dit-il enfin. "Pour essayer de trouver une réponse."

Nous restons là, en silence, laissant le poids de ses paroles flotter dans l'air. Pour la première fois depuis longtemps, je sentais que nous étions réellement connectés, partageant nos peurs et nos espoirs. Peu importe les jeux politiques, je savais que ce moment de vérité était essentiel. Il marquait un tournant, un moment où nous devions tous deux choisir notre chemin, ensemble ou séparés, mais toujours honnêtes l'un envers l'autre.

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