Regard Fuyant

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POV Jordan :

Je m'assois à côté d'Orane, la tension palpable dans l'air. Son visage est marqué par la fatigue et quelque chose de plus profond, une ombre que je n'arrive pas à discerner. Je tente de ne pas montrer mon inquiétude, même si tout en moi crie que quelque chose ne va pas. J'inspire profondément, cherchant à garder ma voix aussi calme et douce que possible.

"Qu'est-ce qu'il s'est passé, Orane?" Ma voix est un murmure, une tentative de l'encourager à s'ouvrir sans la brusquer.

Elle baisse les yeux, se tordant les mains avec nervosité. Elle semble chercher ses mots, comme si elle peinait à assembler un puzzle complexe dans son esprit. "C'est... c'est compliqué, Jordan," commence-t-elle, sa voix tremblante.

Je hoche la tête, lui laissant le temps de rassembler ses pensées. Elle prend une profonde inspiration, comme si elle se préparait à plonger dans des eaux troubles. "J'étais tellement stressée par la campagne, tu sais... Avec tout ce qui se passe, les attentes, les pressions... Et puis, avec nous... J'avais juste besoin de me retrouver seule pour réfléchir."

Je sens un nœud se former dans mon estomac. Sa voix est empreinte d'une tristesse que je ne lui ai pas souvent entendue. Elle semble lutter pour continuer, les mots se bousculant dans sa gorge.

"Je... Je me sentais submergée, et... et j'ai fait une erreur. Une grosse erreur." Elle mordille sa lèvre inférieure, ses yeux cherchant les miens avant de les fuir à nouveau. "Je voulais juste me détendre, et j'ai pensé... j'ai pensé qu'un peu d'alcool m'aiderait à décompresser."

Ses mots me frappent comme une vague de froid. "Tu as bu?" Je demande doucement, essayant de garder une expression neutre.

Elle hoche la tête, les larmes au bord des yeux. "Oui, je sais que ce n'était pas une bonne idée, surtout avec tout le stress et la fatigue. Je ne bois presque jamais, mais... je ne sais pas, j'ai juste craqué. J'avais besoin de m'échapper, de sortir, de prendre l'air et me vider la tête."

Je fronce les sourcils, une question me brûlant les lèvres. "Pourquoi tu te sentais piégée? Qu'est-ce qui t'a poussée à sortir?"

Elle semble hésiter, ses mains tremblantes jouant avec le bord de sa couverture. "C'est... c'est tout. La campagne, les attentes, les critiques... J'avais l'impression de suffoquer. Tout le monde me regarde, attend quelque chose de moi. Et avec nous... je ne voulais pas te rajouter des soucis. Je ne voulais pas être un poids."

Son regard se détourne, fixé sur un point invisible. Sa voix est basse, presque un murmure. "Je ne réfléchissais pas correctement. J'ai pris le volant, pensant que ça m'aiderait à me changer les idées, mais... l'alcool et la fatigue... C'était stupide, je le sais."

Il y a quelque chose qui ne colle pas. Ses mots sont cohérents, mais son ton, ses pauses, l'hésitation, tout cela me donne l'impression qu'elle me cache quelque chose. Je l'observe, cherchant des signes qui pourraient m'éclairer. Elle semble si fragile, comme si elle pouvait se briser à tout moment.

"Je comprends que tu sois stressée," dis-je doucement, essayant de la rassurer. "Mais tu sais que tu peux toujours me parler, non? Tu n'as pas à tout affronter toute seule."

Elle hoche la tête, ses yeux brillants de larmes non versées. "Je sais, Jordan. C'est juste que... parfois, c'est trop. Tout est trop. J'avais besoin de fuir, de respirer." Elle déglutit difficilement, comme si chaque mot était un poids qu'elle devait expulser.

Le silence qui s'installe est lourd, oppressant. Je sens qu'il y a plus à cette histoire, que quelque chose de sombre et de complexe se cache derrière ses paroles. Mais je ne veux pas la presser, pas maintenant. Elle a l'air si vulnérable, si perdue. 

"Je suis là pour toi, Orane," dis-je finalement, posant une main douce sur la sienne. "Quoi qu'il arrive, tu peux tout me dire. Je veux t'aider."

Elle me regarde enfin, et dans ses yeux, je vois une tempête d'émotions : la peur, la tristesse, la confusion. "Merci, Jordan," murmure-t-elle, sa voix brisée. "Je... j'apprécie vraiment."

Je serre sa main, essayant de lui transmettre toute la chaleur et le soutien que je peux offrir. Mais le doute persiste. Ses explications, bien que plausibles, ne dissipent pas entièrement mes inquiétudes. Quelque chose d'invisible, d'insondable, semble se tapir dans l'ombre de son récit. Je lutte contre l'envie de la bombarder de questions, de comprendre ce qui la tourmente réellement.

"Prends ton temps," dis-je doucement, cachant mon trouble. "On peut en parler quand tu te sentiras prête."

Elle acquiesce, un léger sourire triste effleurant ses lèvres. "D'accord," répond-elle simplement.

Je sens une boule dans ma gorge, l'impression d'être impuissant face à son malaise. Je veux la protéger, la rassurer, mais comment le faire quand elle ne me dit pas tout? Je dois accepter de ne pas tout savoir pour l'instant, espérer qu'elle se confiera davantage quand elle se sentira prête. Pour l'instant, je reste là, à ses côtés, prêt à la soutenir de toutes les manières possibles, même si une part de moi reste inquiète et incertaine.

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