Passions et Politique

Nolwenn

POV Jordan :

Assis dans mon bureau, j'observais le crépuscule teinter le ciel d'une lumière douce et rosée, une rare accalmie dans le tumulte de ces derniers jours. La relation entre Orane et moi avait pris une tournure inattendue, une intensité que je n'avais pas anticipée. Pourtant, alors que je me perdais dans mes pensées, le vrombissement de mon téléphone brisa cette quiétude. C'était Marine. Une convocation expresse pour une réunion de crise. Je savais que cette discussion ne serait pas facile. Je pris une profonde inspiration et me dirigeai vers son bureau.

En entrant, je fus accueilli par le visage fermé de Marine, son regard acéré planté dans le mien. Elle ne perdit pas de temps à entrer dans le vif du sujet.

"Jordan, que penses-tu que tu fais ? Cette histoire avec Orane... Tu mets en péril tout ce pour quoi nous avons travaillé."

Je restai silencieux un moment, mesurant mes mots. "Marine, Orane et moi sommes adultes. Ce que nous faisons en privé ne devrait pas être ton problème ni celui du parti."

Elle soupira, exaspérée, puis se leva et se dirigea vers la fenêtre, fixant le paysage urbain. "Ne sois pas naïf. Tu sais aussi bien que moi que dans ce milieu, il n'y a pas de vie privée. Chaque geste, chaque murmure est scruté et jugé. Et là, les rumeurs vont bon train. Des journalistes se posent des questions, et certaines figures du parti commencent à s'inquiéter. Ils disent que ta relation avec Orane pourrait nuire à notre image."

Je serrai les poings, une frustration sourde montant en moi. "Et que proposes-tu, alors ? Que je cesse de la voir pour sauver les apparences ?"

Marine se tourna vers moi, un sourire glacé aux lèvres. "En quelque sorte, oui. Mais nous devons être plus subtils que cela. J'ai pensé à quelque chose qui pourrait apaiser les esprits et dissiper les rumeurs."

Je fronçai les sourcils, méfiant. "Qu'est-ce que tu as en tête ?"

"Nous devons redorer ton image, montrer que tu es un homme stable, capable de maintenir des relations solides et respectables. J'ai parlé à Nolwenn. Elle a accepté de t'accompagner à l'événement caritatif de ce week-end. Sa présence à tes côtés dissipera les rumeurs sur ta relation avec Orane."

À l'évocation de Nolwenn, mon estomac se noua. Nolwenn, une ex avec qui j'avais partagé une histoire tumultueuse, mais sans l'étincelle qui animait ma relation avec Orane. Cette proposition était une manœuvre calculée, un coup médiatique pour calmer les esprits. Marine savait jouer ce jeu mieux que quiconque.

"Marine," répondis-je d'une voix tendue, "je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. Nolwenn et moi avons une histoire, certes, mais l'utiliser pour faire diversion, c'est... c'est manipulateur. Et surtout, c'est irrespectueux envers Orane."

Elle haussa les épaules, l'air indifférent. "Orane n'a pas sa place ici, Jordan. Elle est une distraction, un problème à gérer. Et toi, tu dois comprendre que notre cause est plus importante que tes... sentiments. Nolwenn est parfaite pour ce rôle. Elle est élégante, elle connaît les règles du jeu, et elle est prête à jouer le jeu pour le bien de tous."

Je sentis ma colère monter. La manipulation de Marine me révoltait, mais je savais que j'étais coincé. Elle avait raison sur un point : l'image publique était cruciale, et le parti avait des attentes. Mais je ne pouvais pas m'empêcher de penser à Orane, à sa sincérité, à notre connexion. L'idée de la blesser, de la laisser croire que je cédais aux pressions politiques, me dégoûtait.

"Et si je refuse ?" demandai-je, bien que je connaisse déjà la réponse.

Marine me regarda droit dans les yeux, son expression froide et déterminée. "Tu n'as pas vraiment le choix, Jordan. Si tu ne fais pas ça, tu risques de tout perdre. Pas seulement ton poste, mais aussi le respect du parti et du public. Nolwenn est notre meilleure option pour rétablir l'équilibre. Elle sait ce qu'elle fait, et elle est disposée à jouer le jeu. Pour ton bien."