Le regard chocolat de Dani percuta le mien, et mon cœur fit un truc bizarre lorsque je vis le sourire en coin malicieux qu'elle me décocha ; sourire qui voulait dire " je vais te manger tout cru, mon grand ". Comme à Mario Kart, quoi. Etonnant comme son regard à elle me faisait plus d'effet que le baiser que je venais d'échanger avec Julie. Etonnant ou inquiétant ?
Avant que je ne puisse approfondir la question, Dani s'était déjà installée sur mes jambes, un genou posé de chaque côté de mes cuisses, l'air très à son aise. Elle noua paresseusement les bras autour de mon cou. J'essayai d'éviter de regarder dans le décolleté de son t-shirt, mais la dentelle noire de son soutien-gorge dépassait un peu. Elle était si près, j'en avais le tournis.
Son parfum familier, une fragrance sucrée légèrement acidulée, qui me parvenait très souvent lorsqu'on étudiait côte à côte me submergea et une émotion nouvelle, intense et inconnue, m'enveloppa de la sentir me chevaucher comme ça ; Dani me sourit, un sourire destiné à moi seulement, complice, presque timide.
Elle pencha la tête et un frisson courut le long de mon échine lorsqu'elle recouvrit ma bouche de la sienne. Ses lèvres fondirent sous les miennes, tendres et agréables. J'avoue que le goût résolument sucré de son souffle accentua un peu cette sensation de vertige. Le sang cognait à mes tempes comme si j'assistais à un solo de batterie. C'était elle qui menait le baiser, avec une technique et un savoir-faire évidents, et il n'avait rien à voir avec ceux que j'avais déjà eus avec des filles du lycée.
Ma main posée sur sa cuisse remonta doucement vers sa taille et tout à coup, j'entendis son souffle se faire plus heurté. Ca me fit un tel effet que je perdis le contrôle. Ce qui avait commencé comme un baiser assez innocent se changea brutalement en quelque chose de plus enlevé, de presque sauvage. Incapable de résister à l'impulsion, je me retrouvai à happer sa lèvre entres les miennes et à la mordiller agressivement. Puis je la léchai lentement et attrapai doucement son visage entre mes mains pour l'embrasser langoureusement. C'était clairement moi qui menais maintenant. Dani émit un gémissement imperceptible, que je fus le seul à entendre et qui affola mon pouls alors qu'elle tirait sur une mèche de mes cheveux dans ma nuque. Je voulais plus d'elle, vraiment plus. Je déplaçai ma paume vers le bas de son dos, là où son t-shirt bâillait un peu, effleurant sa peau nue du bout des doigts. Je sentis Dani qui frémissait juste un peu sous ma main, et...
« Hé ! Dites, si c'est à ce point, autant que vous alliez dans ta chambre ! Râla Corentin. On a dit juste un bisou, putain ! »
Dani s'écarta légèrement de moi, le souffle court, les joues rosies. Elle me considéra avec étonnement et je déglutis, assommé par sa beauté. Ce qu'elle était belle ! Et elle avait l'air de ce qu'elle était : une nana qui venait de se faire embrasser sensuellement par quelqu'un.
Et ce quelqu'un, c'était moi.
Oh oh ! On avait franchi la limite, finalement... basculé de l'autre côté.
Je sus instinctivement que pour moi, rien ne serait jamais plus pareil maintenant que j'avais eu cette fille-là entre les bras.
Ma tutrice de maths, putain ! Ma tutrice de maths qui avait cinq ans de plus que moi, et accessoirement, presque trois diplômes de plus aussi. Le Bac, la Licence, et bientôt le Master.
Alors qu'on se dévisageait l'un l'autre, je n'en revenais pas du trouble incrédule dans ses yeux, de sa légère nervosité alors qu'elle glissait une boucle noire derrière son oreille ; tout ça à cause de moi. J'avais appris à la connaître sans qu'elle n'ait besoin de me parler, à force de la voir pour réviser, et je savais lire derrière l'écran qu'elle présentait aux autres pour se protéger.
Elle était super gênée.
« Ca avait l'air bien agréable » commenta encore Corentin, avec une ironie teintée d'envie.
Ca l'avait été. Ma main au feu qu'il espérait vraiment un petit baiser avec Daniela, lui aussi, un de ces quatre. Pff.
« Bah Coco, c'est le but du jeu, non ? » intervint Julie.
Dani se fendit d'un petit rire espiègle. Puis elle me regarda par en dessous de ses longs cils, presque avec étonnement. Comme si elle me voyait pour la première fois. Je lus dans ses yeux sombres qu'elle était un peu troublée par ce qui venait de se produire et en conçus une fierté immense, qui me troubla à mon tour. Elle se leva de mes genoux, et tout à coup, un vide m'envahit, comme si on avait arraché une part de moi.
« Alors ? Déjà embrassé une vraie femme avant moi ? »
Elle essayait de donner le change devant les autres, et de me faire croire que tout était sous contrôle.
« Tu m'excuseras mais j'ai pas changé d'avis » répondis-je en haussant les épaules.
Les deux autres gloussèrent, amusés par ma répartie. Dani fourragea d'une main dans ses cheveux noirs aux boucles vaporeuses. Puis elle me tira la langue avec malice, bonne perdante, tandis que Corentin et Julie pouffaient de rire.
Nous savions tous les deux que je venais de mentir.
C'est à ce moment précis que je sus que j'avais signé ma perte.

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L'heure bleue
Teen FictionDifficile pour Alessio de ne pas craquer pour Daniela, une étudiante qui l'aide en sciences. Elle est jolie, sûre d'elle, sexy... et surtout de cinq ans plus âgée que lui. Résultat, il a la nette et douloureuse impression de n'être qu'un gamin à s...