Daniela
Il y eut un court silence. Mon cœur battait la chamade et j'étais pétrifiée. Je retins mon souffle, la mine éperdue, la bouche sèche. Il avait tout laissé tomber pour venir me trouver ici et voilà qu'il se mettait à genoux devant moi ! Devant moi. Mon Dieu il était si beau, éploré à mes pieds comme ça, argh qu'on m'achève... Je voyais dans son regard qu'il s'en voulait terriblement, il devait même s'en vouloir plus que je ne lui en voulais, moi. Mais... c'était trop tôt, je ne me sentais pas prête à aller vers lui maintenant.
« Tiens bon » me dis-je à moi-même.
« Non, lui dis-je à lui.
─ Dani je suis rien sans toi je peux pas vivre sans toi j'ai besoin de toi t'es ma vie, je...
─ Non ! M'écriai-je, plus fort. C'est pas assez ! Tu veux que je revienne avec toi à Paris ?
─ Oui », dit Alessio en se mordant la lèvre.
Lèvre que j'avais moi-même envie de mordre.
« Alors vas-y, lance-toi. Dis-moi ce que je veux entendre. »
Je vis nettement l'expression d'Alessio se décomposer, et la nature du courant qui passait toujours entre nous changea. D'aimante elle devint soudain plus froide. Les épaules d'Alessio s'affaissèrent sous mes yeux, et la déception m'envahit, terrible, impitoyable. Ca ne pouvait rien augurer de bon, ça.
« Dani je... je...
─ Oui ? Quoi ? »
Alessio resta silencieux. Je croisai les bras sur ma poitrine, méfiante.
« J'attends, lui fis-je savoir plutôt sèchement.
─ Arrête, tu sais très bien ce que je ressens pour toi. Tout le monde le sait.
─ Non, MOI, j'en sais rien en fait, m'écriai-je, commençant à sentir la moutarde me chatouiller le nez. Putain t'as jamais rien dit de concret, t'as mis cinquante piges à officialiser... »
Alessio se redressa et se mit à crier à son tour.
« J'ai mis cinquante piges parce que je ne voulais pas qu'on se retrouve dans cette situation merdique ! Tu voulais pas attendre que je te fasse de nouveau confiance pour se mettre ensemble. Alors OK on s'est lancé mais... Je t'avais prévenue que ça risquait d'être compliqué dans ces conditions... je t'avais prévenue, mais tu m'as pas écouté.
─ Putain mais Alessio je m'en fous de tout ça ! Dis-le-moi ! Mais dis-le à la fin !
─ Je... tu... tu le sais que je peux pas te dire ça », bafouilla-t-il, l'air tout troublé, le regard empli de regrets.
Wow ! Incroyable mais vrai : son petit constat réussit à me blesser. Même si je m'y attendais, je n'avais pas conscience qu'on puisse encore avoir si mal après avoir eu aussi mal, et tout ça à cause du même mec. Ah ouais d'accord...
Il fallait que je m'éloigne de lui avant qu'il ne me tue. Il en avait définitivement le pouvoir. Et c'était à cause de moi ! Putain mais quelle conne d'être tombée amoureuse de lui. Je lui avais donné l'arme qui allait me tirer dessus. Quelle conne. Il fallait que...
Putain.
« Alors dégage ! Braillai-je en le bousculant de toutes mes forces, une fois, puis une seconde fois encore. Toute façon je ne veux plus t'aimer moi non plus ! Casse-toi ! Je veux pas voir ta sale tronche d'ange innocent là... allez casse-toi.
─ Dani... », plaida encore Alessio.
La douleur était clairement visible dans ses yeux marine. De voir qu'il avait mal me fit mal aussi, ce qui faillit me faire céder. Mais non, ça n'allait pas se passer comme ça. Non !

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L'heure bleue
Ficção AdolescenteDifficile pour Alessio de ne pas craquer pour Daniela, une étudiante qui l'aide en sciences. Elle est jolie, sûre d'elle, sexy... et surtout de cinq ans plus âgée que lui. Résultat, il a la nette et douloureuse impression de n'être qu'un gamin à s...