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   Après le boulot, je passai au kick-boxing et m'entraînai jusqu'à ne plus penser à rien. Ça me fit beaucoup de bien de me vider la tête.

« Wah, ma Dani, me dit Ulrich qui avait maintenu un punching bag pour moi. T'as de la hargne à revendre, aujourd'hui.

─ Oui, hein ? Par contre, pour la énième fois, je suis pas " ta " Dani. »

Il m'observa attentivement et m'offrit son sourire le plus redoutable. Il regarda mon corps couvert d'une fine pellicule de transpiration d'un œil alangui, s'attardant sur mon décolleté puis sur mon ventre tout plat. Je retirai mes gants.

« Ça va, tu aimes ce que tu vois ? Lui demandai-je, mi figue- mi raisin.

─ Ça va, oui. »

Je lui jetai l'un des gants à la tête et il émit un rire grave et modulé. Ulrich n'était pas exactement l'archétype du beau gosse, mais il était doté d'un charme redoutable et d'une confiance en lui à toute épreuve qui en faisaient un spécimen très apprécié de la gent féminine.

« Je te trouve un peu... différente ? Susurra-t-il ensuite. Tu as l'air contente.

─ A ce point ? Fis-je, étonnée. T'exagères.

─ Non, je t'assure. En tout cas c'est sympa de te voir épanouie comme ça. Ça t'embellit. Déjà que tu es super mignonne, de base... »

Je n'écoutais plus un traître mot. Mon esprit était ailleurs.  Contente, pas vraiment, mais j'avais eu des nouvelles d'Alessio ce matin. Rien de vraiment personnel dans son message, ceci dit.

Ulrich poursuivait son soliloque.

« C'est quand qu'on va enfin boire un verre, Dani ? Avoue que tu me désires follement ! Ne t'inquiète pas, je saurai te faire du bien, ma belle...

─ Tais-toi, Ulrich. A plus, Ulrich. »

  Je lui fis un signe distrait de la main et quittai la salle d'entraînement pour aller prendre une douche. L'eau chaude dénoua mes muscles. Avant de sortir, je lavai rapidement mes boucles. Puis je sautai dans le pull et la jupe noire que j'avais apportés comme rechange, passai mes bottes et pris le premier métro.

« Papa ! Appelai-je, la porte d'entrée à peine franchie. Y'a Alessio qui vient. Son père veut te rendre un truc, je lui ai dit de passer avant le dîner. On a quelque chose à manger, ou pas ?

─ Pas de problème, ma fille, j'ai pris à emporter de chez l'Italien en rentrant du bureau. Y'a assez pour un régiment. »

Il me parlait depuis la cuisine. Je montai les escaliers en courant, jetai mon sac de sport sur le sol de la salle de bains puis entrai dans ma chambre de jeune fille. Je consultai brièvement mon portable. J'avais reçu un message de Lisa.

« Dani, tu pars quand, déjà ? »

Je lui répondis tout en me parfumant d'une seule main.

« Je pense juste avant le colloque. Début décembre. »

Lisa me proposa de se faire une bouffe avant le voyage, je dis oui.

J'envoyai ensuite un SMS à Magali pour l'avertir que je rendais visite à mon père et n'avais pas prévu de dormir à la maison ce soir, qu'elle ne s'inquiète pas. Puis je m'observai dans le miroir de ma coiffeuse. Sur une impulsion, je pris des élastiques dans ma trousse à maquillage et me fis deux couettes, me rappelant du fameux conseil de Lisa lors de ce lointain déjeuner. Je pouffai de rire en voyant mon reflet, et touchai ma frange d'une main hésitante.

A cet instant, la sonnette retentit. Je reposai le petit flacon de parfum sur mon bureau.

« Papa, ouvre ! Criai-je.

L'heure bleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant