Daniela
Je croisai le regard d'Alessio, mais il détourna vite les yeux.
Alessio qui ne disait rien.
Il écoutait attentivement l'échange entre sa mère et moi.
Je posai doucement la main sur sa cuisse. Il ne bougea pas d'un pouce, non parce que mon toucher ne le dérangeait pas, mais parce qu'il était figé à côté de moi. Je ne l'entendais même pas respirer.
Alors je laissai tomber. J'avais perdu la bataille, je savais reconnaitre la défaite quand j'y étais confrontée. Je suppliais Alessio du regard.
« Je dois être à Rio dans plus ou moins une semaine », avouai-je, plus à lui qu'à sa mère.
La date exacte du vol n'était pas arrêtée, j'avais un billet open, mais je pensais partir le 21. Ma conférence tombait le 28 décembre.
Alessio haussa haut les sourcils et poussa une petite exclamation. Je déglutis difficilement ; il était surpris par la proximité de la date, j'imagine. Je me sentis affreusement mal, jusqu'à ce que je croise le sourire satisfait de Sophie. La colère monta en moi. C'était pas juste. De quel droit se mettait-elle entre lui et moi ? J'allais lui dire quand je me sentirais prête ! Elle n'avait pas le droit d'intervenir !
« C'est sa mère, elle a tous les droits pour protéger son fils » me souffla la voix de la raison.
Fait chier. Putain de merde !
« Quelle formidable opportunité, Daniela, commenta Sophie en posant son verre sur un sous-verre, sur la table basse rutilante. Ça va sûrement te tenir occupée un certain temps ?
─ Oui, je... peut-être une dizaine de jours, enfin... je signe de la paperasse et je reviens », murmurai-je, mentant à moitié.
Je ne voulais pas parler de ces détails-là devant elle. Il fallait d'abord que j'explique à Alessio. Seul à seule. Il était plus que temps.
Lequel Alessio ne pipait toujours pas un mot. J'étais terriblement mal à l'aise. J'avais une boule dans la gorge, qui rendait la déglutition difficile.
« Que se passe-t-il, Alessio ? poursuivit Sophie qui observait son fils, singeant la surprise. Tu l'ignorais ?
─ A vrai dire, oui. »
On aurait dit qu'on lui avait arraché ces mots de la bouche.
« Comment ça se fait, ça ? Vous n'en êtes pas déjà au stade où on se dit tout ? Pourtant, vous vivez déjà ensemble, ai-je cru comprendre...
─ Sophie », intervint sèchement Sylvain, le ton mécontent.
Ah, ça aussi, elle désapprouvait. Elle aurait sûrement aimé qu'on vive chacun chez soi. J'aurais voulu disparaître sous terre. Mes joues étaient si brûlantes qu'on aurait pu y faire frire un œuf. Putain la honte, la honte...
Je savais que je n'aurais pas dû venir.
« Bon, on passe à table ? » lança Sophie en se levant, satisfaite de son petit effet.
Je n'en avais pas très envie, vous pouvez me croire. Je savais que j'allais surtout passer à la casserole.
Dans un bel ensemble, nous nous dirigeâmes vers la salle à manger. La table était joliment dressée, dans une symétrie parfaite, recouverte d'une nappe en lin crème avec un centre de table audacieux au thème boisé. Chaque convive comptait plusieurs verres et couverts, à la française donc.
Sophie savait très bien recevoir et c'était une excellente maîtresse de maison, accueillante, courtoise, chaleureuse... quand elle n'avait pas de dent contre vous.
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L'heure bleue
Ficção AdolescenteDifficile pour Alessio de ne pas craquer pour Daniela, une étudiante qui l'aide en sciences. Elle est jolie, sûre d'elle, sexy... et surtout de cinq ans plus âgée que lui. Résultat, il a la nette et douloureuse impression de n'être qu'un gamin à s...