« Dani, franchement... c'est ni le lieu ni le moment. On en parlera plus tard, d'accord ?
─ Non ! Mauvaise réponse, Alessio ! Tu me déçois. (Je croisai les bras sur ma poitrine). Tu veux discuter de ça quand au juste ?
─ J'en sais rien. Je pensais... ce soir chez moi, par exemple. Quand on sera tranquille.
─ Tu veux dire, après m'avoir sautée une nouvelle fois, c'est ça ? M'exclamai-je d'une voix agressive et cassante. Ah mais, excuse-moi, j'avais pas réalisé que t'étais un enfoiré, un connard d'arriviste comme les autres, en fait ! Félicitations, t'es arrivé à tes fins, hier, hein ? Tu voulais tirer ton coup et puis voilà ! Vas-y, avoue-le ! »
Un éclair de colère passa dans le regard d'Alessio.
« Mais putain Dani mais ferme-la ! Qu'est-ce que tu racontes bordel ? Tu crois que je profite de toi ou quoi ?
─ Bah qui sait ?! Hurlai-je, hors de moi.
─ Non mais ça va pas ou quoi ? Rugit-il, et plusieurs passants se tournèrent vers nous, surpris. Tu vas trop loin ! Tu t'entends parler un peu ? Tu m'emmerdes, qu'est-ce qui t'arrive là à me prendre la tête comme ça ?! »
Je n'en avais aucune idée. A vrai dire, l'intensité de mon ressentiment me surprenait. Ça me fit peur. Genre très peur.
En plus, j'étais tout à fait certaine que son ex Céline n'avait jamais dû faire face à ce genre de situation trouble à la con... avec elle, il avait dû être sûr de lui dès le départ. La pensée ne fit que m'énerver un peu plus.
Nous nous affrontâmes du regard un instant. Je baissai les yeux la première et fixai mes bottines plates. Un lacet était sur le point de se défaire.
Je savais que j'exagérais, que j'avais tort. Mais c'était plus fort que moi. Je m'en voulais déjà de lui avoir menti la veille sur Raphaël. Je lui en voulais de même pas le savoir et de quand même manquer de confiance en moi. C'était... décourageant. J'avais peur de sa réaction, quand il allait l'apprendre. Tout se sait toujours un jour.
Et puis, c'était effectivement à lui d'officialiser, ce qu'on savait tous les deux ; s'il ne le faisait pas, qu'est-ce que j'étais censée comprendre, moi ?
« Dani, dit Alessio d'un ton las, plus tu réagis comme ça, moins j'ai envie d'y croire à nous deux. Arrête, putain. Je te l'ai fait comprendre que j'avais besoin de temps... chez ton père on en a parlé, ça fait même pas une semaine... pourquoi tu m'écoutes pas... Laisse-moi respirer... »
Effectivement, je n'écoutais plus rien.
« Laisse-moi respirer... » « Laisse-moi respirer... » « Laisse-moi respirer... » « Laisse-moi respirer... » « Laisse-moi respirer... »
Cette petite phrase me fit l'effet d'un seau d'eau glacée qu'on m'aurait jeté à la figure. Trois petits mots qui me permirent de mesurer l'ampleur du foutoir dans lequel je m'étais embarquée. C'est moi qui disais ça aux hommes, d'habitude ! Pas l'inverse, jamais !
Voilà que j'étais furieuse contre Alessio, et encore plus contre moi-même. Putain de bordel de merde ! J'étais devenue tout ce que je détestais, tout ce que j'avais toujours fui et abhorré : cette version flippante de moi-même qui ressemblait un peu trop à la pauvre fille désespérément amoureuse et complètement à la merci d'un mec. Y avait-il pire place au monde ?
Putain de merde, pendant huit ans j'avais tout géré toute seule. OK, j'étais célibataire, et alors ? Ce n'est pas comme si je ne m'étais pas bien amusée, hein ! Et maintenant que j'avais commis l'erreur de tomber pour Alessio, je commençais à en payer les frais... avec les intérêts.

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L'heure bleue
Fiksi RemajaDifficile pour Alessio de ne pas craquer pour Daniela, une étudiante qui l'aide en sciences. Elle est jolie, sûre d'elle, sexy... et surtout de cinq ans plus âgée que lui. Résultat, il a la nette et douloureuse impression de n'être qu'un gamin à s...