Daniela
Ni une ni deux, je refermai les battants de l'armoire, plongeai à terre et me faufilai sous le lit comme si j'avais fait ça toute ma vie. Dans ma précipitation, mon escarpin m'échappa et roula sur le sol. Merde, merde, merde ! Je le récupérai à toute allure et rabattis le bras contre ma poitrine, le cœur tambourinant comme un fou, à la seconde précise où des pas se faisaient entendre dans le salon.
« La tablette est dans la chambre » entendis-je sa voix dire.
La douleur me transperça là où mon cœur aurait dû se trouver, et je retins un gémissement plaintif. Mon pauvre cœur s'affolait dans ma poitrine d'entendre son timbre grave et bien modulé.
« Pas de souci » répondit une voix féminine, très agréable mais un peu nerveuse cependant.
Je reconnus celle de Chloé et une chape de plomb parut s'abattre sur mes épaules. Il ne semblait plus pouvoir se passer de Chloé, hein ?
La porte de la chambre s'ouvrit.
Je n'osais plus respirer.
« Il doit être par là, attends... » reprit la voix familière d'Alessio.
Statufiée, je vis ses boots Peppe Jeans traverser la pièce pour se diriger vers moi, vers le lit. Il portait un jean noir. Une paire de bottines camel à talon aiguille le suivit.
« Pas de souci, j'attends » dit la voix flûtée de Chloé, et je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel, agacée.
Elle était si docile. J'entendais dans sa voix toute l'affection qu'elle lui portait et ça me donnait envie de vomir.
Elle voulait ma place encore chaude, ça ne faisait pas un doute ; le titre de petite amie d'Alessio.
J'entendais Alessio chercher parmi le fatras sur sa table de nuit. L'espace d'un instant, il parut hésiter, comme si quelque chose dans la pièce lui semblait bizarre, peu familier. Merde. Merde. Avait-il compris que certaines de mes affaires avaient disparu ?!
« Ca ne va pas ? » l'interrogea Chloé, le ton hésitant.
Je vis ses chaussures se rapprocher de celles d'Alessio et me mordis la lèvre pour ne pas hurler. Elle était probablement en train de lui toucher gentiment le bras.
Le pire était sûrement qu'il se laissait faire, putain.
In-su-por-ta-ble.
« Si si, ça va », répondit Alessio, et au ton de sa voix, je compris qu'il lui faisait un sourire.
Si seulement il pouvait me sourire, à moi.
« Tiens, il est là, le stylet qui va avec la tablette, ajouta gentiment Alessio. Je pense que tu auras pas de problèmes avec celui-ci.
─ Merci beaucoup, Alex, dit Chloé, l'air ravi. J'espère que mes dessins seront meilleurs maintenant ! Haha !
─ J'en doute pas, va. Tu veux quelque chose à boire ?
─ Oh non, merci. Les autres nous attendent, on ferait mieux de repartir, qu'est-ce que tu en dis ?
─ Ouais, on devrait y aller ».
Alessio s'éloigna vers la porte et Chloé le suivit une fois de plus. Je me rapprochai du bord du lit.
« Paul sera pas content, il avait dit qu'on devait se retrouver à 16 heures... poursuivait la voix d'Alessio, moins audible maintenant qu'elle me parvenait du salon.
─ C'est pas grave, il est rarement à l'heure lui-même de toute façon » rit Chloé.
En effet, j'avais moi-même reçu un message sur FB pour un pot à 16h au Kaziski Jolie. Je l'avais ignoré. Je ne sais pourquoi, mais je n'avais pas envisagé qu'Alessio s'y rendrait, lui.

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L'heure bleue
Teen FictionDifficile pour Alessio de ne pas craquer pour Daniela, une étudiante qui l'aide en sciences. Elle est jolie, sûre d'elle, sexy... et surtout de cinq ans plus âgée que lui. Résultat, il a la nette et douloureuse impression de n'être qu'un gamin à s...