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J'entendais son cœur battre sous mon oreille. Je traçais des arabesques invisibles le long de ses côtes, du bout des doigts. J'y déposais des baisers. Et des miettes de biscuit. Je passai la langue sur la peau de son flanc pour les aspirer. Ca le fit rire, et je sentis son corps vibrer sous le mien. Je souris et levai les yeux vers lui.

« Hey, Dani, tu prends la pilule ? » Me demanda Alessio en croisant mon regard.

J'étais affalée sur lui et j'avais la tête posée sur son torse et il me caressait distraitement les cheveux et j'étais heureuse, putain. On grignotait des biscuits salés. De ma main libre, je surfais sur mon portable.

J'avais un peu de mal à me concentrer sur ce que je lisais. Ses mains dans mes boucles envoyaient de délicieux petits frissons courir le long de ma colonne vertébrale.

« Oui, répondis-je. C'est parce que j'ai des règles hyper douloureuses... du coup le doc me l'a prescrite.

— Wow, glamour !

— Tu me poses une question, je réponds... Sois pas relou.

— Bon. Tu voudrais pas le faire sans capote ? » Proposa Alessio en passant la main sur ma nuque, puis entre mes omoplates.

Il la fit doucement courir jusqu'à mes reins.

« Au cas où tu te poserais la question, tout va bien pour moi ; j'ai fait un test le mois dernier.

— Tout va bien pour moi aussi, dis-je en haussant les épaules. Mais tu sais, normalement je le fais toujours avec. »

J'avais ajouté ça juste pour l'embêter. Alessio n'était pas un parfait inconnu croisé en boîte de nuit. Evidemment que ça ne me dérangeait pas de virer le présa. Je sentis que ma réponse le contrariait et pouffai de rire.

« C'est juste que... » Commença Alessio, l'air frustré.

Abaissant mon portable, je le regardai avec amusement. Lui me considérait d'un air boudeur, presque indigné. On aurait dit un petit garçon, de nouveau. Trop chou.

« Pourquoi tu me fais ça ? Je veux pouvoir te sentir vraiment. Je veux rien entre nous. Je t'... je veux dire, je te veux trop pour ça », bafouilla Alessio avec maladresse.

« OK. Pas de prob mon loup », dis-je simplement.

Hum... ne s'apprêtait-il pas à dire... autre chose ?

Je reportai mon attention sur mon écran. Il était déjà presque 1 heure du matin. Normalement, je devais rentrer avec le train de 10 heures et prendre mon service à 11 heures à Starbucks le lendemain dimanche. Là j'allais pouvoir faire la grasse matinée, mais aucune chance que j'échappe au boulot.

« J'ai une autre question, m'apprit Alessio après un petit silence. Tu n'es pas obligée de répondre, si ça te gêne.

— Vas-y. Tu peux me demander tout ce que tu veux, Alessio.

— Depuis quand ? Je sais que tu n'aimes pas trop parler de toi.

— Tu devrais aussi savoir qu'avec toi, c'est pas pareil. »

Il hésita, et ses mains s'immobilisèrent de part et d'autre de ma taille.

« Est-ce que Rubén et moi... enfin... pour toi... tu m'as dit deux fois qu'on se ressemblait beaucoup... alors je me demandais si... »

Je le vis déglutir. Il était comme incapable de poursuivre. Je compris immédiatement ce qu'il voulait dire. Je savais que la conversation chez mon père l'avait affecté, et que ça n'avait pas été facile pour lui de m'entendre parler en des termes aussi élogieux de mon grand amour.

L'heure bleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant