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Daniela


  Le lendemain, 16 décembre, c'était mon dernier jour à Starbucks. On fit un pot avec les collègues.

« Tu nous manqueras, Soares » dit Pierre, les yeux brillants.

Je lui tendis la main pour qu'il la serre, mais il rit et m'attira dans ses bras, à ma grande surprise. Cet ours mal léché se révélait bien plus sentimental que je ne l'avais cru...

« Prends soin de toi petite Dani » me glissa-t-il à l'oreille en me tapotant maladroitement le dos.

Tout le monde s'était donné le mot, ou quoi ?

« Merci » lui dis-je en réussissant à esquisser un sourire, le tout premier depuis la patinoire.

Il me fit un clin d'œil.

« On te revoie quand ?

─ Je ne sais pas, répondis-je, pince-sans-rire. Je dois dire que j'ai eu ma dose de café Starbucks, hein. Je serais toi, je miserais pas avant l'an prochain.

─ Coquine. N'empêche, tu dis ça, mais je te signale que l'an prochain, c'est dans quinze jours. »

A 13 heures piles, j'étais fin prête à partir. Je dis au revoir à toute l'équipe et sortis sans un regard en arrière. L'ère Starbucks était révolue pour moi, sans regrets. Elle m'avait appris bien des choses. Ca avait été une expérience tout à fait enrichissante... mais c'était du passé, dorénavant.

Lisa m'attendait juste devant le café, un énorme sourire sur le visage.

« Félicitations ! » rit-elle en me sautant au cou.

Je la serrai fort dans mes bras et inspirai à fond son odeur familière. J'étais très contente qu'elle soit là. Elle était montée à Paris juste pour me dire au revoir avant mon voyage.

« On va déjeuner ? Lança Lisa en posant son bras autour de mes épaules.

─ Yup, dis-je. C'est parti ».

Dans la voiture, sur le trajet vers le restaurant, je l'écoutai babiller joyeusement, en silence. Lorsqu'elle me posait une question, je répondais par une autre question pour qu'elle se remette à parler, parler. Son discours me berçait et m'empêchait de penser. A la bonne heure.

Au restaurant, nous fûmes rejointes par sa sœur Caro, de deux ans son aînée. Elle était enceinte jusqu'aux yeux, resplendissante, rayonnante. Je la regardai et me demandai si je connaîtrais ça un jour, si j'arriverais jamais à... avoir une relation suffisamment saine et profonde avec un homme pour... moi aussi, devenir mère. J'en mourrais d'envie, à ma grande surprise. J'étais contente de voir Caroline dans cet état. Je trouvais que la grossesse lui allait à ravir.

« Ca va, pas trop fatiguée ? demanda Lisa à sa sœur, le ton bienveillant.

─ Pas fatiguée. Affamée.

─ Huhu, je vois ! Je vous invite, les filles, alors faites-vous plaisir. Commandez TOUT ce que vous voulez ».

Je n'avais pas besoin d'ouvrir le menu pour savoir que je n'avais pas faim. Toujours pas faim. J'avais l'estomac tellement noué...

« Je prendrai une salade César », annonçai-je sans conviction aucune au serveur lorsqu'il se présenta.

Lisa commanda une pizza Reine, et Caroline des Lasagnes végétariennes. Lorsque le plat arriva, les filles riaient et parlaient gaiement entre elles. Je picorais dans mon assiette. Je piquai une tomate cerise avec ma fourchette, la mâchai lentement et la fis passer avec un peu d'eau. Je vis que Lisa m'observait attentivement du coin de l'œil mais fis comme si je n'avais rien remarqué.

L'heure bleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant