Alessio
Lorsque je sortis du métro, près de quarante-cinq minutes plus tard, il pleuvait des cordes. Tout le monde courrait se mettre à l'abri. Le temps d'arriver sur le campus, j'étais trempé comme une soupe. J'allais entrer dans le bâtiment d'économie lorsque je repérai Dennis sous le porche, en grande discussion avec Chloé. Ils avaient tous deux des gobelets de café fumants à la main et riaient. Je me dirigeai vers eux :
« Hé ! Salut. »
Chloé se tourna vers moi avec un grand sourire, une cigarette entre l'index et le majeur. Elle portait une robe jaune qui, au lieu de jurer avec ses cheveux blonds, bizarrement les mettait en valeur. Ce jour-là, elle les avait réunis en une jolie tresse qui serpentait sur son épaule. J'échangeai notre salut habituel avec Dennis en frappant deux fois dans sa paume, avant de faire la bise à Chloé. Son parfum me parvint, toujours le même : une fragrance chaude et sucrée, avec des accents de vanille, que j'avais toujours trouvée bien agréable.
« C'est maintenant que t'arrives ? me lança Dennis avec humeur. On devait réviser avant le cours, je te signale.
─ Roh désolé, j'ai pas vu le temps passer... je t'ai écrit un SMS pour te prévenir quand même ! Et puis ça va, je suis à l'heure, on a le temps... Le cours commence que dans quinze minutes.
─ Ouais bah, heureusement que je t'ai pas attendu hein ! »
Sur ce, il s'éloigna un peu pour passer un coup de fil. Je fis une note mentale : me faire pardonner cet écart en lui offrant un verre bientôt. C'était pas de sa – ma - faute si le temps passait à toute vitesse quand j'étais avec Dani...
« Hé, toi. Pourquoi t'es pas venue déjeuner avec tes parents, dimanche dernier ? Lançai-je à l'adresse de Chloé, un léger ton de reproche dans la voix.
Elle me fixait de ses grands yeux bleus en souriant.
« Sorry ! J'étais occupée ! J'avais déjà des plans. Ma mère a insisté pour que je vienne, en plus.
─ Pas assez, apparemment...
─ Ohhh, Alex, mais boude pas ! Tu sais bien que je serais venue si j'avais su que tu serais présent. T'aurais dû m'envoyer un message pour me le dire. »
Chloé était la seule personne au monde à me donner ce diminutif, qu'elle avait pris « d'Alexis », arguant au culot que la version française de mon prénom m'allait mieux de toute façon. A force, je m'y étais habitué.
« C'était trop tard quand je m'en suis rendu compte, répliquai-je en lui piquant sa clope pour tirer une taffe. Franchement j'avais zappé que tes parents devaient venir manger ce jour-là ! Tu faisais quoi, toi ?
─ Dimanche... bah j'étais au club, comme tous les dimanches, et cette fois j'avais un match de tennis après un brunch... bien barbant, mais bon, que veux-tu ? D'ailleurs, on joue quand, toi et moi ?
─ Aucune idée. Je t'ai déjà dit que j'étais meilleur au badminton... je me démerde au tennis, mais tu me mettrais une bonne raclée, je crois. Pas trop envie de voir ça, tu m'excuseras... »
Chloé pouffa de rire, et je me sentis bêtement fier de moi. Elle avait un joli rire, très musical.
« Au fait, il est quand ton prochain cours ? Demandai-je.
─ Dans une heure... et le tiens ?
─ Bah c'est le même que Dennis, donc dans dix minutes. »
Chloé était en M1 d'éco, soit un niveau au-dessus. On se croisait souvent sur le campus, et quand ça arrivait, on ne manquait jamais d'échanger deux mots. Elle mangeait souvent avec moi, Dennis et Jules. Si je l'appréciais beaucoup, ma mère l'adorait, en revanche. Elle était très contente qu'on s'entende si bien ; elle rêvait de nous voir ensemble, et ne s'en cachait absolument pas. La fille d'un sénateur, pensez-vous !

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L'heure bleue
Dla nastolatkówDifficile pour Alessio de ne pas craquer pour Daniela, une étudiante qui l'aide en sciences. Elle est jolie, sûre d'elle, sexy... et surtout de cinq ans plus âgée que lui. Résultat, il a la nette et douloureuse impression de n'être qu'un gamin à s...