Je sentis aussitôt mes joues s'enflammer mais ne baissai pas les yeux.
Putain, ça m'avait échappé ! A cet instant précis j'eus le sentiment de lui avoir tout donné, mon corps, mon cœur, mon âme, tout. Il ne restait rien que Daniela Soares ne partageât avec lui.
Quelque chose passa dans le regard d'Alessio, trop vite pour que j'aie le temps de décrypter quoi. Du triomphe, je crois. Pas sûre. Alors qu'il m'attirait à lui pour m'embrasser, je remarquai bien qu'il ne répondait pas à ma déclaration. Mes mains se mirent aussitôt à trembler pour évacuer le stress intense que ça faisait monter dans ma poitrine. Je les planquai dans les poches de ma jupe.
C'est moi qui rompis le baiser. Les questions se pressaient sur mes lèvres.
« Est-ce que tu le savais ? Demandai-je en regardant par la fenêtre, pour me donner une contenance.
─ Heu, ouais, je le savais.
─ Ah. Depuis quand ?
─ ... Ben... ça fait longtemps. J'ai eu des doutes assez vite après qu'on se soit revu à vrai dire, mais en fait je l'ai vraiment compris le jour où tu étais malade et que tu m'as embrassé dans ta chambre.
─ Comment t'as pu comprendre ça ?! C'était juste un baiser.
─ Ouais mais à l'époque tu savais pas qui était Viola pour moi, et tu t'es lancée quand même. Ca m'a surpris. Je te connais, c'est pas ton genre d'aller draguer un type qui a une copine. Du coup ça m'a paru plutôt évident... C'était soit t'en pinçais pour moi, soit tu avais pris trop de sirop contre le mal de gorge, alors bon, j'ai penché pour la première option. »
Son manque de réaction me tuait. Je fixais toujours le paysage au dehors. J'étais vachement surprise qu'il m'ait percée à jour depuis aussi longtemps. Il avait quasiment toujours su, et ça l'avait pas empêché de me repousser X nombre de fois.
Alessio m'obligea à tourner la tête vers lui en saisissant mon menton dans sa main.
« J'ai peur » lui dis-je avant même qu'il n'ouvre la bouche.
Il parut surpris.
« De quoi t'as peur, Dani ? »
Je déglutis sans le quitter du regard.
« J'ai peur de toi. Du pouvoir que t'as sur moi. J'ai peur de te perdre. J'ai peur que tu me fasses mal. »
De toute ma vie, je n'avais jamais été aussi honnête avec lui qu'en cet instant.
« Mais non, Dani... on est ensemble maintenant, ça va aller. Je ferais n'importe quoi pour toi... pour te voir heureuse. On va y arriver tous les deux. »
Il déposa un baiser dans mes cheveux, puis sur ma tempe, ma joue. Je me mis à rire lorsqu'il me chatouilla brièvement et lui jetai un regard d'avertissement. Il savait bien que j'aimais pas les chatouilles !
A l'extérieur, tout était calme. Il avait finalement commencé à neiger. Le bus ralentit pour s'arrêter à l'arrêt suivant.
« Tu sais tout à l'heure, quand je t'ai vu sur la scène...
─ Hum ?
─ Ben, ça m'a vraiment fait penser à Rubén en plein concert » avouai-je.
A ces mots, l'expression d'Alessio changea du tout au tout. Son visage se ferma, et la nature tendre du courant qui passait entre nous se modifia pour se faire de glace. A ma grande surprise, il retira le bras qu'il avait posé sur mes épaules plus tôt et me repoussa.

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L'heure bleue
Genç KurguDifficile pour Alessio de ne pas craquer pour Daniela, une étudiante qui l'aide en sciences. Elle est jolie, sûre d'elle, sexy... et surtout de cinq ans plus âgée que lui. Résultat, il a la nette et douloureuse impression de n'être qu'un gamin à s...