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Daniela


Je déboulai dans la cuisine et me mis à chercher mon portable du regard. Ne l'avais-je pas posé sur le micro-ondes tout à l'heure ?!

« Bonjour Dani ! Heu... t'as pris ton petit-déjeuner ? »

Sursautant, je fis volte-face. Magali. Je n'avais pas remarqué sa présence. Elle était assise à table et m'observait d'un air inquiet par-dessus son bol de chocolat chaud et ses biscottes.

« Le petit-déjeuner ? Oui, mentis-je.

─ Ah ouais ? Quand ?

─ Tout à l'heure. J'ai bu un thé.

─ C'est tout ?

─ J'ai mis une barre de céréales dans mon sac. Arrête un peu.

─ Je sais pas, j'ai juste l'impression que... t'as quasi rien mangé de la journée hier ».

C'était juste, ma foi. Magali avait un œil de lynx.

« Je pars maintenant, sinon je vais être en retard. Salut », dis-je.

Magali me rattrapa dans l'entrée, alors que je passais mes bottes. Elle avait l'air inquiet... inquiet et gêné.

« Dani, pardon, mais je t'ai entendue cette nuit.

─ Hein ? fis-je en enroulant mon écharpe autour de mon cou.

─ Je t'ai entendue pleurer. »

Je me hérissai aussitôt.

« J'ai pas pleuré, dis-je en jetant mes clefs dans mon sac.

─ Si. Toute la nuit, t'as pleuré. T'es livide, ce matin. Et pardon, mais t'as les yeux rougis. Je suis désolée que ce soit fini avec Alessio, mais... »

Je faillis m'évanouir à l'évocation du nom. La douleur était d'une intensité foudroyante. Je fis un pas en arrière, me cognai dans le porte-manteau.

« Evite de dire son nom comme ça devant moi, fis-je, le souffle court. S'il te plaît. Ne parle même pas de lui. Ca va. A ce soir.

─ Dani... attends, parle-moi. »

Je sortis rapidement, prenant littéralement la fuite, de peur qu'elle en remette une couche. Ce n'est qu'une fois assise dans le métro, mon casque sur les oreilles, que je me remis à respirer. J'écoutais

« Là-bas » de JJG et Sirima. Rien qui n'allait m'aider à me sentir mieux.

Je croisai mon reflet dans la vitre à côté de moi, tirai machinalement sur mon écharpe. J'avais une toute petite mine que je n'avais même pas cherché à dissimuler avec un peu de maquillage. Ma queue de cheval basse pendait tristement sur mon épaule, comme si mes boucles elles-mêmes n'avaient pas le moral.

Je baissai tristement le nez, incapable de soutenir mon propre regard. Je savais que j'y lirais un certain dégoût de soi, à force.

Puisque tout était de ma faute.


**


« Dani, tu m'écoutes ? »

Réintégrant la réalité, je levai mollement les yeux sur Pierre.

« Quoi ? Pardon ?

─ Il est prêt, le Latte... ?

─ Non. Désolée.

─ Fais ça et prends une pause, dit Pierre, l'air pensif. T'as pas arrêté depuis ce matin. »

L'heure bleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant