Le lendemain soir en rentrant du Kick-boxing, je reçus un message Facebook de la part de Paul, l'ami bartender d'Alessio.
« Salut Daniela, j'espère que ça roule ! Samedi qui vient, mon frère joue avec son groupe dans mon bar, et je me demandais si tu voulais venir ? Hésite pas à ramener des amis, on aimerait que ce soit plein. »
S'ensuivait le lien pour un flyer qui indiquait que les 4ever allaient se produire le 14 octobre à partir de 21h au K-Jolie.
Etendue de tout mon long sur le canapé, j'étudiais songeusement l'écran de mon téléphone tout en mangeant des M&Ms. J'entendis la porte d'entrée s'ouvrir puis se refermer en claquant.
« Coucou ! Me lança Magali en faisant irruption dans le salon.
─ Salut, Mag. Tu fais quoi ce samedi soir ? »
Magali réfléchit une seconde.
« Ah ! Samedi, je sors avec Valentin. Pourquoi ?
─ Parce que y'a un concert dans le bar où j'ai pris un verre avec Alessio, l'autre jour. Paul, son pote barman, m'a invitée. J'ai pensé qu'on pourrait y aller ensemble, mais si tu vois ton copain...
─ C'est une super idée ! Mais effectivement, je pourrai pas. Vas-y quand même, hein. Je sais que tu penses à Viola, mais tu vas quand même pas t'arrêter de vivre parce qu'Alessio a une copine... »
Elle n'avait pas tort, mais franchement, c'était un spectacle dont je me passerais bien volontiers. Plus de dix jours après le ciné, j'avais eu le temps d'assimiler son existence, cependant.
« Demande à Soraya de t'accompagner, et surtout fais-toi super canon. Ça sera à Alessio de se sentir frustré », ajouta Magali en s'éloignant vers la cuisine.
Je regardai le flyer de nouveau. Effectivement, Soraya pourrait peut-être m'accompagner, elle... De toute façon, je n'avais pas l'intention de faire de vieux os à cette soirée. Juste un saut, et voilà.
Ni une ni deux, j'envoyai un SMS à Soraya. Je me sentais toute chose. Je n'avais pas pensé revoir Alessio de sitôt... je pensais que j'allais le voir mercredi à l'association, ce qui déjà me rendait un peu nerveuse. Bien sûr j'avais envie de le voir, mais... est-ce que ca n'allait pas être trop bizarre, encore ? Je me rappelai les paroles de Lisa : « Tu peux gérer ».
... Vraiment ?
*
Lorsque Soraya et moi arrivâmes au K-Jolie le samedi soir, je fus surprise par la foule présente. Paul avait bien réussi son opération Marketing. Il y avait des gens jusque sur le trottoir. Une estrade avait été installée sur le côté de la salle, non loin du bar. Le groupe jouait déjà à plein régime. Je fus immédiatement conquise par leur musique : un rythme hyper probant. Super qualité ; on n'aurait absolument pas dit des amateurs. La voix du chanteur était plus que convaincante en tout cas.
« C'est trop bien ! Me cria Soraya, tout excitée. Ah, ils sont là, les autres, regarde. »
Elle désigna le coin des tables, et je me haussai sur la pointe des pieds pour mieux voir.
La première chose que je remarquai, malgré la foule, c'est Viola collée à Alessio sur la banquette d'un box. Il portait un pull à capuche noir, et elle jouait avec les cordons tout en lui parlant à l'oreille. Alessio riait. Puis il lui répondit quelque chose en lui tapotant l'épaule. Même à cette distance, je voyais bien qu'il faisait l'idiot. Grâce au ciel, avec tout le bruit environnant, il m'était totalement impossible de capter quoi que ce soit de leur conversation.
Mon estomac se tordit désagréablement. Je reconnus la sensation : on appelle ça la jalousie, semble-t-il. Je pris une inspiration. Je pouvais le faire. C'était rien du tout. Il avait le droit de sortir avec qui il voulait, et moi aussi d'ailleurs.
« Allons dire bonjour à Paul d'abord » dis-je à Soraya. Elle hocha la tête. Jouant des coudes, je m'approchai du bar. Je repérai Paul immédiatement. Il semblait très occupé et n'officiait pas seul derrière le comptoir ce soir-là. Deux autres mecs l'aidaient. Son visage s'illumina lorsqu'il me reconnut.
« Oh, Daniela ! Je suis super content de te voir ! Merci d'être venue !
─ Hey, c'est moi qui te remercie, la musique est géniale ! Et tu peux m'appeler Dani...
─ Bien sûr, Dani... je vous sers quoi, les filles ? »
La musique était super forte. Je pris mon verre, mon courage à deux mains et rejoignis le box pour saluer tout le monde. Il y avait là Antoine, Alessio, mon ami Damien, un autre garçon que je ne connaissais pas, et Viola. Les garçons m'accueillirent avec des acclamations de joie, comme si j'étais le clou du spectacle. Antoine et Damien surtout :
« Oh Dani ! Enfin là !
─ On t'attendait ! La soirée peut enfin commencer ! »
Ca me fit rire. Viola ne riait pas du tout, en revanche. Elle me jeta un regard suffisant, d'une hostilité à peine voilée.
« Qu'est-ce que tu fais là, toi ? Il t'a invitée aussi, Léo ? Comment tu le connais, d'abord ? »
Tant de questions. Apparemment, Alessio ne lui avait pas dit qu'on avait bu un verre dans ce même bar, dans le box voisin de celui-ci, pour être exacte, deux semaines plus tôt. Je le regardai avec insistance, mais il eût un geste désinvolte de la main, l'air de dire " ben vas-y, explique ".
« Je l'ai rencontré y'a pas longtemps, quand j'ai pris un verre avec Alessio, répondis-je donc.
─ Ah bon ? »
Viola semblait plus que surprise. Je dirais même qu'elle était sur le cul.
« Je vois » ajouta-t-elle en regardant Alessio de biais.
Je décelai une légère amertume dans sa voix, mais elle ne dit rien de plus.
Alessio lui fit un sourire. Après quoi il me regarda de la tête aux pieds, en prenant absolument tout son temps. Meu Deus, mais il me déshabillait clairement du regard ! Je fis mine de ne rien remarquer en portant mon verre à mes lèvres, mais mon cœur battait la chamade. Je le vis hausser brièvement les sourcils. Il s'éclaircit la gorge.
« T'as pas froid, Dani ? » Me lança-t-il en guise de bonjour.
C'te blague...
« Je vais très bien, merci.
─ Il fait froid, pourtant. Surtout dans une robe pareille... non ?
─ Le chauffage est à fond, Alessio. »
Qu'est-ce qui lui prenait de me sortir des conneries de ce genre ? Devant tout le monde, en plus. Devant Viola, en plus. Laquelle nous regardait l'un l'autre avec grande attention, comme si elle suivait un match de tennis.
Soraya arriva à cet instant, toute contente.
« Hééé, les gens !! J'ai eu des bouteilles gratuites ! Youhou ! »
Les garçons l'acclamèrent à son tour, ce qui attira l'attention d'Alessio sur autre chose. Pas celle de Viola, cependant. Elle me regardait comme un chat méfiant, ou comme si j'étais un insecte à écraser fissa. Visiblement, ma présence en ces lieux ne l'enchantait pas. Qu'est-ce qu'elle savait sur moi au juste ? Il fallait qu'elle arrête. Alessio et moi n'étions jamais vraiment sortis ensemble et aujourd'hui, il était avec elle. Alors quoi, merde ?

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L'heure bleue
TienerfictieDifficile pour Alessio de ne pas craquer pour Daniela, une étudiante qui l'aide en sciences. Elle est jolie, sûre d'elle, sexy... et surtout de cinq ans plus âgée que lui. Résultat, il a la nette et douloureuse impression de n'être qu'un gamin à s...