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Une demi heure plus tard, je me retrouvai assise par terre, dans le salon de Mathilde – son ex elle-même – en train de fumer un joint avec Alessio et trois inconnus : un certain Marc, le mari de Mathilde (oui oui), Brice, un ami de celui-ci, et Camille, une copine commune d'Alessio et de Mathilde.

« Félicitations pour ton mariage ! Dis-je à Mathilde, un brin taquine, et je lui tendis le joint tout en rejetant la fumée.

─ Hey, te moque pas trop, la vieille. C'était le coup de foudre. J'ai bien le droit.

─ Non sérieux, je trouve ça génial.

─ Toi ? Fit Alessio, d'un ton incrédule peu flatteur. Comment toi tu peux trouver le mariage génial ?

─ Parce que c'est le mariage. C'est romantique. Merde, c'est un peu un idéal, quand même. »

Il ricana méchamment.

« Je n'aurais jamais pensé de mon vivant t'entendre dire une chose pareille. Comme quoi, tout arrive.»

Je le regardai d'un air désapprobateur, mais il m'ignora.

« Qu'est-ce que vous racontez ? Râla Camille. Je comprends rien.

─ Elle a peur de l'engagement, expliqua Mathilde qui me regardait d'un air narquois. Le fait qu'elle semble reconnaître la valeur du mariage choque donc Alessio. C'est plus clair, là ?

─ Comment vous vous prenez trop la tête... je préfère me rendormir !

─ Moi aussi j'avais peur de ces conneries, et pourtant regardez-moi. Je suis l'homme le plus heureux du monde avec Ma Thilde », intervint Marc, et d'embrasser Sa Thilde sur le bout du nez.

Elle pouffa de rire. Pour être honnête, elle avait l'air tout à fait heureuse et pas du tout à plaindre. Je fixai mes socquettes blanches et me rappelai de ce que Lisa me disait tout le temps : « Si tu te laissais une chance, les choses se passeraient peut-être mieux que tu ne le penses. » Malgré moi, je regardai Alessio, affalé en face de moi sur le canapé. Il rigolait avec la dénommée Camille. Ma poitrine se serra. Sa douceur et bonne humeur coutumières me manquaient.

« Dis donc Daniela, on dirait que tu sors du bureau, reprit Mathilde qui observait attentivement mon accoutrement. Je croyais que tu étais barista ?

─ Je suis barista. Simplement aujourd'hui, j'avais rendez-vous avec le responsable de mon ancien Master.»

Ce qui expliquait les boucles relevées en chignon vaporeux, le chemisier blanc bien coupé que j'avais rentré dans mon jean, le rouge à lèvres rouge qui s'estompait, les diamants qui brillaient discrètement à mes oreilles. Responsable de Master ou pas, je n'avais pas voulu mettre de tailleur. Toute façon il me connaissait bien.

« Tu fais très adulte tout à coup, commenta Mathilde. Très élégante. Plus que dans mon souvenir.

─ C'est bien normal, d'habitude et dans ton souvenir, je traîne en jupe en jean et Bensimon le plus souvent.

─ Oui bah c'est là qu'on se rappelle que t'es plus vieille en fait. Tu vas donner un cours de maths à des étudiants de notre âge ! T'entends ça toi ? » Lança Mathilde à Alessio.

Il ne répondit pas, se contentant de tirer une taffe du joint, puis de le passer à Camille qui nous écoutait en silence, les paupières lourdes.

« C'est juste une petite intervention pour donner un coup de main à leur prof habituel, dis-je en haussant les épaules. Il doit s'absenter pour un cours. Je l'ai déjà fait. C'est moins impressionnant que ça en a l'air. C'est bien plus de blabla que de calculs en réalité... et je vais pas me gêner pour en envoyer quelques uns au tableau. Certains sont plus forts que moi, d'ailleurs.

L'heure bleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant