Alessio
Ce n'était pas la police.
Je m'étais fait embarquer par les officiers chargés de la sécurité de la fête, qui m'avaient conduit jusqu'à leur PC situé quelques rues plus loin. La salle était petite, éclairée par des néons agressifs, et il y traînait une forte odeur de produits ménagers. Il y avait deux agents en uniforme assis derrière un bureau, qui me mataient d'un air peu amène, en discutant entre eux à voix basse. Raphaël était là également, posé sur une chaise. Moi, on m'avait pris mes affaires et poussé dans une cellule qui prenait tout un pan de la pièce.
Je tournais en rond là dedans depuis dix bonnes minutes, au moins. Je jure que j'étais sur le point de devenir dingue. Je pensais à Dani. Oh ma Dani. Pardon. Pardon.
« Je vais porter plainte contre toi, petit merdeux, tu verras », me lança Raphaël depuis sa chaise.
Je m'arrêtai un instant de faire les cent pas pour le fixer à travers mes barreaux. La satisfaction m'envahit lorsque je constatai qu'il avait vraiment une sale gueule. Je l'avais pas raté, ce bâtard.
Il me semblait qu'il avait le nez cassé, mais je n'en étais pas certain. En tout cas, il formait un angle bizarre, à présent ; quelqu'un lui avait donné des mouchoirs pour se nettoyer un peu.
« Bah vas-y, dis-je avec nonchalance, j'en ai rien à foutre. T'as cru tu me faisais peur ? Espèce de guignol va... »
Raphaël me fit un sourire. Avec son visage ensanglanté, on aurait dit un monstre surgi des Enfers.
« Tu es sûr, Alessio ? Tu veux vraiment avoir un truc dans ton casier judiciaire ? Et ton avenir alors, hum ? »
Je me mordis la lèvre inférieure. Oui, bon... C'était emmerdant, quand même.
« Je sens que tu vas me demander un truc en échange...
─ Quitte Dani, et je porte pas plainte. J'ai pas envie de vous voir heureux ensemble. Si je peux pas l'avoir, toi non plus.
─ Porte plainte », répondis-je fermement.
Raphaël secoua la tête d'un air désapprobateur, presque déçu de ma bravade.
« Ah Alessio, Alessio... Tu l'aimes trop. Tu vas te perdre à cause d'elle. Je vois que ça a déjà commencé, tant pis pour toi. Enfin... je ne peux pas dire que ça ne me réjouisse pas. »
Il émit un rire moqueur, avant de la boucler enfin. Quel crevard ! Une blouse blanche vint le chercher, et il disparut de ma vue. Je posai le front contre le mur de briques de la cellule et fermai les yeux.
Mais qu'est-ce que je foutais ici ?! Une heure plus tôt, je jouais encore au foot avec Jules, et à présent... tout s'était déroulé si vite.
« Oh ma Dani ma Dani ma Dani... » pensai-je, le cœur serré.
Vingt autres minutes passèrent, ou quelque chose comme ça... difficile à dire sans mon téléphone, je n'avais pas l'heure.
« Laissez-moi rappeler mon père, râlai-je à l'adresse de l'agent le plus proche. Il va bien finir par répondre. J'ai le droit de rappeler, non ?
─ Tu as le droit. Appelle-le. Et ensuite ferme-la, ça nous fera des vacances.
─ Vous aussi, fermez votre gueule », rétorquai-je d'un ton méprisant.
Pourquoi je devrais mal me laisser parler ? Parce qu'il avait un uniforme de plouc ?
On me passa un téléphone à travers les barreaux, chose que je trouvai ridicule, et je rappelai papa sur son portable. Maman allait me tuer. Elle n'hésiterait pas. Elle me tuerait. Cette histoire risquait de faire un peu trop tâche sur mon dossier immaculé d'élève parfait et de fils parfait. Mon Dieu comme je HAÏSSAIS Raphaël...
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L'heure bleue
Teen FictionDifficile pour Alessio de ne pas craquer pour Daniela, une étudiante qui l'aide en sciences. Elle est jolie, sûre d'elle, sexy... et surtout de cinq ans plus âgée que lui. Résultat, il a la nette et douloureuse impression de n'être qu'un gamin à s...