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Alessio

Samedi soir, 21h. J'étais en pleine partie de PES avec Jules, et le salon résonnait de nos cris enthousiastes et des commentaires préenregistrés du jeu.

« Yessss ! S'écria Jules lorsque le second match s'acheva sur sa victoire. Comment j'ai géré !

─ On fait une pause ? Râlai-je. Je veux changer d'équipe.

─ Mon vieux, c'est pas l'équipe le problème, c'est toi, rigola Jules, ravi de m'avoir mis la pâtée.

─ Ouais, tu peux parler. Heureusement que je te bats au basket, quand même...

─ Et heureusement que je te défonce au foot », rétorqua Jules en se levant.

Il se dirigea vers la cuisine.

« Tu me défonces soit disant au foot mais je te rappelle que je t'ai écrabouillé au snowboard l'hiver dernier, lui rappelai-je. Le slopestyle, ça te rappelle quelque chose, Julou ? »

Il grommela dans sa barbe et j'éclatai de rire, me rappelant comment il avait enchaîné gamelle sur gamelle en essayant de reproduire les figures du premier tour. Alors que je changeais les paramètres du jeu, regard vissé à l'écran de la télé, mon portable vibra sur le canapé à côté de moi pour m'annoncer que j'avais reçu un message.

« Au lieu de te la raconter, tu veux des chips ou pas ? Me lança Jules d'une voix forte, la tête dans un placard.

─ Ouais, répondis-je en ouvrant le message. Ramène aussi le pop corn tant qu'à faire... »

Ma voix mourut sur mes lèvres alors qu'il me semblait que la Terre venait de s'arrêter de tourner.

« JE VIENS DE SAUTER TA MEUF CONTRE LE MUR DES CHIOTTES. L EST TJS AUSSI CHAUDE ET ETROITE. ELLE SUCE COMME UNE PRO MDR TOI T OU PDT CE TPS ?? »

Les mots m'avaient brûlé la rétine. Littéralement. Je sentais mes yeux me picoter. Incapable de respirer, je regardai l'expéditeur. Numéro inconnu.

Je sus instantanément qui m'envoyait ça.

Alors que Jules mettait le pop corn dans le micro ondes, j'appelai Dani, la main tremblante. Répondeur. Je rappelai. « Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur de Dani Soares... » Je raccrochai. Ma tension monta d'un cran. Ou de dix. Des images d'elle en train de coucher avec Raphaël dans diverses positions se mirent à flotter devant mes yeux. Ca me donna illico la nausée.

J'avais super envie de gerber. « Elle suce comme une pro » il avait dit, cet enculé. Ca me tuait car c'était vrai. Putain. Le cauchemar. Je rappelai Dani et tombai une fois de plus sur sa messagerie. Mais putain de merde mais pourquoi elle répondait pas ?! Qu'est-ce qu'elle foutait bordel ?! Elle était occupée à baiser avec lui une nouvelle fois, c'est ça ?

Alors c'était ça, hein ? OK. Je le savais bien de toute façon, je le savais qu'elle me cachait un truc.

Pourtant le mordant de la douleur me surprit. Comme si on m'avait arraché le cœur de la poitrine. Ca devait probablement faire cet effet-là.

Je bondis du canapé et projetai violemment mon verre de Coca contre le mur. Il explosa en mille morceaux. Fou de rage, j'attrapai l'assiette qui avait contenu les sandwiches du dîner et la balançai au sol. Elle vola en éclats. Alerté par le bruit, Jules surgit dans le salon alors que je soulevais la petite lampe à abat-jour de la table basse. Elle se débrancha. Il se précipita sur moi et me l'arracha des mains avant que je ne la fracasse contre le mur à son tour.

« Non mais Alessio t'es malade, calme-toi ! »

Je le vis écarquiller les yeux en observant la tâche de coca qui dégoulinait sur le mur à côté de moi, puis les divers débris sur le sol.

L'heure bleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant