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Le tonnerre, en se répercutant dans toute la résidence, me tira brutalement d'un sommeil sans rêves. La pluie tombait dru et martelait les vitres de la chambre de Dani. Laquelle Dani était blottie contre moi, la tête posée sur mon torse. J'avais vraiment trop chaud ; je me redressai légèrement, en prenant garde à ne pas la réveiller. Je retirai mon t-shirt, le roulai en boule et le jetai dans un coin, puis fis pareil avec mon jean. Puis je me rallongeai et écoutai un instant la pluie tomber et le tonnerre gronder. Un éclair illumina la pièce, suivi d'un coup de tonnerre retentissant.

C'était l'heure bleue, le moment qui précède l'aube et où une étonnante lumière céruléenne enveloppe tout, mais ce jour-là, l'orage rendait tout sombre et menaçant.

Je sentis que Dani était réveillée sans avoir besoin de la voir.

« Sacré orage, dit-elle d'une petite voix.

─ T'as peur des orages ? demandai-je en passant une main dans ses cheveux détachés.

─ Parfois, ouais... j'aime pas le tonnerre, en tout cas.

─ On dirait que t'as peur de rien, quand on te voit. C'est mignon que tu t'inquiètes du tonnerre comme ça.

─ C'est toi qui es trop mignon ».

Ce disant, elle roula sur le ventre, se pencha sur moi et m'embrassa sur les lèvres. En retombant autour de nos visages, ses cheveux formèrent comme un écran qui nous isolait du reste du monde.

Lorsque je lui rendis son baiser, Dani se mit à respirer plus vite. Tout à coup, elle grimpa sur moi et se mit à m'embrasser bien plus franchement que ce à quoi je m'étais préparé. Embarrassé, je sentis mon corps réagir au quart de tour, séduit par la chaleur du sien et sa douce proximité.

Je bandais et tout cela était très bien.

A ceci près qu'entre nous, il n'y avait que le fin tissu de mon caleçon et le coton non moins fin de son short.

« Heu... Dani..., commençai-je alors qu'elle se mettait à me mordiller dans le cou et que je me sentais tout émoustillé. Attends, heu...

─ Hum ? Quoi ?

─ Qu'est-ce que... je veux dire, qu'est-ce que tu fais ? »

Elle eut un petit rire dont les vibrations parurent ricocher dans mon cou et approcha ses lèvres pleines de mon oreille.

« Détends-toi, Alessio » glissa Dani avec une moue joueuse.

Facile à dire ! Elle commença à m'embrasser sur le torse mais j'étais tellement nerveux que je faillis la repousser. Nos regards se croisèrent, et le tonnerre retentit une nouvelle fois, paraissant encore plus proche que précédemment. Dani prit ma main et la posa sur son sein. J'en sentis la rondeur parfaite même à travers le tissu de son débardeur et le souffle me manqua. Combien de fois avais-je rêvé de cet instant ? Il reposait parfaitement dans ma paume. Sans même y prendre garde, je me mis à le caresser, effleurant son téton qui sembla se réveiller sous mes doigts. Je crus perdre la tête en l'entendant gémir doucement mon prénom.

« Dani... Tu es sûre... ? » m'enquis-je tout bas.

Elle colla son front au mien.

« Je suis tellement vide. J'ai besoin de toi » souffla Dani en fermant les yeux.

Besoin de moi, avait-elle dit. Des mots magiques. J'avais l'impression d'être à la hauteur et qu'elle pouvait compter sur moi, c'était grisant.

Je la fis basculer pour me retrouver au-dessus d'elle, recouvrit son corps du mien, en faisant attention à ne pas laisser mon poids reposer totalement sur elle. Je me jetai sur ses lèvres avec une avidité qui aurait pu passer pour du désespoir. Trop soif d'elle depuis trop longtemps. Je lui retirai son débardeur et son short et parsemai sa peau de ma soif d'elle, de baisers brûlants d'amour partout sur sa peau tellement douce. Du satin sous mes mains tremblantes.

Ce n'était pas la première fois que je voyais une femme nue, mais j'étais ému par sa beauté, par son corps délicat et menu qui s'enroulait sous le mien.

Heureusement que j'avais des capotes dans mon portefeuille.

**

Lorsque plus tard je voulus me glisser en elle pour la seconde fois, elle me guida comme pour la première fois avec des gestes doux et impatients à la fois, sans quitter mon regard du sien. Je me fondis en elle de nouveau et sentis un long frisson de plaisir courir le long de mon échine. Tellement intense. Je n'avais jamais rien ressenti de pareil, et je me doutais que c'était parce que c'était avec elle. J'embrassai son épaule nue et enfouis le visage dans son cou. Dani m'entoura de ses bras et serra fort. Je m'endormis le nez dans ses cheveux, bercé par l'odeur familière de son shampooing, en m'imaginant qu'elle m'aimait autant que je l'aimais, moi.

**

Lorsque je me réveillai le lendemain, il était midi passé. La première chose que je vis, c'est que Dani n'était pas dans le lit avec moi. L'inquiétude m'envahit. Oh non ! Où était-elle ? Elle regrettait forcément ce qui s'était passé...

Au moment où je repoussais les draps, la porte du studio s'ouvrit sur une Dani toute souriante, un sachet de viennoiseries à la main.

« Coucou mon Alessio ! » me lança-t-elle, toute joyeuse.

A ma grande satisfaction, elle sauta sur le lit et vint planter un baiser sur mes lèvres, puis sur mon nez, mon oreille, ma mâchoire... une véritable avalanche. Je n'avais pas l'intention de m'en plaindre. Je la pris dans mes bras et la renversai sur le matelas en riant.

« Tu m'attends depuis longtemps ? demanda-t-elle alors que je l'embrassais dans le cou.

─ Non, t'inquiète ».

J'allai l'embrasser mais elle s'esquiva, l'air espiègle. Je m'en souviens comme si c'était hier. Elle portait un pull rouge et un jean, avait relevé ses boucles en palmier. Je la regardai s'affairer dans la petite kitchenette en chantonnant.

« T'es tellement belle, Dani, presque trop... »

Elle me sourit, les yeux brillants.

« Merci. T'es romantique au réveil, toi, hein ?

─ Mais non », fis-je, tâchant de paraître cool.

Elle rit, et je ris aussi. J'étais plutôt à l'aise avec elle en général, mais tout ce " lendemain de galipettes " avait un aspect intimidant et restait tout nouveau pour moi, et je me sentais un peu gauche, et terriblement inexpérimenté.

Je n'en revenais pas de ce qui s'était passé la nuit précédente. Rien que d'y penser, mon cœur faisait des embardées dans ma poitrine. Wahou, ma première fois avec une fille ! Et quelle fille ! Daniela Soares elle-même, mon coup de cœur depuis TOUJOURS, putain.

J'étais aux anges.

J'allai prendre une douche rapide, et en revenant, je vis que Dani avait mis la table. Ravalant ma timidité soudaine, je l'attrapai par la ceinture de son jean alors qu'elle passait devant moi. Elle leva un visage souriant vers moi.

« Dis-moi heu...

─ Ouiiii ?

─ Ben... heu, c'était comment pour toi ?

─ Oh ! Bien. T'inquiète pas, dit Dani tendrement en posant la main sur ma joue. (Puis elle m'observa attentivement, et je me sentis rougir sous son regard). Roh, t'es trop mignon à t'inquiéter comme ça, j'en peux plus ! »

Sur ce, elle tira sur ma joue, la déformant momentanément.

« Arrête, dis-je en roulant des yeux.

─ Bah, et pour toi, c'était comment, hein ? fit-elle en me regardant d'un air coquet.

─ Pas trop mal » la taquinai-je, alors qu'évidemment, ça avait été incroyable.

Elle éclata d'un rire franc et lumineux. C'était comme ça que je l'aimais.

« Nan mais je rêve, quel culot ! Bref. »

Nous prîmes notre petit déjeuner ensemble en blaguant. Comme si, avec la lumière du jour, les démons de Jose, et le fait qu'elle ne voulait pas sortir avec moi avaient disparu. On était juste content de partager ce moment ensemble. Le temps était clair et la lumière du soleil de mai se déversait dans la pièce, nimbant tout d'un halo doré et chaleureux.

L'un de mes plus beaux souvenirs, sans conteste.

L'heure bleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant