Je fus tentée de lui faire un doigt d'honneur, mais me retins. Je ne voulais pas lui donner la satisfaction de s'apercevoir que sa présence me troublait. Puis tout à coup elle me sourit, attrapa Alessio par le menton et se mit à l'embrasser à pleine bouche. Ah. Très subtile, la provocation... Le problème c'est que ça fonctionnait, malheureusement pour moi. Je m'obligeai à boire la moitié de mon verre, à parler un peu avec les autres, surtout Antoine que j'aimais beaucoup. Je gardais une mine imperturbable, mais je me sentais assez mal. Ca n'allait pas fort ; je ne pouvais pas supporter de les voir ensemble. Quelle idée débile de venir. Je vis Alessio lui glisser un truc à l'oreille et Viola en profita pour me décerner un clin d'œil.
N'y tenant plus, je me levai d'un bond et lançai à la cantonade :
« Bon, à plus tard hein, moi je vais danser ».
C'était probablement plus raisonnable que de jeter le contenu de mon verre au visage de Viola.
Je m'éloignai du box, me fondant dans la foule. Tout le monde sautait devant l'estrade, et je me joignis au mouvement. Une fille me sourit et vint danser avec moi. Nous secouâmes nos cheveux de concert en riant. Quinze minutes passèrent, puis vingt, puis trente. J'étais en nage et je me sentais super bien à présent, loin de tout. La tête dans les étoiles. Mon pouls battait en rythme avec la musique. Un grand blond s'approcha de moi. Je l'avais repéré moi aussi. Je lui souris. Il me tendit la main, et je la saisis. Il me plaqua contre lui, dos contre son torse, descendit la main sur ma hanche. Je me laissai faire. Ma robe collait à ma peau par la transpiration. Ma frange à mon front. Mais j'en voulais toujours plus, toujours plus. Au bout d'un moment à danser lascivement, le blondinet posa la main sur ma nuque et pencha la tête de côté pour m'embrasser, doucement d'abord, de façon plus exigeante ensuite. Je me laissai faire. Sa langue dansa avec la mienne, aussi sûrement que nos corps qui ondulaient au rythme de la musique. Il avait un goût de citron et de menthe. Quelle importance ça pouvait bien avoir, de toute façon ? Aucune. Je ne ressentais rien. Mon corps lui était totalement indifférent. Soraya arriva sur ces entrefaites et me tira par le bras, me détachant de l'étreinte moite du type. J'émergeai à contrecœur, avec l'impression de sortir d'un rêve.
« Tu m'accompagnes aux WC vite fait ? » Me cria-t-elle à l'oreille.
Je hochai la tête et la suivis à travers la foule jusque dans le couloir menant aux toilettes. Il y avait la queue, mais on entendait la musique un peu moins fort. Nous nous mîmes en ligne en rigolant. Soraya me racontait à quel point l'un des barmen lui plaisait quand tout à coup, je crus entendre mon prénom. Fronçant les sourcils, je regardai devant moi. Deux filles plus loin, Viola était là dans sa robe en dentelle noire, en train de parler apparemment à une amie à elle.
« Mais comment je supporte pas cette salope de Dani », râlait Viola.
Wow ! Très flatteur. Elle y allait pas de main morte. Soraya et moi échangeâmes un regard éloquent. Je me rapprochai un peu, essayant de ne pas me faire repérer. J'offris un sourire d'excuse à la fille qui attendait juste derrière Viola, posant un index sur mes lèvres.
« T'as vu comment Alessio n'a pas arrêté de la regarder danser ? Gémit Viola, amère. J'ai beau lui mettre mon décolleté sous le nez c'est comme s'il le voyait pas... »
A l'entente de ces mots, mon cœur se mit à danser de satisfaction. La copine de Viola s'éclaircit la gorge :
« Ben, honnêtement, faut avouer qu'elle est super belle, aussi... tu lui mets un sac poubelle, la nana, ça changerait rien je pense.
─ Je sais, merci, j'ai des yeux, cracha Viola, acerbe. Ca m'énerve encore plus ! En plus, ils ont bu un verre ensemble. Je savais même pas.
─ C'était sûrement juste amical. Ecoute, c'est pas parce qu'il l'a un peu matée qu'il veut se la faire. Alessio, ça lui suffit ce que vous avez. Et puis, tu crois pas qu'il se l'est déjà tapée avant, de toute façon... ? »
Viola haussa les épaules avec dédain.
« Ca je sais pas... il m'a pas dit grand chose à son sujet. Elle l'aidait en maths au lycée. Je pense qu'ils ont flirté vite fait, je sais pas pourquoi ça n'a pas marché. Mais à mon avis ils étaient proches. Je sais pas, ça se sent... la façon dont ils se regardent, je sais pas, y'a une espèce de complicité entre eux, raaah, ça m'énerve. Je suis sûre qu'elle le kiffe. En tout cas elle a pas intérêt à y toucher, ou je la marave. Elle pèse même pas 45 kilos toute mouillée. Qu'est-ce qu'elle m'énerve avec ses petits seins. »
Mon Dieu ! A vrai dire, je pesais 48 kilos, mais pourquoi pas. J'étais carrément à la hauteur pour lui casser la gueule, à cette idiote. Mon kick-boxing suffisait à l'aise.
A côté de moi, Soraya s'étrangla de rire.
« Mais qu'est-ce que tu en as à foutre ? Reprenait la copine, un poil amusée elle aussi. Tu lui plais vachement à Alessio. »
Viola secoua la tête, l'air dégoûté :
« Alessio a toujours aimé les filles petites, fines... en fait, tu sais quoi, je trouve que cette Dani, c'est PILE POIL SON GENRE DE NANA, quand on y pense... en plus elle a un beau visage, grands yeux sombres...
─ Mais toi aussi t'es son genre, hein, Vi. Du calme...
─ Ouais, heureusement que je lui plais beaucoup, mais bon des fois je me dis qu'il pourrait se montrer plus cool avec moi, quand même. Tout à l'heure il m'a carrément dit d'arrêter de le papouiller, qu'il allait pas s'envoler... bon, il me taquinait, mais quand même, ça saoule.
─ Ben arrête, aussi, t'as déjà vu un mec qui aime qu'on le colle, toi ? Laisse-le respirer, un peu.
─ Ouais, bon... En tout cas, il doit passer après le concert. J'ai trop hâte, j'ai prévu une petite surprise pour ce soir... Roh mais c'est pas vrai ça avance pas, cette queue, c'est relou là ! Viens, y'a trop de monde, allons au Mcdo de la rue Rivoli, c'est pas si loin. »
Je me tournai vers le mur juste à temps ; Viola passa à côté de moi en coup de vent, entraînant une fille brune dans son sillage.
Soraya m'attrapa par le bras, les yeux brillants de malice.
« Oh putain, c'était trop bon ! Elle est tarée, dis donc.
─ Un peu, ouais.
─ Et jalouse comme une tigresse. Fais gaffe qu'elle te maraboute pas, hein ! »
Soraya éclata de rire. Je lui donnai une bourrade, amusée, avant de rire aussi. A vrai dire, c'était peut-être présomptueux de ma part, mais je ne comprenais pas bien ce qu'Alessio trouvait à Viola. Bien sûr, c'était une très jolie fille, mais ... ? Quelque chose m'échappait dans cette équation.
----------------------------------
😂 pouahaha elle a dit " JE LA MARAVE " Je suis K.O. Il m'en faut peu quand je suis fatiguée... 😒
La suite de la soirée est déjà écrite mais puisque je voulais pas vous assommer avec trop de mots d'un coup... vous l'aurez dans deux-trois jours. Sinon quatre.
😁💕

VOUS LISEZ
L'heure bleue
Novela JuvenilDifficile pour Alessio de ne pas craquer pour Daniela, une étudiante qui l'aide en sciences. Elle est jolie, sûre d'elle, sexy... et surtout de cinq ans plus âgée que lui. Résultat, il a la nette et douloureuse impression de n'être qu'un gamin à s...