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Daniela

  Ce n'est que le lundi matin, dans le TGV qui me ramenait à Paris, que je me rendis compte que j'avais laissé mon ordinateur portable chez Alessio.

« Ah, merde » me dis-je en fermant brièvement les yeux.

  Pour la première fois depuis qu'Alessio était reparti dimanche matin, je m'autorisai à repenser à ce que je lui avais dit, notamment sur Rubén... Je me mis à me mordiller l'ongle du pouce. Putain, le ton que j'avais utilisé pour lui parler... j'étais pas fière. Je m'étais montrée imbuvable avec lui. OK, il m'avait fait beaucoup de peine en écoutant Raphaël et pas moi, mais quand même... j'étais toujours si... excessive.

  J'avais passé de bons moments avec Lisa et Bruno et j'allais mieux, mais pour autant, je ne me sentais pas de passer à l'appart aujourd'hui. Je n'étais pas prête à revoir Alessio si vite.

« Tant pis, ça attendra demain » pensai-je en regardant le paysage qui défilait à vive allure derrière la vitre.

J'étais un petit peu contrariée cependant. La plus grande partie de mes documents pour mon association était dans cet ordinateur...

En sortant de la gare, j'allai directement prendre mon service au Starbucks. Accaparée par le boulot, je ne vis pas la journée passer. Pierre le manager était d'humeur exécrable et ne me lâcha pas d'une semelle.

Le soir, je retrouvai Mag à la maison et on passa une chouette soirée ensemble, la première depuis longtemps.

« Ca devrait aller, avec Alessio, t'inquiète pas » me dit Mag alors qu'on grignotait des chips, assises l'une à côté de l'autre sous un plaid devant Netflix.

Je m'efforçai de sourire.

« Avec le temps, j'imagine » murmurai-je.

Le temps. Quel temps ? Je partais bientôt pour Rio. Je me posais des questions angoissantes quant au futur de ma relation avec Alessio. Comment allions-nous nous en sortir entre cette histoire de confiance et mon départ imminent ? Comment allais-je arriver à m'en sortir durant le voyage, sans... sans lui ?

Je me détestai instantanément de m'être posé la question et me mordis la lèvre sans quitter la télé des yeux. Je me considérais comme une femme indépendante : je n'avais pas besoin d'être constamment collée à un homme pour faire ma vie.

Enfin, probablement pas.

Je laissai passer le mardi aussi, me sentant toujours incapable d'affronter mon propre copain. C'était ridicule, mais...

Le mercredi, je ne travaillais que le matin. Je préparai les boissons des clients dans un état second, au ralenti, perdue dans mes pensées ; il me fallait récupérer cet ordinateur coûte que coûte ! Tant pis si je croisais Alessio. On était encore capable de se parler normalement, non ?

Avant de partir, je me regardai brièvement dans la glace, dans les vestiaires. Ca se voyait que j'étais préoccupée. Je portais le chèche qu'Alessio m'avait prêté, ce fameux jour pour cacher mes suçons à Raphaël. Je passai la main dans mes boucles noires qui étaient de retour et me sourit bravement dans le miroir. « Allez, Dani » m'encourageai-je en les nouant en queue de cheval haute. Est-ce que je les attachais ainsi parce que je savais qu'Alessio affectionnait cette coiffure sur moi ? Ouais, sans doute.

Je tournai les talons et quittai Starbucks, direction chez Alessio. Ce n'était pas loin de mon travail, quinze minutes de métro à peine. La résidence était toute calme en ce début de mercredi après-midi. Je glissai la clé dans la serrure et ouvris la porte, pour trouver une connasse assise sur le canapé, les jambes croisées, un grand sourire aux lèvres.

L'heure bleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant