Octobre 2013
« Enfin fini ! »
Dani ferma le cahier et jeta son stylo dessus. J'en fis autant en étouffant un bâillement. Il était tard. On avait bossé comme des fous ce vendredi.
« Eh ben ! » s'exclama-t-elle, et, se renversant dans le fauteuil de papa, elle s'étira le plus possible.
Son t-shirt se souleva sur son ventre, révélant l'élastique épais de son boxer et le cercle imparfait de son nombril.
« Avec tout ça, tu as intérêt à avoir au moins seize, hein.
─ Tu es censée me soutenir, pas me faire stresser », répondis-je, détournant le regard de sa peau nue.
Toc toc. Maman passa la tête par l'embrasure de la porte du bureau.
« Vous venez de finir ? Vous restez dîner, Daniela ? Le repas est tout prêt.
─ Ah... merci beaucoup, Sophie, mais je vais devoir y aller ce soir.
─ Ah ? Comme vous voudrez » dit Maman, et elle disparut aussitôt.
Dani prit son portable. Il n'avait pas arrêté de vibrer au début de notre session, au point qu'elle avait dû le mettre sur silencieux.
« Pourquoi tu restes pas ? demandai-je alors qu'elle tapait un texto à toute vitesse. Je veux dire, c'est pas comme si tu mangeais pas ici pratiquement tous les soirs.
─ Je dois voir quelqu'un, répondit Dani distraitement.
─ Qui ? »
Elle s'arrêta d'écrire. Regard malicieux. Haussement de sourcils suggestif.
« Le beau Jose. Même qu'il va venir me chercher dans dix minutes. »
Je pinçai les lèvres. Quoi ? Encore cet espèce de type ? C'était fini avec Fred et voilà qu'elle traînait avec cette racaille de Jose.
« Tu veux dire, ici ?
─ Non, au Pôle Nord. Non mais évidemment ici. Enfin, t'en fais pas pour tes parents, il va m'attendre au bout de la rue... ça va être funky. »
Sur quoi, elle envoya le message avant de se regarder dans le miroir ancien suspendu au-dessus de la cheminée. Passant la main dans ses épaisses boucles noires, elle arrondit la bouche en cul de poule. Elle surjouait complètement. Elle était aussi peu vaniteuse qu'elle était jolie. Une chose à lui accorder.
« Je suis comment ? eut-elle le culot de me demander.
─ Chiante » répondis-je, exaspéré.
Dani ne releva même pas. Il lui en fallait bien plus pour être touchée.
Ca faisait environ trois semaines qu'elle avait commencé à fréquenter ce certain Jose. Je l'avais vu une fois ; il m'avait aussitôt fait penser à Fred, et je l'avais trouvé encore plus antipathique que lui, dans le genre type qui fait mauvais genre. Grand, musclé, doté d'une épaisse tignasse noire et brillante à faire pâlir d'envie tous les chauves des environs, il arpentait les rues en fumant et buvant des bières en même temps. Je sais que Dani le trouvait sexy et ne pouvait empêcher la jalousie de me submerger. Il était tout ce que je n'étais pas, pour ainsi dire.
Et pour couronner le tout, depuis la sortie au cinéma, il n'y avait pas eu de baiser. Je sentais qu'elle ne m'y encourageait pas, et il y avait tellement de devoirs, ces derniers temps, que j'avais pas la tête à la draguer de toute façon. Notre relation, en surface, était pareille à ce qu'elle avait toujours été.
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L'heure bleue
Roman pour AdolescentsDifficile pour Alessio de ne pas craquer pour Daniela, une étudiante qui l'aide en sciences. Elle est jolie, sûre d'elle, sexy... et surtout de cinq ans plus âgée que lui. Résultat, il a la nette et douloureuse impression de n'être qu'un gamin à s...