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Deux secondes plus tard, j'entraînais Magali à l'extérieur, furieuse.

« Tu te fous de moi ! Explosai-je. Comment tu savais qu'il était là ? »

Mais elle avait des étoiles plein les yeux et une expression énamourée sur la figure.

« Putain mais comment tu te fais pas chier, il est à tomber par terre ! T'es folle de l'avoir jeté ! Moi je pensais qu'il était bof et en fait ton mec c'est un avion de chasse ?!

─ Magali, je rigole pas ! Comment t'as fait ton coup ? »

Haussement d'épaules blasé.

« Bah, Facebook ! Normal. J'ai cherché son compte depuis ta page. Y'avait son lieu de travail, j'ai juste tenté, en espérant qu'il soit là à cette heure-là...

─ Mais...

─ Écoute, Dani. Si je t'avais dit la vérité, tu aurais pas voulu en entendre parler, alors... »

Effectivement, je lui aurais dit d'aller voir ailleurs si j'y étais.

« Allez, sois pas fâchée. Je voulais juste voir à quoi il ressemble... bon, d'accord, je me suis emportée et je l'ai invité, mais PARDON si j'ai assez de sens commun pour m'apercevoir qu'il a un charme de fou, quoi ! C'est quoi ces fossettes quand il sourit ? Et ces yeux bleus qui tuent ! Rah, attends, je crois que je vais me sentir mal. »

Elle s'empara d'un dépliant sur le présentoir de la librairie et s'éventa énergiquement avec. Je pris sur moi pour ne pas céder à l'envie impérieuse de la secouer dans tous les sens.

« Non mais je rêve, Magali ! Ce que t'es chiante ! Qui t'a dit que j'avais envie de le revoir, de toute façon ?

─ Franchement ? Ta tête, quand tu es rentrée de votre verre. »

Han, elle avait osé ! J'ouvris la bouche, la refermai. La rouvris et la refermai de nouveau, tout bonnement incapable de trouver que répondre à ça. Puis je la plantai là, furieuse, embarrassée qu'elle m'ait percée à jour, et facilement en plus. C'est à peine si j'arrivais à me l'avouer à moi-même, et voilà qu'elle me balançait ça sans pression à la tronche. Magali me suivit :

« Roh mais non, Dani, le prends pas comme ça ! C'était marrant, non ? Allez ! Je veux juste que tu sois heureuse.

─ Magali, on a bien rigolé jusqu'ici en parlant de ça, mais là tu vas m'écouter, et tu vas bien m'écouter. Je ne peux pas être avec lui. Je ne veux pas être avec lui. C'est une très mauvaise idée !

─ Mais pourquoi pas, à la fin ? Il a l'air très sympa. Il est poli. Il est BEAU, merde. T'as pas de mec depuis mille ans, et je sais que tu te sens seule parfois. Alors pourquoi pas, Dani ? »

Je ne répondis pas. Elle n'avait aucune idée de ce que tout ça m'inspirait, et me générait comme stress. Il y avait tant de raisons ! Parce que, pour commencer, le fréquenter de nouveau me paraissait hypocrite. De ma part. Parce que, la dernière fois, j'avais été obligée de couper les ponts tellement la situation était devenue ingérable. De mon côté. Parce que j'avais tellement la frousse ! Encore maintenant. La frousse de perdre le contrôle, de laisser quelqu'un d'autre que moi aux commandes. La frousse d'avoir mal. La frousse de me casser la gueule. Pour l'instant, ça allait. Je crois. Mais la dernière fois, je m'en étais tirée in extremis.

Après... pour être tout à fait honnête, si Alessio ne ressentait plus rien, comme cela semblait être le cas... alors rien ne nous empêchait de nous « voir ». A priori. C'est vrai qu'en dehors de tout ce bazar, on s'entendait plutôt bien, à l'époque. Et qu'il m'avait manqué.

Mais voilà, j'avais l'estomac noué, et tout mon système d'alarme me hurlait de fuir, fuir, fuir. Rien de nouveau sous le soleil... Après l'accident, c'était toujours comme ça quand un mec me plaisait énormément. Ce qui n'arrivait pas tous les quatre matins non plus. Toujours est-il qu'à l'époque, si je n'avais pas eu besoin de ce job de tutorat, je me serais tirée bien avant le moment où j'avais finalement réalisé que je ne pouvais pas continuer à voir Alessio.

Bah ! Et si j'essayais ? Ça faisait quand même trois ans, bordel. Je devrais pouvoir gérer, après tout ce temps... Bon, bien sûr, j'étais cassée... mais pas incapable de fonctionner un minimum, non plus.

Prenant une inspiration, je me tournai vers Magali. Elle me regardait anxieusement, inquiète à l'idée d'être allée trop loin.

« T'es qu'une emmerdeuse, lui lançai-je, mais je ne pus m'empêcher de sourire et de l'embrasser sur la joue.

─ La belle affaire ! Parce que toi, t'es un ange tombé du ciel, peut-être ? »


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Haha ! Avec Magali, ce cher Alessio prend vraiment des allures de morceau de viande... ça me fait rire xD

L'heure bleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant