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[ Daniela voudrait se faire pardonner quelque chose qu'elle n'a jamais fait ]





  J'étais dans le métro, en route pour mon déjeuner avec Lisa, quand mon téléphone se mit à sonner. Je fixai longuement l'écran. C'était Alessio qui m'appelait, mais puisque j'avais supprimé son contact le soir de la sortie au ciné, mon portable ne le reconnaissait pas. J'hésitai un peu trop longtemps ; le répondeur prit le relai. Quelques secondes plus tard, mon tel vibrait pour m'indiquer que j'avais un nouveau message vocal.

Allons bon...

Je mis ma Playlist sur pause pour écouter ledit message. La voix d'Alessio se déversa dans mon casque, aussi grave et modulée que dans mon souvenir. On percevait un léger brouhaha en arrière-plan.

« Hey, Dani ! J'espère que tu vas bien. (Une pause). J'ai pensé à toi... enfin j'ai un ami en école de cinéma qui cherche un sujet de reportage, et j'ai pensé à toi et à ton association. Je me suis dit que ça ferait un topic parfait pour lui et sans doute une pub sympa pour ton asso. Rappelle-moi. Bye. »

Oh ! Il avait eu une super idée, il fallait le reconnaître. Natacha, la directrice de l'association, allait être aux anges si je lui parlais de ce projet... Il avait raison. Ca ferait une pub formidable. A vrai dire, toute aide était la bienvenue. Je ressentis une légère excitation. Puis je me rembrunis quelque peu. Le reportage, ça voulait aussi dire se retrouver en contact de nouveau. Et tout le bordel qui allait avec !

Finalement, j'enregistrai le numéro et lui envoyai un SMS. Alessio me répondit immédiatement.

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Ben voyons

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Ben voyons...

*

Le petit restau où j'avais rendez-vous avec Lisa se trouvait juste en face de la sortie du métro. Elle était déjà là lorsque j'arrivai, penchée sur le gros objectif de son appareil photo, ses longs cheveux bruns cascadant autour de son visage.

Lisa est pour moi, je pense, ce qui se rapproche le plus d'une meilleure amie. Je ne suis pas très « amis », plutôt « potes ». Les gens vont et viennent dans ma vie et ça ne me dérange pas tellement. Je ne m'attache pas facilement, haha, la blague... c'est le moins qu'on puisse dire. Mais Lisa et moi, c'était particulier. Elle faisait des photos impressionnantes. D'ailleurs, elle prit une photo de moi lorsque je me laissai tomber sur ma chaise, face à elle.

« T'es fraîche ! Me félicita-t-elle en me montrant le rendu sur son écran.

─ Tu dis toujours ça. Bonjour, une sole, s'il vous plaît, demandai-je au garçon venu m'installer un couvert prestement.

─ Bien sûr, mademoiselle. »

Lisa me sourit et finit son verre d'eau.

« Alors, quoi de neuf ? T'as l'air tourmenté, ma chère.

─ Ouais, j'imagine que c'est le terme approprié. J'ai merdé.

─ En faisant quoi ?

─ Comme je t'ai dit, Magali a invité Alessio à l'apéro de la semaine dernière... ben ça s'est pas très bien terminé, on va dire...

─ C'est-à-dire ?

─ Ben, il était là avec une fille. Ou plutôt, elle s'est ramenée.

─ A l'apéro, chez toi ?!

─ Non, au cinéma. Mais bon, pour ce que ça change.

─ Et tu lui en veux, à Alessio ? »

Je gonflai mes joues comme un hamster.

« Un peu, j'imagine. Beaucoup ?

─ Bah t'as pas le droit », dit Lisa en haussant les épaules.

Je soupirai. Lisa était au moins aussi franche que moi et pas vraiment connue pour être championne en tact...

« Tu joues à quoi, Dani ? C'est toi qui ne te sentais pas de tenter avec lui. C'est toi qui as coupé les ponts. Et c'était y'a trois ans ! Tu t'attendais à quoi ? Qu'il fasse vœu d'abstinence ?

─ Oui, je sais, je sais... je comprends. Enfin... »

Lisa se cala contre sa chaise, l'air de plus en plus étonné.

« Mais c'est que ça te fait vraiment chier, en plus.

─ Bah bien sûr que ça me fait chier ! M'exclamai-je, un peu énervée. Merde, je suis pas en bois.

─ Mais t'aimerais bien, dit Lisa, et elle reprit une photo.

─ Arrête, lui ordonnai-je. Ouais, des fois, j'aimerais. La vie serait moins compliquée à vivre.

─ Heureusement que tu as tort... bon, et tu disais que tu avais merdé ?

─ Oui... Je vois ce mec, Raphaël... et il a l'air de vouloir quelque chose de plus sérieux qu'un simple plan cul.

─ Et alors ?

─ Et alors, pas moi, putain. Ce que je veux c'est surtout une bonne baise, mais lui il veut y aller doucement. Ça me tue ! Il peut pas juste me prendre chez lui, et voilà ?!

─ Pfiou, tu es poétique, aujourd'hui..., constata Lisa.

─ C'est parce que ça me frustre tellement ! Comment ça se fait que je veuille des relations légères et que je tombe que sur des mecs qui veulent du sérieux... c'est quand même dingue, quand tu y penses.

─ Et pourquoi cette soudaine envie de forniquer, déjà ? Demanda Lisa en fronçant les sourcils. Ça fait au moins six mois que tu foutais rien... tu avais l'air plutôt contente, en plus.

─ Alessio », gémis-je en guise d'explication, et je cachai mon visage derrière mes mains.

Entre deux doigts, je vis Lisa hausser les sourcils.

« Ah, OK ! Tu veux que ce soit lui qui s'occupe de toi ? J'imagine que oui, mais enfin, on va quand même pas parler de tes fantasmes AVANT d'avoir mangé, si... ?

─ Mais non !! La vache, vous vous êtes donné le mot, Magali et toi. Ce que je veux, c'est de la distance. Plein de distance pour arriver à le gérer. Et me changer les idées entre temps. Mais voilà qu'on se revoie mercredi prochain, à l'asso. Il a un copain qui va venir faire un reportage vidéo... impossible de dire non ! C'est fou d'ailleurs qu'on se reparle comme ça, c'est comme si ces trois années d'interruption n'avaient jamais existé. Qu'est-ce que je dois faire, Lisa ?

─ Rien. »

Je levai les yeux au ciel.

« Merci du soutien, grommelai-je.

─ Sérieux, tu peux rien faire. Je pense que tu as besoin de vivre tout ces trucs, d'ailleurs. C'est pas pour rien que vous vous êtes revus « par hasard », je suppose.

─ Tu fais de la psycho de comptoir, maintenant ?

─ Je dis juste ce que je pense. Et Dani. Si tu te laissais une chance, les choses se passeraient peut-être mieux que tu ne le penses.

─ Une chance de quoi ?

─ Une chance de t'attacher aux autres, pardi. De nouveau, je veux dire... »

L'heure bleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant