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Alessio


Lorsque nous arrivâmes finalement chez moi, il était quasiment 5 heures du matin.

« Prends le lit, je dormirai sur le canapé » dis-je à Dani en posant mes clés sur le meuble de l'entrée.

Elle se tourna vivement vers moi, l'air surpris. Je passai la main dans mes cheveux pour faire tomber la neige qui s'y était déposée.

« Parce qu'en plus tu veux pas dormir avec moi ? Demanda-t-elle, sarcastique. De mieux en mieux.

─ C'est toi qui ne veux pas que je dorme avec toi, Dani. Tu m'en veux un truc de fou. »

Nos regards se croisèrent. Celui de Dani était froid comme la glace. Elle était folle de rage. Si c'était juste un peu, elle m'aurait hurlé dessus, mais là rien : c'était sérieux. Comme attendu, à vrai dire, je le savais qu'elle réagirait de cette façon. Un peu comme un météorologiste, j'estimais qu'on en avait pour trois jours avant un retour à la normale.

Je l'avais compris à sa façon de rester résolument silencieuse depuis qu'on était descendu de ce bus. Elle avait une expression sur le visage qui me mettait mal à l'aise, quelque chose dans la façon dont elle regardait fixement devant elle, l'air perdu dans ses pensées ; dans les escaliers qui menaient à l'appart, mon bras avait accidentellement touché le sien et elle s'était aussitôt raidie, avant de s'écarter d'un pas. Message reçu.

« Tu veux que je te donne des habits pour dormir ? » Ajoutai-je, presque indifférent.

J'allais pas perdre mon temps, elle était pas prête à parler, alors quoi ?

Dani se mit à bafouiller, se délestant d'un peu de son irritation.

« Heu ben écoute... si ça te dérange pas... je veux bien le t-shirt que tu portes là ».

Sa requête me surprit un peu, mais je sentis une chaleur agréable m'envahir à l'idée qu'elle veuille porter mon t-shirt. Elle voulait garder quelque chose de moi avec elle puisqu'on allait dormir séparément. Elle me détestait pas, alors ! Sans mot dire, je retirai mon pull et mon t-shirt et lui tendit ce dernier. Dani le prit, tourna les talons et claqua la porte de la chambre derrière elle.

Je la suivis aussitôt et frappai contre le battant une fois avant d'ouvrir :

« Hé, je prends deux bricoles et je m'en vais. »

En guise de réponse, elle me tourna le dos. Elle s'assit sur mon lit et commença à se déshabiller sans s'embêter de ma présence. Elle retira ses bas, l'un après l'autre. Je pris une couverture dans le placard et quelques vêtements dans le tiroir de ma commode, en évitant de trop la mater. Puis, alors que je m'apprêtais à repartir, je vis qu'elle essayait de tirer sur le nœud qui maintenait son dos-nu en place.

Je m'approchai d'elle et tendis la main pour défaire le nœud prestement. Je la sentis frémir lorsque mes doigts effleurèrent accidentellement sa peau. Je me retins de la prendre dans mes bras et de lui demander pardon. Pardon pour quoi ? Je savais qu'elle avait mal pris ma requête, mais ce que je lui avais demandé, c'était pour notre bien à tous les deux.

Je déposai un petit baiser sur son épaule ronde avant de quitter la pièce, regagnant le salon.

Je me changeai vite fait et plongeai sur le canapé. Pas le plus confortable au monde celui-là, mais c'était quand même mieux que de dormir par terre. J'étais vanné de chez vanné, et je n'avais qu'une envie, dormir jusqu'au lendemain soir. Mais pas moyen de fermer l'œil.

Je repensais à l'expression de Dani lorsqu'elle avait dit qu'elle m'aimait, à son regard ému et hésitant, au sourire incertain qu'elle avait au fond de ses prunelles. Mon estomac fit un saut-périlleux et je déglutis. Ce jour était finalement arrivé, hein ?

L'heure bleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant