Deux minutes plus tard, je sortais dans la rue, et le froid humide de ce samedi soir me remit les idées en place d'un coup. Alessio arriva juste derrière moi.
« Oh là là, mais il fait super froid ! Lança-t-il en rabattant la capuche de son pull sur sa tête.
─ Oui. Attends... »
Je l'arrêtai en posant brièvement la main sur son bras.
« Tu es pas obligé de m'accompagner, dis-je d'une voix quelque peu hésitante. Je vais peut-être appeler un Uber... »
Il leva les deux mains pour me signifier que c'était à moi de voir.
« Le Uber ça me convient aussi, Dani. Tant que tu arrives entière chez toi. Mais dans tous les cas, moi, je ne peux pas te laisser rentrer toute seule... enfin, habillée comme ça, quoi.
─ Mais bon sang ! Encore une remarque sur ma robe ? Tu lui reproches quoi au juste ?
─ Elle te va un peu trop bien » admit-il avec un sourire de défaite.
Puis il ajouta, plus sérieusement :
« A vrai dire, je la trouve vachement suggestive. Heu... tu portes même pas de soutien-gorge.
─ Ben oui, jamais de soutien-gorge avec un dos nu, énonçai-je. Ça ne se fait pas. »
Cette conversation était surréaliste.
« Ouais, bon, si tu le dis. Mais t'as pas vu comment les types te regardaient, dans le bar ?
─ Ma foi, c'est pas ton problème ?
─ Écoute, ça le devient si je me sens obligé de te ramener de peur qu'il t'arrive quelque chose. Choisis. Dans tous les cas, moi, je dois prendre le métro. »
C'était bien ce que je pensais. Il ne voulait pas que je me retrouve seule dehors à cette heure... Ce n'était pas tant qu'il voulait se retrouver seul avec moi. Encore cette galanterie difficile à gérer. Je décidai de tester sa motivation.
« Ce n'est vraiment pas la peine, Alessio. Je suis capable de me défendre toute seule. En plus ça va te faire faire un gros détour, arguai-je.
─ T'inquiète pas, ça m'arrange presque, je ne dors pas chez moi ce soir. »
Ah, oui. Évidemment, il allait dans le lit de Viola... je l'avais entendue s'en vanter tout à l'heure, dans le couloir. La jalousie revint me titiller, sans pitié ; mais bon, ça ne me concernait pas, hein ? Je fis un effort pour la réprimer.
Sans un mot, je me mis en route, et Alessio m'emboîta le pas, marchant légèrement en retrait. J'étais toute gênée de me retrouver seule avec lui, sans musique pour faire office de bouclier entre nous. Quand j'osai lui jeter un nouveau coup d'œil, je le vis qui pianotait sur son téléphone et me suivait sans même regarder où il allait. A tous les coups, il parlait à sa nana. Je ne me faisais aucune illusion sur ce point, et ça me refroidit.
« Au fait, il t'a pas loupée, ce blond, dit-il soudain sans lever les yeux de son écran.
─ Lequel ? Demandai-je, jouant les idiotes.
─ Tu sais très bien lequel.
_ Pourquoi tu me parles de ce type ?
_ Bah pourquoi pas ? »
Son ton anodin suggérait qu'on avait une petite discussion innocente entre amis. Ce qui n'était pas le cas. On n'était pas amis. On ne l'avait jamais été et on le serait jamais. Comme si j'allais parler de ça avec lui...

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L'heure bleue
Fiksi RemajaDifficile pour Alessio de ne pas craquer pour Daniela, une étudiante qui l'aide en sciences. Elle est jolie, sûre d'elle, sexy... et surtout de cinq ans plus âgée que lui. Résultat, il a la nette et douloureuse impression de n'être qu'un gamin à s...