Il fallait que je l'oublie, il fallait que je l'oublie, il fallait que je l'oublie.
Elle voulait pas de moi.
Il fallait que je l'oublie, il fallait que je l'oublie, il fallait que je l'oublie.
**
Je gardai mes distances avec Dani les jours suivants. Ce ne fut pas difficile, étant donné que je lui en voulais de m'avoir mis une casquette magistrale. J'annulai quelques séances de révisions au prétexte que j'avais un dossier à préparer avec Jules.
Elle me manquait, mais il fallait que je la zappe. Pas d'autre choix.
C'est ce que je me serinais sur le trajet sur le trajet vers chez Antoine. Je devais lui passer mes notes après les cours. Il était malade et cloué au lit depuis plusieurs jours. Je lui avais aussi apporté une pile de vieux mangas, qu'on adorait lire et relire depuis nos dix ans.
« Trop cool ! » s'exclama-t-il, ravi. Puis, en me regardant fixement : « T'as vraiment une sale tête, et c'est un type qui vomit tripes et boyaux qui te le dit.
─ Merci », fis-je platement.
Je savais que c'était vrai, alors, à quoi bon faire semblant ?
On frappa à la porte. C'était Valentin, le grand frère d'Antoine.
« Salut, lançai-je.
─ Ah, t'es là, Alessio ? Ca fait un bail. Bon, tu veux manger quoi, Toinou ?
─ Rien, répondit précipitamment Antoine, super pâle.
─ Ecoute, en l'absence de Maman, je suis chargé de te nourrir. Alors, nourris-toi. Tu as le choix entre soupe et pain, riz et poisson pané, ou...
─ Rien, je te dis. Si tu veux m'aider, va-t-en. Rien que ton sourire de crâneur suffit à accentuer mon envie de gerber. »
Valentin et moi échangeâmes un regard. Antoine était très mince et depuis longtemps complexé par ses lunettes de myope et son absence de muscles. Valentin, lui, était grand et bien bâti, mais ça n'était pas tombé du ciel : des heures d'entraînement pour son équipe d'aviron. Le problème, c'est qu'il avait aussi hérité des yeux bleus et de la blondeur de leur beau gosse de père, tandis qu'Antoine, cheveux bruns et œil marron, ressemblait plutôt à personne en particulier. Il avait toujours envié Valentin, mais ces derniers temps, il affichait beaucoup plus sa jalousie.
« OK, ce sera donc une merveilleuse soupe. J'ai bien compris, Toinou.
─ Arrête de m'appeler « Toinou »... par pitié...
_ Allez, j'y vais, intervins-je. On se voit la semaine prochaine au lycée, j'espère. »
Antoine marmonna quelque chose d'incompréhensible, la tête fourrée dans ses oreillers.
« Mais moi, je reviens tout de suite, Toinou ! A toute ! »
Valentin était goguenard. Je le suivis hors de la pièce, puis dans les escaliers.
« Tu es vraiment obligé de le torturer ? Demandai-je, mi-figue mi-raisin.
─ Bien sûr que oui, c'est mon frère. Tu veux un Coca ? » Ajouta-t-il en entrant dans la cuisine.
Pourquoi pas ? Je me perchai sur un tabouret du bar pendant qu'il versait de la soupe lyophilisée dans une casserole d'eau frémissante.
« Alors, quoi de neuf ?

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L'heure bleue
Teen FictionDifficile pour Alessio de ne pas craquer pour Daniela, une étudiante qui l'aide en sciences. Elle est jolie, sûre d'elle, sexy... et surtout de cinq ans plus âgée que lui. Résultat, il a la nette et douloureuse impression de n'être qu'un gamin à s...