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Daniela


« Hey, ma Dani en sucre glace.

─ Hm ? Qu'est-ce qu'il y a ? » Fis-je.

On était samedi vers midi, deux jours après avoir croisé Sonia au centre commercial. J'essayais de résoudre une équation depuis trente minutes. J'avais le nez sur ma feuille de brouillon et je commençais à me sentir frustrée, très frustrée. Quelque chose m'échappait. J'étais à deux doigts de poster mon problème sur le fofo, dans l'espoir d'un peu d'aide...

« Je sais que t'es occupée, mais... Ca sent pas le brûlé ? » Poursuivit Alessio, les yeux rivés à l'écran de son ordi.

Le brûlé ? Je relevai la tête pour renifler, saisie. Il avait raison. Ca sentait le brûlé...!

« Han ! » M'écriai-je en jetant mon stylo.

Je repoussai ma chaise et bondis sur mes pieds, catastrophée.

« Oh non ! Putain mon plat ! » M'exclamai-je en me ruant dans la cuisine.

Une fumée noire menaçante s'échappait de la casserole posée sur la cuisinière. Je poussai des jurons qu'il serait inconvenant de retranscrire ici.

« Ouvre les fenêtres ! » Lancai-je à Alessio en coupant le gaz. J'allumai la hotte, soulevai le couvercle...

« Bouh, c'est complètement raté ! » pleurnichai-je en plongeant ma cuiller en bois dans la casserole.

J'avais tenté de faire un poulet basquaise pour le déjeuner, mais cet amalgame noirâtre n'y ressemblait plus vraiment.

Alessio éclata de rire face à ma mine dépitée. Il me souleva dans les airs sans prévenir et je poussai un petit cri surpris en m'agrippant à son cou.

« Mais t'inquiète pas, Dani, on va commander ! Dit-il en me faisant tournoyer.

Je ne pus m'empêcher de rire avec lui.

« Oui, vaut mieux. Rolala la cata ! Je suis même pas fichue de nous faire à manger.

─ Ben hier soir elle était bonne ta pizza, non ?

─ Alessio, c'était une pizza surgelée !!

─ Et alors ? C'était cuisiné avec amour par mon amour ! La meilleure pizza que j'ai jamais mangée, franchement. »

Il m'embrassa sur le nez, les yeux tout brillants.

« Tu sais je..., commençai-je, irrésistiblement attirée par lui.

─ Tu quoi ? »

J'allais quand même pas lui redire ! Je me dégonflai.

« Je voudrais commander italien, justement.

─ Si, pronto ! Rétorqua-t-il en ébouriffant mes cheveux, et je ris de nouveau. Tou va mé fèr moulil, avec ta beautéééé...

─ Hahaha ! C'est quoi cet accent ridicule ?

─ Ma quel accent ? Jé dis jouste que jé souis prêt à risquer la intoxicación alimentaria à cause dé.... vouuuu... usted ? Bref.

─ On peut savoir quelle langue tu parles, Alessio... ? C'est du Turc ?

─ Mais kesturacontes jeune fille, au début c'était de l'italien, et ensuite, de l'espagnol ! T'es un poco ignorante toi, hein ?

─ Bwahaha mais arrête, putain, j'en peux plus. Idiot va ! »

Il me jeta sur son épaule comme un vulgaire sac de pommes de terre :

« Tu sais quoi, pas la peine de commander. Je vais faire à manger, moi. Assieds-toi et admire un peu ! ».

L'heure bleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant