L'heure bleue

7

 Après mon service à Starbucks, je filai droit à la maison. Ça faisait déjà quatre jours que je n'avais pas dormi dans mon lit, entre la soirée chez mon père, puis la nuit au Havre et chez Alessio... j'étais contente de rentrer chez moi. Magali m'avait manqué.

« Magali ? Appelai-je en ouvrant la porte.

─ Yo ! Chuis là ! »

  Je la trouvai affalée sur le canapé, les cheveux noués à la va-vite, un bol de pop corn sur les genoux et les pieds croisés sur la table basse. Je souris en réalisant qu'elle portait de grosses chaussettes dépareillées. Alors que je me redressais après l'avoir embrassée sur la joue, elle me retint par les épaules.

« Yeux brillants, sourire niais... Tu as l'air radieuse, constata-t-elle d'un ton accusateur. Que se passe-t-il que j'ignore ? »

Ah ! A force de vivre avec moi, Magali me connaissait un peu trop bien...

« Comment dire ?... J'étais avec Alessio.

─ Quand ça ?! Tu reviens du travail, là. Nooon, me dis pas la nuit dernière quand même ?

─ Si.

─ Putain de merde ! Hurla Magali en renversant la moitié du pop corn sur ses jambes, et je fis un pas de côté pour éviter la salve. Dis-moi que vous avez baisé. Vite ! Ce suspense est intolérable. Je meurs. »

Je lui fis une moue équivoque. Elle poussa un hurlement strident.

« Enfin ! Depuis le temps, putain ! Une fois ? Deux fois ? Non, attends ? TROIS FOIS ? Wahou !

─ Comme tu dis.

─ Putaaaain ! On s'ennuie pas, avec vous. Rah la chance que t'as ! »

Je ris avec elle.

« C'était comment ? Reprit Magali, suspendue à mes lèvres.

─ Dis donc, Magali...

─ Ben quoi ? On veut toutes savoir si le bel Alessio est doué de son corps, ou non..., dit-elle en haussant et abaissant plusieurs fois les sourcils, l'air suggestif. Sinon quel intérêt, je te le demande un peu ?

─ Il l'est, répondis-je en levant les yeux au ciel. J'ai eu mes orgasmes, t'inquiète pas...

─ Huhu ! Et une petite déclaration d'amour, peut-être aussi ?

─ En quelque sorte », me dis-je, me rappelant ce qu'Alessio m'avait dit la veille et le matin même.

Comme ce n'était pas exactement les mots que j'avais espéré entendre, mais quasiment, j'étais incertaine, mais pas Magali. Elle se mit à pousser des hurlements de joie en envoyant son saladier dans les airs. Je m'éloignai précipitamment avant de me retrouver avec du pop corn emmêlé dans les cheveux.

« Yeeeeeeeeessss ! Tope-là ! (Je topai là). Rolala, félicitations, Dani Soares, te voilà officiellement en couple. Hip hip hip ! »

Sa phrase me fit tout de même un choc, je dois l'avouer. Entendre ça comme ça à haute voix...

« Putain ! Qui l'eut cru, hein ?

─ Moi, depuis le début. J'suis trop contente. Lisa va péter un câble ! Faut absolument qu'on fête ça. Et toi, t'es contente, Dani ? »

Contente. Flippée. Bref, rien de nouveau sous le soleil...

« C'était inévitable, alors je crois que... je me suis habituée à l'idée, en chemin. Bref. Déjà, Magali, t'es en pyjama, lui fis-je remarquer. T'es pas prête du tout. Tu viens plus au Kaziski-Jolie ?