Le ciel était bas, couvert de nuages gris. Il faisait à peine dix degrés mais depuis trente minutes qu'on courrait dans ce parc, je ne sentais plus le froid. J'avais calqué ma foulée sur celle de Raphaël. On évitait de trop parler et rigoler parce qu'il n'était pas si endurant que ça, d'après lui, mais c'était peine perdue, tellement il me racontait de bêtises. Personnellement, je tenais le coup grâce au kick-boxing. Lui se débrouillait franchement pas mal pour un type qui ne faisait pas beaucoup de sport, soit disant...
« Et tu vois, me dit-il en ahanant, en première année d'Histoire de l'art, on t'apprend tout un tas d'infos passionnantes concernant l'art médiéval et l'art des temps modernes, c'est à dire, la Renaissance. Ce qui me permet de briller quand j'invite une fille à sortir. Première partie du rencard dans un musée et bim. Elle est sous le charme de mon érudition.
─ La classe..., commentai-je, taquine.
─ Ben oui la classe ! Donc, c'est jamais perdu, de se réorienter... maintenant, je suis un journaliste qui en sait long sur l'art. Ça le fait toujours plus que « type qui s'est rendu compte que son premier choix d'études, ça allait pas le faire et qui s'est rabattu sur la presse parce qu'il écrit pas trop mal ».
─ Mais quel vantard ! Pourquoi on court au lieu d'aller au Louvres alors ? Répondis-je, toute souriante.
─ Parce qu'il me fallait absolument un prétexte pour te voir dans des vêtements très moulants ? »
Je lui frappai le bras. Rapha se mit à rire.
« Attention, j'ai déjà un gros point de côté... ne m'achève pas, je pourrais ne pas m'en remettre ! On fait une petite pause ? »
Je hochai la tête. Raphaël me prit par la main et m'entraîna hors du sentier. Je savais ce qu'il avait en tête, aussi pouffai-je de rire lorsqu'il contourna un arbre pour nous dissimuler à la vue des passants, me plaqua gentiment contre le tronc noueux et happa mes lèvres. Il embrassait vraiment très bien, y'avait pas à dire. J'avais déjà remarqué ce détail le soir où on avait prit ce premier verre. Premier verre désastreux selon moi. J'étais encore embarrassée de mon attitude ahurissante d'alors. Je m'étais montrée dans un sale état. J'avais trop bu, et j'étais encore énervée d'avoir vu... ce que j'avais vu. Bref, cette fois, il avait la vraie Dani en face de lui, et apparemment, elle ne semblait pas lui déplaire.
« Tu sens super bon », me dit Raphaël en glissant la main dans mes cheveux.
Il immobilisa sa paume sur ma nuque et exerça une légère pression pour que mon front se retrouve contre le sien.
Je fronçai le nez, dubitative.
« Tu blagues ou quoi ? J'ai besoin d'une bonne douche, oui.
─ Non je trouve pas... j'aime l'odeur de ta peau ».
Sur quoi il s'empara de mes lèvres de nouveau.
On s'était donné rendez-vous en ce samedi matin pour faire un footing. C'était moi qui avais fait le premier pas, quelques jours plus tôt, après lui avoir présenté des excuses pour mon comportement ridicule. Il ne m'en avait pas tenu rigueur ; il semblait très heureux que je lui propose de se revoir. J'avais été presque surprise qu'il accepte. Non, pas tant que ça au fond. La façon dont il me regardait voulait tout dire. En plus, c'était réciproque. Enfin, presque. Raph me plaisait. Mais voilà... je n'étais pas sûre d'avoir envie de sortir sérieusement avec quelqu'un... oui bon, comme d'hab. En fait, je voulais quelque chose de lui certes, mais quelque chose de léger... et plein de câlins, de préférence. Il fallait encore que je trouve le moyen de lui faire comprendre ça, et de voir ce qu'il en pensait.

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L'heure bleue
Novela JuvenilDifficile pour Alessio de ne pas craquer pour Daniela, une étudiante qui l'aide en sciences. Elle est jolie, sûre d'elle, sexy... et surtout de cinq ans plus âgée que lui. Résultat, il a la nette et douloureuse impression de n'être qu'un gamin à s...