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Daniela

« Lâche-moi », exigeai-je.

A ma grande surprise, il s'exécuta. Je me remis à respirer.

« Attends un peu, Dani, fit-il d'un ton cynique. Je pense que tu me dois des excuses, toi aussi. C'était cruel de me rire au nez comme tu l'as fait au Havre, quand je t'ai offert cette bague. Tu n'imagines pas le courage qu'il faut à un homme pour offrir une bague à une femme... et toi tu m'as ri à la figure ! Et ensuite, tu m'as planté là, devant tous mes amis... j'ai eu l'air ridicule à cause de toi.

─ Mon Dieu, Raphaël, oui, OK, je suis désolée. C'était pas voulu. Je ne me moquais pas de toi, je me moquais de la situation dans laquelle je m'étais mise moi-même. Je la trouvais absurde. Et tu sais bien pourquoi je suis partie. Je te rappelle que tu as insinué que j'étais... heu... une « salope ». »

Le mot m'écorcha la bouche. Ce n'est pas parce qu'il était un peu légitime, qu'il ne faisait pas mal. Combien de fois l'avais-je entendu ? Je savais qu'une part de moi était une salope, mais je n'avais pas envie de me l'entendre dire pour autant. Je passai sous silence la gifle qu'il m'avait flanquée, tout en sachant qu'il y pensait lui aussi.

« Écoute, je me suis excusé, pour tout ça. J'étais énervé, et c'était de ta faute, alors tu ne peux pas me reprocher de m'être mis en colère. Ce que tu as fait, c'est mal, Dani. Folâtrer avec Alessio tout en me vendant du rêve, alors que j'étais sincère avec toi ! Et maintenant tu m'annonces tranquillement être avec lui, alors que tu ne cesses de me répéter que tu as peur de l'engagement... Comment je suis censé le prendre, moi, hein ? Tu crois que je vais vous féliciter ? »

Il commençait à s'exciter tout seul. Je me mis à bafouiller, gagnée par la nervosité.

« C'est... écoute, c'est comme ça, je n'y peux rien, merde ! Ca fait très longtemps que j'aime Alessio. Il fallait que je donne une chance à notre histoire. Franchement, ça veut pas dire que je n'ai plus peur de l'engagement... à vrai dire je n'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie. »

Parce que j'avais de nouveau quelque chose à perdre : ma tranquillité d'esprit. Quand j'étais seule je n'avais à me soucier que de moi-même, et maintenant... j'avais peur de tout gâcher, et de perdre Alessio dans la foulée, puis moi-même dans ce gouffre noir qui n'attendait que la première opportunité de m'aspirer de nouveau, je le savais.

Mais je gardai ça pour moi.

« En tout cas, je suis désolée si tu t'es attaché plus que moi, mais je ne peux rien faire contre mes sentiments. Et franchement Raphaël je t'avais prévenu quand on a commencé à se voir... t'es vraiment de mauvaise foi, tu joues la victime. Arrête un peu. »

Il haussa la voix.

« Tu devrais arrêter, toi, et descendre un peu de tes grands chevaux ! Tu n'arrêtes pas de me rejeter. Tu me fais mal chaque fois que je te voie, alors que je suis un type bien, bourré de qualités. Pourquoi lui ? Qu'est-ce qu'il a que je n'ai pas, ce sale gosse ? Je pourrais tout t'offrir... mais tu ne veux pas. Ça m'échappe totalement.

─ Ça m'intéresse pas, Raphaël, accepte-le... tu peux pas plaire à tout le monde.

─ C'est moi que tu aurais dû choisir, dit simplement Raphaël. Moi, pas lui. »

Il me jeta un sale regard, bien dédaigneux comme il faut. Je savais que son ego de jeune homme qui réussissait bien avait pris un coup à cause de cette histoire, mais que voulait-il que je lui dise, à la fin ? Combien de fois j'allais devoir lui expliquer que j'étais amoureuse d'Alessio ? J'aimais Alessio, point barre. Je me moquais bien qu'il soit un gamin sans situation, il ne m'attirait pas pour ce qu'il pouvait m'acheter mais juste parce que je me sentais bien avec lui, plus légère que d'habitude. Et qu'il me faisait rire.

L'heure bleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant