Paul m'avait envoyé un message sur FaceBook pour me convier à une soirée bowling, le mercredi soir. Exceptionnellement, il ne tenait pas le bar du K-Jolie ce soir-là et voulait en profiter pour faire un truc sympa avec qui voulait bien venir. Soraya ayant été conviée également, nous décidâmes d'y aller ensemble.
Lorsque nous arrivâmes, il y avait déjà pas mal de têtes connues : Paul qui nous accueillit avec sa bonne humeur habituelle, Viola qui m'ignora royalement, Antoine qui me sauta dans les bras, et un certain David, très sympa, apparemment copain d'Alessio. Lequel Alessio brillait par son absence. Il y avait aussi deux copines de Viola, dont la fille avec qui elle parlait de moi le soir du concert, et quelques connaissances de Paul que je n'avais jamais vues de ma vie.
Soraya, Antoine et moi prîmes un verre au bar en rigolant.
« Il vient pas, ton chéri ? Me demanda Soraya après une demi-heure à glander.
─ Je vois pas de qui tu parles », répondis-je d'une voix égale.
Elle me sourit d'un air entendu mais n'insista pas. Elle savait que j'étais plutôt contrariée à cause d'un certain SMS.
Cinq minutes plus tard, Alessio arriva. Une entrée plutôt remarquée, à vrai dire. Il dut traverser toute la salle pour rejoindre notre groupe, et je vis une fille ou deux tourner la tête pour le suivre du regard. Il vint s'accouder au bar à côté de Paul, pas loin de moi. Je le détaillai, moi aussi. Ce petit con ! Rasé de près, en jean et chemise blanche, cravate légèrement desserrée, cheveux châtains ébouriffés, la totale. Bordel de merde ! Il avait jeté son blazer bleu marine sur le dossier d'une chaise non loin. Je bavais littéralement. Je n'étais pas la seule. La serveuse, une grande rousse qui portait ses cheveux en queue de cheval, le regardait avec des yeux ronds.
« Dis donc, t'es classe, lui fit remarquer Paul qui buvait sa bière. D'où tu viens comme ça ?
─ Du dîner d'anniversaire de ma mère », répondit Alessio.
Ca fit rire Paul.
« Quoi, tu mets une chemise et une cravate pour son anniversaire ? »
Alessio lui tira la langue.
« Chaque année, sans faute. C'est ma mère, quand même. »
Rolala ! Viola et moi échangeâmes un regard, consternées par tant de courtoisie. Elle me fusilla des yeux, l'air de me dire « C'est-pas-avec-toi-qu'il-va-finir-celui-là-moi-je-te-le-dis ».
Qu'est-ce qu'il était exaspérant d'être aussi craquant ! Et il ne faisait même pas exprès, en plus.
« On était aux Champs-Elysées, dans un restaurant super huppé. J'allais sûrement pas entrer en mode junkie de toute façon », ajouta Alessio.
Viola s'approcha des garçons, rejetant ses cheveux noirs d'un geste gracieux de la tête.
« Salut bébé, minauda-t-elle.
─ Salut Vi. »
Il l'embrassa sur la joue, très près de l'oreille, et je détournai les yeux.
« On rentre ensemble après ? Entendis-je Viola demander.
─ Oui. Tu joues avec nous ?
─ Plus tard, sans doute. Je suis en train de boire un verre avec Lucie, là.
─ OK. Ben à toute alors, fit Alessio.
─ Embrasse-moi d'abord. »
Ils échangèrent un baiser, j'imagine. Toute façon, je ne regardais pas. Puis Viola passa près de moi et s'éloigna vers la table de son amie.
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L'heure bleue
Roman pour AdolescentsDifficile pour Alessio de ne pas craquer pour Daniela, une étudiante qui l'aide en sciences. Elle est jolie, sûre d'elle, sexy... et surtout de cinq ans plus âgée que lui. Résultat, il a la nette et douloureuse impression de n'être qu'un gamin à s...