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Alessio


  Deux jours plus tard, jeudi matin, je n'avais pas cours, et Dani ne travaillait pas non plus ce jour-là. Nous déambulions entre les rayons du supermarché en nous marrant tant et plus. C'était une belle matinée, on était euphorique d'être ensemble, et l'effet était décuplé par le joint qu'on avait partagé un peu avant d'entrer dans le magasin, à l'abri des regards indésirables.

Je poussais le caddie. Dani ouvrait la marche, excitée comme une puce. Elle sautillait tout autour de moi.

« Alessiooo ! On prend des céréales, me lança-t-elle en faisant le V de la victoire.

─ Riche idée. Lesquelles tu veux mon chou à la crème ? Ma tarte au citron meringuée ? Mon éclair au chocolat ? »

Dani pouffa de rire.

« Chocapic, Miel Pops, Coco Pops..., cita-t-elle en comptant sur ses doigts.

─ Rolala, la vache ! T'es une épicerie à toi seule. »

Un peu moqueur, je jetai obligeamment les paquets susmentionnés dans notre caddie. Dani me tira la langue. En vrai, j'étais amusé. Elle était trop mignonne ! Et définitivement de bonne humeur, tout comme moi. On planait un peu.

« Et en combien de temps tu penses finir tout ça ? M'enquis-je.

─ Deux semaines ?

─ Eh bé ! Tu rigoles pas, toi, hein ?

─ Non, dit Dani, l'air très sérieux tout à coup. Je rigole jamais avec les céréales.

─ Hahaha ! T'as la fièvre céréalière...

─ Chut ! Il nous faut des M&M's, aussi, bien sûr. Je ne reste pas chez toi si y'a pas de M&M's, t'as compris, mon grand ?

─ Des Smarties, tu veux dire, la taquinai-je. C'est pas des vrais M&M's si y'a pas de cacahuètes dedans, hein. On en a déjà débattu longuement, bébé.

─ C'est ça, fous-toi de moi, fous-toi de moi... »

  Sans prévenir, je tirai sur son bonnet pour qu'il lui descende sur les yeux. Dani poussa un petit cri indigné, et je l'attrapai pour mordiller malicieusement sa lèvre inférieure. Elle n'avait pas besoin de voir pour se hisser sur la pointe des pieds et jeter les bras autour de mon cou. Elle entrouvrit la bouche et je taquinai sa langue avec la mienne.

« Je suis tellement content que tu sois là, ma Dani » lui dis-je entre deux baisers.

Je la sentis sourire contre ma bouche.

« Je crois que je suis encore plus contente que toi » répondit-elle, et elle monta sur mes Converse pour que je la serre dans mes bras.

Ce que je fis en tanguant exagérément ; Dani s'esclaffa joyeusement et s'accrocha à moi au moment précis où j'essayai d'esquiver un type à lunettes qui arrivait à vive allure. Collision. Dani rit encore plus fort ; le quidam nous jeta un regard de reproche en passant. Je lui offris une moue navrée.

« Désolé, m'sieur.

─ Faites pas chier, m'sieur, renchérit Dani, hilare.

─ J'espère que je vous ai pas fait mal, m'sieur, ajoutai-je.

─ Hé ! Le monsieur ! On te parle ! »

  On hurla de rire lorsqu'il nous fit carrément un doigt d'honneur en tournant le coin et nous tapâmes dans la main sans même nous regarder.

  Les courses payées, on alla charger le coffre de la voiture. Puis nous remontâmes dans le centre commercial dans l'idée d'aller déjeuner. Sauf qu'en chemin, Dani ralentit le pas et désigna un magasin aux néons rose flashy. Elle s'arrêta, me regarda avec des yeux brillants, suppliants. Je m'entendis grogner en signe de protestation.

L'heure bleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant