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Alessio


Ca prit une heure de plus, l'affaire commissariat ; en sortant de là, j'avais la tête comme ça.

Quand les agents du PC m'y avaient déposé, un officier gradé m'avait fait asseoir à son bureau pour procéder à la vérification de mon identité en me posant tout un tas de questions. Il avait vérifié des fichiers sur son ordinateur, s'était entretenu avec mon père, lequel avait encore signé des trucs.

Finalement, on m'avait rendu mes affaires et on avait pu partir. J'étais à un tel stade d'agacement à ce moment-là que je n'étais plus capable de piper un mot.

Dans la voiture, alors que mes parents se disputaient à cause de moi, je vérifiai mon portable en silence. J'avais un SMS de Jules qui demandait si j'allais bien, un de Paul qui bossait encore au K-Jolie à cette heure et voulait savoir si on pouvait se voir le lendemain, un dernier de Mathilde qui me racontait une blague. Dani n'avait retourné aucun de mes appels, et le SMS que je lui avais envoyé à la seconde où on m'avait rendu mon tel était resté sans réponse lui aussi.

J'étais mort à l'intérieur.

Lorsqu'on arriva finalement à la maison, chez mes parents, dans cette même maison où Dani m'avait fait du tutorat pendant deux ans, il était quasiment minuit. Malgré l'heure avancée, nous nous installâmes tous dans le salon sur ordre de Maman. Papa faisait des allées et venues devant moi, la mine préoccupée, tandis que ma mère me fusillait du regard, blottie dans un coin du canapé. Un châle était posé sur ses épaules. Elle avait les larmes aux yeux. J'eus honte de la voir dans cet état. Tout était de ma faute... Putain ! Quel bazar.

« Je suis désolé..., commençai-je d'une voix hésitante, mais Maman bondit sur ses pieds et me colla une claque retentissante. Aller-retour.

─ Mais enfin, qu'est-ce qui t'a pris, Alessio ? haleta-t-elle, la voix vibrante de colère. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ridicule d'aller se battre à une soirée huppée ? Tu crois que je t'ai élevé pour te montrer aussi grossier ? En plus, tu as impliqué Lucien Lurier ?! Tu te rends compte de la honte que tu me fais vivre ? Tu sais comme c'est important pour moi que notre famille ait une bonne image ! Mais à quoi tu joues, bon Dieu ! Espèce d'idiot ! »

Elle criait de plus en plus fort et sa voix montait dans les aigus. Je ne répondis pas, me contentant d'écouter en silence. Je l'avais bien mérité, non ?

« Doucement, Sophie, intervint Papa. Laisse-le donc s'expliquer.

─ Y'a rien à dire, marmonnai-je.

─ Ah non non mon garçon, ça ne va pas se passer comme ça. Tu ferais mieux de parler, et vite. On est tous fatigué et on n'a pas toute la nuit. »

Je levai les yeux vers lui. Il me regardait, mi-exaspéré mi-inquiet.

« Très bien, dis-je. Je me suis battu parce que... ce salopard a fait du mal à ma copine.

─ Ta copine ? Quelle copine ? Intervint Maman, yeux écarquillés. Tu n'as pas de copine. Pas depuis Céline.

─ Ben si. J'ai une copine.

─ Première nouvelle ! Est-ce qu'on la connait ? »

J'hésitai, marquant un arrêt.

« Oui, avouai-je.

─ C'est qui, bon sang ? Pour qui tu t'es battu de cette façon ?!

─ Pour Dani. »

Il y eut un silence incrédule que je me gardai bien de rompre. Oh là là...

L'heure bleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant