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Après une mauvaise nuit, je me réveillai bien malade, fatiguée comme si je n'avais pas dormi, et de méchante humeur avec ça. Je décidai de traîner ma carcasse chez le médecin pour esquiver le Starbucks. J'attendis une bonne heure dans la salle d'attente, la musique dans mon casque m'empêchant de péter une durite. Le doc me dit que c'était rien du tout, mais qu'un peu de repos ne me ferait pas de mal. Mon arrêt maladie envoyé aux principaux intéressés, je rentrai directement à la maison. J'étais ravie de ce jour de congé imprévu. Je passai la journée à lire, boire du thé au gingembre, grignoter des cookies, compléter un rapport pour l'association, et dormir. Pas forcément dans cet ordre. Dehors, il s'était mis à pleuvoir.

Je pensai aussi à Alessio. Certes. Je me repassai une fois de plus la scène sur le quai de métro, cherchant à comprendre comment les choses avaient pu déraper de cette façon. J'en conclus qu'il avait été jaloux du blondinet qui m'avait embrassée, et que c'était le point de départ de tout cet esclandre. Cela me fit ridiculement plaisir. Je pense qu'il était plus attaché à moi qu'il ne voulait le montrer. Je pensais aussi qu'il m'en voulait un peu d'avoir coupé les ponts trois ans plus tôt, malgré m'avoir affirmé le contraire lors du verre qu'on avait prit ensemble. Ca me semblait logique. Personnellement, je m'en voudrais. Alors pourquoi pas lui ? D'autant qu'à l'époque, ses sentiments étaient plus forts que les miens. Aujourd'hui, je ne savais pas ce qu'il ressentait exactement, ni ce qu'il voulait... difficile à dire, avec Viola en plein milieu. Personnellement, je n'étais pas contre un rapprochement, mais fallait pas trop rêver. Rêver faisait mal.

« Je sors, m'annonça Magali vers 17h. Je vais voir Valentin. Je ne rentrerai pas tard. Mange et couche-toi tôt, toi.

─ Merci Mag... Amuse-toi bien. »

Je l'embrassai sur la joue, et elle partit. L'appartement plongea dans une léthargie silencieuse. J'allumai les lumières vers 18h, puisqu'on y voyait plus rien, et à cet instant, je me souvins que j'avais totalement oublié de répondre au SMS qu'Alessio m'avait envoyé la veille. Poussée par une impulsion soudaine, je décidai de l'appeler. Il décrocha à la deuxième sonnerie.

« Salut, Dani.

─ Salut, toi, dis-je. Quoi de neuf depuis la dernière fois ? Tu as retrouvé ton calme ? »

Soupir.

« J'ai retrouvé mon calme. Qu'est-ce que tu veux ?

─ Rien de spé. En fait, j'avais juste envie d'entendre ta jolie voix ».

Silence surpris au bout du fil.

« Allô ?

─ Oui, je suis là, dit Alessio.

─ Cool. Bref heu... ça va sinon ? T'as foutu quoi de ta journée ? En ce beau dimanche pluvieux.

─ J'ai révisé. J'ai joué au basket avec des copains. J'ai dessiné.

─ Dis donc, ça fait mille ans que j'ai pas vu tes dessins... tu es encore plus doué qu'avant, je suppose ?

─ Bon. Qu'est-ce qui se passe, Dani ? Avec tout le respect que je te dois, j'ai l'impression que t'as pris de la drogue. »

Je levai les yeux au ciel.

« Mais non, idiot ! Je suis juste malade, et j'ai rien foutu de ma journée. Et en fait je tourne en rond comme un lion en cage.

─ Ah ! Je suis pas très loin de chez toi, à vrai dire... Tu veux que je passe ? »

Oh joie ! Oh bonheur !

« Ouais, si tu veux, répondis-je d'un ton faussement nonchalant. Tu peux être là dans combien de temps, tu crois ?

─ J'sais pas moi, quinze minutes ?

L'heure bleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant