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« J'ai même pas mis la langue..., le taquinai-je.

─ Tu vas voir si je vais pas la mettre la langue, moi ! » S'écria-t-il en me sautant dessus.

J'éclatai de rire. Nous roulâmes sur mon lit et faillîmes basculer par dessus bord. Je rompis notre baiser en me marrant comme une baleine. Alessio me rattrapa in extremis ; je m'agrippai tant bien que mal à son cou. Il se pencha et caressa le bout de mon nez avec le sien. Mon cœur rata un battement. Il me tenait solidement, je ne risquais pas de tomber... c'est de voir son visage si près du mien qui affolait mon rythme cardiaque de cette façon.

Je posai les mains sur ses joues, me surélevai légèrement et lui volai un petit baiser. En reposant la tête sur mon oreiller, je m'aperçus qu'il me dévisageait. Comme s'il caressait mon visage du regard. La dévotion dans ses yeux était évidente ; je me sentis rosir de plaisir.

Puis je fis mine de m'éclaircir la voix.

« Hum hum ! Et mon suçon, alors ? C'est bon, on est tout seul là... »

Alessio eut l'air amusé.

« Dis donc, pour me réclamer des trucs comme ça il faudrait déjà que tu me plaises assez pour que j'aie envie de t'en faire, ma vieille. Tu t'es regardée récemment, avec tes cheveux tout en bataille ? On dirait presque un épouvantail. Ou une sorcière. Je n'arrive pas à trancher. »

Quoi ?! Il pouffa de rire face à ma moue scandalisée. Mais je ne pus m'empêcher de rire avec lui.

« Imbécile ! T'es vraiment un goujat. »

Ses yeux pétillaient de malice.

« Bon Dieu Dani t'es tellement si belle... Surtout quand tu ris. J'adore quand tu ris. Ça me fait réaliser que je t'entends pas rire tant que ça, en fait. Tu sais moi à l'époque du tutorat, je pensais que tu me voyais même pas ! Ça me rendait complètement dingue. J'aurais fait n'importe quoi pour que tu t'intéresses vraiment à moi.

─ Au contraire, je ne te voyais que trop bien, dis-je en passant tendrement la main dans ses cheveux. C'est sûrement pour ça que je me contentais de jouer avec toi comme ça, ça me permettait de garder l'avantage, de pas perdre le contrôle. Je voyais que je te perturbais, ça me rassurait, je gardais la main. Mais la vérité, c'est que... j'avais peur de toi, du pouvoir que tu pouvais avoir sur moi si je te laissais faire. Tu sais, j'ai jamais voulu ce qui s'est passé. Je parle de comment tout ça s'est terminé. Je l'ai pas du tout prémédité. A un moment donné, pour moi, c'était devenu la seule chose à faire et puis voilà. J'ai pris la fuite. Mais tu m'as manqué horriblement. N'empêche, je devais continuer ma vie malgré tout. Et puis tu sais...

─ Mon Dieu mais pourquoi t'as l'air si triste maintenant ?! »

J'haussai les épaules.

« Bah pour être claire je ne sais pas si j'arriverai jamais à... surmonter mes angoisses. Je sais, c'est présomptueux de ma part de dire ça mais... quoi que je fasse, j'ai l'impression de me heurter aux mêmes murs. Je pensais que c'était plus honnête de te le dire. Je ne sais pas combien de temps ça va durer encore avant que je n'arrive à recoller tous les morceaux. Des fois ça va mieux, d'autres fois pas du tout. Tu comprends ? J'essaie de t'expliquer que je n'attends pas de miracle et que tu devrais pas toi non plus. »

Je ne riais plus du tout. Je venais de lui ouvrir une porte de sortie. S'il voulait s'enfuir, il pouvait. Mes mains s'étaient remises à trembler rien qu'à cause de l'effort fourni pour prononcer ces mots. Je les cachai sous mes cuisses. Je me sentais horriblement nue, et pas à l'aise.

Pas dupe, Alessio en récupéra une et la serra dans la sienne.

« Je comprends Dani. Ne t'inquiète pas, je voudrais être là pour toi. J'aimerais que tu saches que tu peux compter sur moi. C'est pas le fait que tu sois encore en deuil qui me dérange entre nous.

L'heure bleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant