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« C'est une blague ? Demanda Alessio d'un ton circonspect.

─ Non. »

Il ne répondit pas.

« Ce silence gênant veut dire.... ? Me risquai-je finalement, incertaine.

─ Bon sang, t'arrêtes d'agir en enfant gâtée ?! Laisse-moi respirer un peu. On est plus dans le bureau de Papa, en train de réviser ».

Je l'avais pas volée, celle-là, aussi me tus-je. Heureusement qu'il ne pouvait pas me voir, parce que ce qu'il dit ensuite m'acheva totalement. Il posa la main sur mon genou.

« Tu sais, j'ai compris le jour où je t'ai revue dans ce Starbucks que je devais faire très attention sous peine de t'avoir de nouveau dans la peau en un rien de temps. Or récemment... »

Mon cœur bondit dans ma poitrine et je retins mon souffle, suspendue à ses mots.

« Je te l'ai déjà dit. Je pense qu'à toi toute la journée, à tes yeux, à tes seins... à tes lèvres. Tu comprends ce que je te dis ? »

Je hochai la tête, avant de me rappeler qu'il ne pouvait pas vraiment me voir.

« Oui. Je comprends.

─ Voilà. Mais moi ça ne me convient pas, Dani. Plus le temps passe moins ça me convient. Moins j'y crois en fait. »

J'avalai difficilement ma salive. Ma tension venait de monter d'un cran. Je sentais que je perdais mon calme. Il fallait qu'il y croie. S'il n'y croyait plus, on était foutu, c'est tout.

« Qu'est-ce qu'il y a de mal à ça ? Tu penses à moi, et alors, je pense à toi tout le temps moi aussi. Pourquoi ça ne te convient pas ? Pourquoi t'y crois moins ? Je viens de te demander de sortir avec moi, putain Alessio ! »

Il eut un autre soupir.

« Oui, tu me demandes ça aujourd'hui, et y'a moins d'une semaine tu me demandais autre chose. Qui sait ce que tu me demanderas demain ? Tu sais pas ce que tu veux Dani, parce que t'es pas prête. Peu importe le temps qui passe : pas prête. T'étonnes pas donc si je sens que je suis en train de me faire avoir.

─ Dis donc, t'y vas fort, là... J'ai envie qu'on soit ensemble. Je suis prête maintenant.

─ Non, tu ne l'es pas, Dani. Je pense que tu me proposes ça parce que tu t'y sens obligée. Et tu t'y sens obligée, parce que je suis en colère, ou parce que je te parle moins en ce moment. Tu sais... t'as pas besoin de faire semblant avec moi. Toute façon je commence à penser qu'on est pas fait pour être ensemble, et puis c'est tout.

─ Mais enfin, Alessio ! »

Je restai sans voix après ça. Quoi ! Quel sacrilège ! Comment osait-il ?! Ses mots m'avaient désarçonnée.

« Tu fais comme si tu ne comprenais pas les conséquences de ce qui se passe ici, reprit Alessio, le ton franchement contrarié. En plus, tu sais bien l'effet que tu me fais.

─ Quoi ? Tu veux dire bander dans les ascenseurs... et dans les placards ? »

Étant justement assise sur son érection, j'avais voulu alléger l'atmosphère en le taquinant, mais c'était pas tout à fait réussi. Il eut un petit rire désabusé mais n'ajouta rien. Je sentais qu'il était vraiment en colère... Contre moi ? Non. Contre lui-même, compris-je. Contre lui-même de toujours espérer quelque chose de moi.

Oh misère.

« Alessio, s'il te plaît, dis-je le plus calmement possible en posant mon nez contre le sien. Moi j'ai toujours pensé qu'on était fait pour être ensemble. C'est justement pour ça que j'ai peur de tenter avec toi. Fais gaffe. Si tu me dis non maintenant, je pense que je ne m'en remettrai pas. »

L'heure bleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant