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Mai 2014


J'ouvris la porte du restaurant, et des effluves de nourriture doublés de bruits de conversations me sautèrent au visage. Mathilde me sourit d'un air complice en passant devant moi. Je lui rendis son sourire. Anna la suivit en tirant Antoine par la main.

On était samedi soir, et les filles avaient voulu sortir en couple. On devait se faire un ciné après le dîner.

Antoine était très nerveux, d'une timidité presque maladive avec les filles. Il aimait bien Anna, et par chance, celle-ci craquait totalement pour lui. Ce n'était que leur deuxième rendez-vous, et j'avais dû lui parler pendant près d'une demi-heure avant que les filles n'arrivent pour qu'il décompresse un peu. Je le vis ajuster ses lunettes sur son nez d'une main incertaine alors que les filles se posaient dans un box vide.

Je les rejoignis et embrassai Mathilde sur le nez. Elle vint se lover contre moi sans lâcher son menu du regard. Ses cheveux relevés en chignon sentaient bon, sa peau était douce sous les caresses que je prodiguais à son bras. Je me sentais bien.

Anna retira les lunettes d'Antoine.

« Fais... fais pas ça, j'y vois plus rien !

─ Mais t'es trop mignon sans !

─ A... arrête, Anna. »

Elle rit et sans crier garde, tira sur le col de son polo pour déposer un gros baiser sur sa bouche. Je ris en voyant Antoine rougir jusqu'à la racine des cheveux.

Un peu plus tard, la serveuse déposa nos commandes, et alors qu'on commençait à peine à manger...

« Wahou, y'a du monde ! » lança une voix familière.

Mon cœur rata un battement. Je levai vivement les yeux pour voir Daniela se diriger vers nous, escortée de quatre personnes : Julie, Corentin, un type que je ne connaissais pas et pour finir, l'insupportable Jose. J'avais des envies de meurtre juste à le regarder. Ce connard. Il la tenait étroitement par la taille. Je faillis recracher ma gorgée de Coca en voyant qu'il descendait lascivement sa main jusqu'à sa fesse.

Dani ne réagit pas violemment comme je l'aurais voulu ; elle se contenta de lui sourire en l'obligeant à remettre sa main autour de sa taille. Jose lui chuchota quelque chose à l'oreille, à travers ses cheveux, et elle rejeta la tête en arrière et rit. Il sourit, la regardant d'un air gourmand. Et je le comprenais, ce con. Le pansement sur sa joue avait disparu. Elle était éblouissante dans sa robe blanche, toute simple, qui lui donnait l'air si innocent et inoffensif, mettait en valeur le noir de ses cheveux et le rose de ses lèvres. Elle portait des talons argentés vertigineux, très fins, qui ne faisaient qu'allonger ses jambes qui à mon humble avis n'en avaient absolument pas besoin. Je ne sais pas ce qu'il y avait chez Dani qui faisait que j'étais incapable de regarder ailleurs lorsqu'elle se trouvait dans la même pièce. Quelque chose d'indéniablement magnétique et irrésistible, contre lequel il me paraissait bien difficile de lutter.

Il le fallait pourtant.

« Détourne le regard, Alessio ! » m'ordonnai-je à moi-même. J'avais Mathilde dans les bras, putain.

Je m'obligeai à regarder ailleurs.

Julie me repéra la première. Son visage s'éclaira.

« Oh ! Alessio ! s'écria-t-elle. Comment ça va ?

─ Salut, Julie » répondis-je en lui faisant un signe de la main .

Dani me fixait, l'air d'être prise de court à son tour. Comme elle avait annulé nos séances de révisions de la semaine dernière pour cause de partiels à réviser, ça faisait deux semaines que je ne l'avais pas vue. Une éternité.

L'heure bleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant