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« Tu me paies mon chocolat ? Demanda la fille à Alessio en passant son bras sous le sien.

─ Et puis quoi encore ? C'est ton anniversaire, peut-être ?

─ Hey ! Arrête de m'embêter, tu le sais très bien que c'est mon anniv' !

─ T'inquiète, ma puce, intervint l'autre mec, sourcils haussés. Je te paierai tout ce que tu voudras, moi. Si tu sors avec moi.

─ Haha ! Léo, espèce de taré, tu m'as prise pour une escort ? »

La fille et le type étaient morts de rire, mais Alessio ne leur prêtait plus aucune attention. Il venait de me reconnaître derrière le bar, et j'eus l'impression qu'on lui avait jeté un seau d'eau au visage.

Il y eut un instant de flottement, très court, avant qu'il ne me gratifie d'un sourire complice. Je lui souris timidement en retour et lui tendis son Macchiato.

« Mocha glacé pour Léo, annonçai-je ensuite d'une voix claire. Frappucino Chocolat pour Vi.

─ Merci ! »

Le dénommé Léo s'empara des deux gobelets et, sans perdre un instant, il entraîna Alessio vers le fond de la salle, où la fille était déjà en train de s'installer à une table. Alessio s'assit dos aux baies vitrées, de façon je suppose à avoir le bar bien en vue, et il se mit à m'observer de loin. De temps à autres, je le voyais tourner la tête et se mêler à la conversion de ses copains, mais comme aimanté, son regard revenait constamment dans ma direction.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que ces fréquents coups d'œil me rendaient nerveuse. Résultat : je devenais plus lente. Paul était vraiment énervé à présent. Merde, quel relou celui-là ! Comme si j'avais pas d'autres chats à fouetter... il m'agaçait autant que les vrombissements d'un moustique. J'en avais rien à faire. Je n'en menais pas large, même si Alessio se trouvait à des mètres de là. « Ça craint » pensai-je. Bah, oui. Se mettre dans des états pareils alors qu'on n'avait même pas échangé un mot...

Après un troisième rappel à l'ordre de Paul, je m'obligeai à faire abstraction de la présence d'Alessio et à replonger dans le boulot.

Ils restèrent environ trente minutes. Après quoi, alors que ses amis se levaient et enfilaient veste et manteau, Alessio traversa la salle pour venir s'accouder nonchalamment au comptoir. Juste en face de moi. Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, il se pencha vers moi et donna une pichenette dans ma boucle d'oreille. Je sentis le métal taillé en forme d'encre de bateau tanguer contre ma mâchoire, et battis des cils, surprise.

« Est-ce que tu aurais le temps pour un verre ? » Me demanda-t-il, un sourire au fond de ses beaux yeux bleus.

Déstabilisée par sa proximité soudaine, je me sentis absolument très bête.

« Qu... quoi, aujourd'hui ? Non.

─ Je vois, je vois... Mmm... »

  L'air faussement songeur, il passa la main à l'arrière de sa tête, jouant avec ses cheveux châtains. Je notai qu'il les portait mi-longs à présent. La frange chatouillait ses sourcils et des mèches ondulées caressaient ses oreilles. Ça lui donnait un air un peu... je ne sais pas, voyou ? On aurait dit un étudiant trop flemmard pour aller chez le coiffeur, tombé du lit et super sexy. Et il se trouve que moi, j'ai toujours eu un faible pour les cancres et leur nonchalance assumée.

« Argh, achevez-moi ! » Me dis-je, mortifiée par les pensées qui fusaient dans mon esprit.

« ....Alors, demain soir ? Proposa Alessio, et je fis un effort pour me concentrer sur ses paroles.

─ Ouais, m'entendis-je répondre comme de très loin. Ça devrait le faire.

─ Tu as toujours mon numéro ? »

La question était franchement taquine, et cette fois, je me sentis rougir.

« Heu, oui, avouai-je.

─ Eh bien, efface-le, il a changé. »

Et de me tendre son téléphone, pour que j'y entre le mien. Que de toute évidence, il n'avait plus, pour sa part. Avec raideur, je tapai les chiffres et le lui rendis.

« Merci. Je t'écris ce soir. A demain, Dani.

─ A demain. »

Il me fit un geste de la main et s'éloigna à grands pas pour rattraper ses copains, qui s'impatientaient à la porte du café. Je les regardai partir tous ensemble, yeux écarquillés.

Est-ce que ce qui venait de se passer... venait vraiment de se passer ?!

L'heure bleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant