L'heure bleue

30

Alessio

Trente minutes plus tard, je rejoignais Paul au K-jolie. Il avait proposé qu'on se voie, la veille, pendant que j'étais occupé à tabasser Raphaël. Je faisais d'une pierre deux coups : je venais le voir et boire tout mon soul.

« Salut Polo », lui dis-je en débarquant.

Je me perchai sur un tabouret juste en face de lui.

« T'es en avance ! Ca va ?

─ Ouais, ouais... et toi ?

─ Très bien. J'ai eu un super pourboire, j'suis content ! Tu veux quoi ?

─ Tu peux me faire un Cuba Libre s'te plaît ?

─ Tu veux pas un Whisky-coca comme d'hab ?

─ Non. Cuba Libre.

─ OK, tout de suite. »

Une petite brune en jupe courte était assise non loin de là et nous écoutait. Lorsqu'elle me vit regarder dans sa direction, elle me sourit. Elle avait de chouettes jambes, longues et fuselées. Très sexy.

« Hey, lança-t-elle d'une voix chaleureuse alors que Paul préparait mon verre, et elle se passa la main dans les cheveux sans cesser de me sourire.

─ Hey », répondis-je avec réticence.

Paul me tendit ma boisson. Je la descendis en quelques gorgées. Il me jeta un regard désapprobateur, mais ne dit rien.

« Moi c'est Léna, insista la fille. Et toi ?

─ Alessio.

─ C'est trop joli, j'adore ! T'es Italien, c'est ça ?

─ Ouais, c'est ça. »

Je n'ajoutai rien de plus, espérant qu'elle comprendrait le message, mais vingt minutes et un autre verre plus tard, la brunette voulut m'inviter à danser. Je refusai. J'en avais assez fait avec Chloé l'après-midi même. Mais elle était super jolie. Elle ressemblait un peu à Dani, en moins belle, moins chiante et moins intelligente sûrement. Alors là ! Personne n'était aussi belle, chiante et intelligente que Dani. En tout cas à mes yeux. Elle avait le trio qui envoûte et qui détruit tout.

Je la détestais de me détester. Daniela, je veux dire. J'avais besoin d'elle, enfin besoin qu'on arrange les choses, et elle m'avait jeté sans hésiter.

OK.

Cool.

Pas grave.

« Vas-y mollo Alessio, dit Paul alors que je terminais mon énième verre. Doucement, hein.

─ Ouais ouais... doucement toi-même d'abord ! Tu bouges tellement vite, on dirait que t'es en accéléré. »

Et je ris, je ris.

« Ce que t'es con quand tu commences à être bourré, soupira Paul.

─ Fais-moi un Daïquiri Polo !

─ ... tu veux pas arrêter avec le rhum, un peu ?

─ Nan » répondis-je fermement.

Il prépara mon verre et me le tendit en silence.

« Je te ramène chez toi dès que j'ai fini le service, dit Paul en me regardant engloutir la moitié de ma boisson. T'es en voiture ?

─ Ouais. Tu vas me ramener chez moi et Dani, hein ? Fais gaffe en conduisant OK, c'est la bagnole de ma mère, qui m'en veut à mort déjà... à cause d'hier... putain ce que j'ai été con hier... encore plus con que Raphaël. Mais c'est la faute de Daniiiii aussi.