Le Péché Oublié 14

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 - Est-ce qu'on doit vraiment l'enterrer, capitaine ? Tous les regards se tournèrent d'un seul coup vers moi. Je suis désolé, cela me dérange d'offrir une sépulture en respectant ses croyances alors qu'il ne respectait aucunement les ceux de son peuple !

- Je ne peux pas te dire le contraire, jeune Mordred ! Me répondit le capitaine Meliodas. Mais nous devons représenter un idéal, et le respect des ennemis, même le pire des monstres, nous incombe à tout moment.

- Dans ce cas, on pourrait laisser cette décision à ceux qui en ont le plus souffert ?

En face de nous, les enfants cherchaient le réconfort dans les bras des anciens. Chez les survivants, il ne restait que les deux extrêmes. Les parents étaient soit mort par dévotion, soit dans un état mental tellement dégradé qu'ils ne pouvaient s'occuper des plus jeunes.

- Je trouve que c'est une bonne idée, Cap'tain ! C'est à eux de disposer du corps de leur despote comme il le souhaite. S'il souhaite l'enterrer alors on les aide, par contre s'ils veulent le laisser pourrir à l'air libre et se faire bouffer par les rats, ou bien même le dépecer, je n'y vois aucun problème personnellement.

- C'est horrible ce que tu dis, Ban ! Il faut leur éviter d'autres souffrances, ils en ont suffisamment bavé comme ça !

- Je suis d'accord avec Diane ! Nous sommes ceux qui l'ont vaincu, nous devons terminer notre tâche. C'est à nous que cela incombe !

- Je suis d'accord avec King et Diane ! Rajouta simplement dame Merlin.

- C'est avec l'âge que naît la sagesse. C'était les dires de sir Gowther dont je ne fis rien.

- Je suis désolé, mais je ne suis pas d'accord ! Protesté-je alors. Cela m'est insupportable. Ils ne pourront pas passer à autre chose. Nous les aurons certes libérés, mais nous leur aurons aussi pris le droit de le juger. Comment pourraient-ils faire leur deuil ? Je suis désolé, mais je ne suis pas d'accord avec cette situation !

Un long silence s'imposa, je me devais de supporter les regards des autres Péchés Capitaux. Je m'opposais à la décision du capitaine Meliodas et de la majorité. En risquant de me faire détester, mais pour la première fois, je ne voulais pas leur plaire, j'étais prêt à subir leurs courroux. La situation me dégoûtait de trop, voir ces enfants seuls, désavouant jusqu'à leurs origines.

- Je suis fier de toi, jeune Mordred, tu te comportes enfin comme un chevalier. Mais leur éviter cette épreuve, c'est faire preuve de clémence. Regardes ce qui se trouve en face de toi, des vieillards et des enfants, nous ne pouvons permettre à ces vies qui débutent et qui se terminent de vivre et mourir avec un tel Péché. Et je suis prêt à subir leur colère, leur fierté, car mon cœur est suffisamment fort pour tout supporter, pour tout emporter avec moi.

Les mots que venaient de me dire sir Escanor, ils ne cessaient de tourner dans ma tête. Pourtant, je n'avais rien fait pour lui plaire, au contraire.

Sur ces mots, je ne pouvais rien rajouter, aucun argument ne me venait à l'esprit, ou bien, étais-je retombé dans mes anciens travers ? Pour le moment, cela n'avait plus d'importance.

Le corps de l'Alpha de l'Obéissance par la Foi fut enterré. Mais contrairement à son frère, une fois que sa tombe fut rebouchée, nous nous éloignâmes sans dire un seul mot, ni même une pensée.

Maintenant, il nous fallait réfléchir à la situation de ces hommes et femmes brisés, de ces enfants démunis.

- Nous pourrions leur laisser une partie de nos rations, et les prendre avec nous lors de notre voyage de retour à Liones. Proposais-je alors.

- C'est une solution, mais ils ne pourront pas attendre très longtemps, même si nous leur donnions tout ce que nous avons, cela ne leur ferait à peine qu'un repas. Et cela, j'en doute beaucoup que cela satisfasse ! Analysa le capitaine Meliodas.

- Et les emmener avec nous est hors de question ! Rajouta dame Merlin.

- Mais nous ne pouvons pas les laisser seuls, sans protection, et avec à peine de la nourriture pour une journée. C'est trop horrible ! S'exclama dame Diane.

- On peut toujours demander à Gowther de leur faire croire qu'ils ont le ventre plein. Dit le plus sérieusement du monde, sir Ban, avant qu'un sourire ne s'affiche devant l'air outré de tous.

- Sérieux Ban, on parle sérieusement, des vies sont en jeux ! S'indigna sir King.

- C'est pas avec vos mines dépitées que vous allez pouvoir les aider. Et j'en sais quelque chose ! Répondit gravement sir Ban.

Un silence se fit à nouveau, mais il se prolongea par un évènement extérieur. Personne ne reprit la parole, les visages se tournèrent vers le sud, le brouillard cachait toujours l'horizon. Des présences venaient d'apparaître, mais aucune intention belliqueuse n'y était associée. Étaient-ce d'autres réfugiés qui arrivaient ?

Ce qui se présenta devant nous, était loin de ressembler à des personnes qui cherchaient un refuge, une protection. Non, elles portaient tous le même habit, les mêmes que nous avions vu dans la ville de Berffaith Dinas.

Les jeunes femmes habillées en bonne, les oreilles de chien dressées se rapprochèrent rapidement des anciens et des enfants. Les réconfortants immédiatement par leur sourire. Derrière apparu plusieurs charrettes poussées par des hommes dont la tête étaient surplombé de deux énormes cornes, des homme-taureaux. Elles étaient remplies à raz bord de diverses caisses en bois et de barils.

Elles s'arrêtèrent au milieu du campement de fortune, rapidement les caisses et les barils furent descendus. Et tout aussi rapidement, de la nourriture se retrouva entre toutes les mains des affamés, des verres d'eau se portaient aux lèvres des assoiffés.

Outre le fait que ces homme-taureaux et les servantes aidaient les gens, s'étaient leur attitude. Ils venaient clairement de Berffaith Dinas, de cette ville que nous venions de quitter la veille. Comment avaient-ils fait pour venir aussi rapidement, en sachant comment nous les avions quittés. Les homme-taureaux agissaient d'eux-mêmes, tandis que les femme-chiens avaient de grands sourires qui ne semblaient aucunement simulés.

Comment cela avait-il pu se passer aussi rapidement ? Nous avions révélé ses secrets passés, mais il semblerait que de nouveau bien plus étrange venait de se présenter devant nos yeux.

Nanatsu no Taizai : The Forgotten SinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant