Le Péché de la Vaine Gloire 21

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L'errance dura plusieurs semaines et trouvait de la nourriture tout en ayant un nourrisson n'était pas choses faciles. Elle devait le laisser seul dans une grotte, le temps qu'elle chasse ou qu'elle vole du lait dans les villages humains. Elle ne comptait pas leur demander de l'aide, elle ne voulait pas leur être redevable. Par deux fois, les Hommes l'avaient chassé de chez elle. Lui enlevant même toute sa famille, l'obligeant à faire couler le sang non pas pour se nourrir mais pour se protéger.

Après plusieurs jours de marche, elle tomba sur un groupe d'homme-bête, eux aussi chassés pour leur différence. Elle se joignit à ces familles en exil, elle mettait à leur service ses talents de chasseuses. Savoir son frère avec les siens, lui enlevait un poids au cœur, il était en sécurité. Les bêtes sauvages ne risquaient pas de lui tomber dessus, des Hommes non plus. Que serait-il passé lorsqu'il leur aurait montré sa vraie nature ? L'amour aurait-il pris l'ascendant sur la différence ? C'était le genre de question qui la taraudait durant ses parties de chasse.

Enfin, la capitale des Homme-bêtes se présentait devant elle, l'espoir de pouvoir libre et en sécurité. Autour, il n'y avait rien, juste des plaines, d'un seul coup le vent apporta l'air marin. La ville se trouvait au bord d'une falaise, se faisant la capitale se trouvait le plus au Nord de l'île où se trouvait la nation de Britannia.

Arrivé à l'entrée, la sécurité se montrait sous sa forme la plus hostile, des homme-loups qui humaient l'air. Ils s'empêchaient les Hommes de venir parmi eux, d'oser profaner leur terre, grâce à leur odorat. Pour eux, il était facile de distinguer un simple homme d'un membre des Homme-bêtes. Ils étaient des chasseurs, reconnaître l'odeur d'une proie n'était pas un problème.

Une fois à l'intérieur, des habitations de fortunes se présentaient à la jeune femme. Mais comment cette ville qui ressemblait davantage à un village en piteux état pouvait accueillir tous ceux qui avaient été chassés de leurs terres. Elle trouva un endroit libre où vivre avec son frère mais après tout cela, elle ne le voyait plus comme tel, c'était son enfant, elle l'élèverait comme si elle avait mis au monde elle-même.

Contrairement à sa première pensée, la ville arrivait à subvenir au besoin de tout le monde. Le poisson apparaissait chaque jour, tout comme les œufs ainsi que du lait et même de la laine. Les habitants faisaient preuve d'une grande solidarité, sans demander le moindre argent. C'était de toute façon, une manière de penser qui leur été étrangère. Même le troc qu'ils pratiquaient en tant normal était mis de côté, seul cette solidarité entre eux comptaient.

La jeune femme ne cherchait pas à connaître les secrets de cette ville, ses journées étaient bien remplies, s'occuper de son enfant lui prenait tous son temps et ses pensées. Mais des rumeurs circulaient, un leader apparaîtrait un jour, un chef qui les changera totalement. Plus le temps passait et plus les discours étaient emplis de haine envers les Hommes. L'attente de ce messie n'en devenait que plus grande.

Après un certain temps, il leur fut permis de prendre le passage vers un nouveau monde comme il était décrit par certain. Lorsqu'elle se stoppa devant cette grotte, c'était l'obscurité qui se présenta. Descendant ce passage creusé à même la terre et la roche, elle s'enfonçait sans crainte, faisant confiance à son peuple. Alors qu'elle pensait que cela ne serait qu'une longue descente vers la côte, le couloir bifurqua, et cela à plusieurs reprises. Des homme-loups et des homme-renards s'y trouvaient à chaque fois, le bruit d'une grande inspiration s'entendaient très clairement, amplifiait par l'écho.

Après plusieurs minutes de descente, une lumière apparue, la sortie était toute proche, que pouvait-elle bien l'attendre après cela ? Le village qui se trouvait en surface n'était rien en comparaison de la ville qui s'étendait en profondeur. C'était le jour et la nuit, des hommes aurait dû y passer des vies entières, voir des générations pour arriver à créer une telle ville. Pour des homme-taupes, cela était d'une grande facilité. Elle fut emmenée, avec son fils dans les quartiers des homme-faucons et en même temps, une tâche lui fut confier. La plus naturelle pour elle : la chasse.

Au milieu de tout cela, son petit frère grandissait, il l'avait appelé "maman", l'impression de le tromper rampait dans son esprit. Mais elle ne pouvait pas encore lui révéler la vérité, le passé tragique de leur famille. Elle se devait aussi de trouver une figure paternelle pour le canaliser, pour lui apprendre ce qu'il fallait pour être un homme-bête. Malheureusement, nul homme ne se présentait à elle, soit ils étaient déjà en couple, pleuraient leurs défunts, ou bien trop vieux pour le canaliser.

Il ne s'ennuyait pas, il y avait de nombreux enfants, parfois orphelins de cette folie. Mais la haine des adultes le contaminait, toutes ses histoires sur les Hommes lui donnait une seule image d'eux. Des êtres qui laissaient leurs natures, leurs désirs les contrôler, détruisant tous sur leurs passages. Elle ne pouvait pas lutter contre cela, non, elle ne voulait pas lutter. Cette haine avait aussi terni son cœur, elle avait perdu son innocence depuis bien longtemps.

Le temps passa, sans qu'elle s'en rende compte, son fils était en âge de fonder sa propre famille. Maintenant, tous les clans étaient représentés, parfois par un seul couple, parfois par des centaines d'individus. Les homme-faucons étaient un groupe d'une taille moyenne, mais suffisamment pour permettre à son fils de trouver une femme. Mais ce fut à ce moment que la rumeur s'intensifia, enfin, le leader qu'ils attendaient tous était enfin né et le changement allait se produire.

Ce leader apparu un jour, il n'était qu'un enfant et pourtant une aura se dégageait de lui. Ses cheveux et ses yeux étaient totalement noirs, son visage totalement inexpressif. Il ne dit pas un mot, et pourtant tous le saluèrent, s'agenouillèrent et prirent le serment de le suivre. À chacune de ses apparitions, il ne parlait jamais, et le groupe d'enfants qui le suivaient augmentaient. Son charisme semblait naturel, sans pouvoir être remis en cause par une quelconque autorité terrestre.

Le temps passa à nouveau, malgré cela, sa simple présence calmait les esprits. Non pas qu'ils ne souhaitaient plus se venger, mais il arrivait à canaliser cette haine, à la rassembler comme un seul fleuve. Puis pour la première fois en vingt ans, il parla à tout le monde. Il annonça que le moment était venu mais qu'il ne pourrait pas y arriver seul, qu'il avait besoin de chacun d'eux. Qu'il partagerait son pouvoir avec certains et qu'un leader, un Alpha se devait d'apparaître dans chacun des clans.

D'un seul coup l'histoire se stoppa. Tous les homme-faucons prirent leur envol en même temps. Avant qu'un autre individu ne se présente devant nous. La vieille femme regardait derrière nous, son visage n'affichait ni la peur ou la joie, mais la résiliation.

- Bonjour, mon fils, quelle honte que tu me voies ainsi.

- Je ne te le fais pas dire, mais nous savons tous les deux que nous n'avons plus ce genre de relation depuis longtemps, ma sœur.

- Allons, tu m'en veux encore ?

- Me cacher mon passé, n'aurait rien changé. Mais tu m'as pris ce qui me revenait de droit et ta déchéance en est la preuve. Je prends le titre d'Alpha de la chasse, comme les choses aurait toujours dû être.

- Tu sais que je l'ai fait pour te protéger mon....

Sa phrase se stoppa avant la fin, l'ennemi en face nous, un homme-faucon avait la patte droite levée, je n'avais rien vu de la scène. Quand je tournais pour regarder The Last Shadow, elle baignait dans une mare de sang. Elle qui avait tous sacrifié pour qu'il vive libre, voila le châtiment qu'elle avait reçu. Je tournais la tête vers son assassin, il paraissait très musclé. En tout cas, ses bras recouverts de quelques plumes semblaient être ceux d'un homme dans la force de l'âge.

- Je me nomme Red Claw, le véritable Alpha de la chasse, rappelez-vous de cela, minables humains. Je ne vis que pour tuer les Hommes et contrairement à elle, je ne cherche pas à vous comprendre.

Dans le balai incessant des homme-faucons autour de nous, je le perdis de vue, avant que le calme ne s'imposa à nouveau. Il ne restait plus que moi, dame Diane, monsieur Gowther et le corps sans vie de The Last Shadow.

Nanatsu no Taizai : The Forgotten SinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant