Le Péché Oublié 25

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Nous nous étions mis en marche vers la ville des Homme-bêtes, les ténèbres nous avaient encerclés, le silence absolu était notre seul compagnon. Chaque groupe marchait à part les uns des autres. Nous étions devant, les homme-bêtes à notre suite, tandis que les soldats humains fermaient la marche.

Mais à plusieurs reprises, j'avais pu constater des échanges entre les deux groupes de soldats. Ils étaient fugaces, même s'ils devenaient de plus en plus fréquents. Une entente cordiale entre individus qui avaient tout perdu et qui avaient dû subir les actions d'autrui.

Malheureusement, je ne pouvais entendre ce qu'ils se disaient, même si parfois des rires pouvaient exploser, s'éteignant tout aussi rapidement. Surtout que ma conversation avec dame Merlin ne me le permettait tout simplement pas.

- Alors tu ne subis pas les mêmes effets que la dernière fois ?

- Non, pour le moment, ce sont quelques moments qui se passent plus rapidement ou bien plus lentement. Mais toujours pas de vision du futur.

- Il me semble que la dernière fois, tu avais désynchronisé ton esprit et ton corps. Je fis un signe de la tête. C'est certainement cela la raison qui fait que les visions du futur ne reviennent pas.

Elle se mit à parler seul, à voix basse, des choses que je ne comprenais pas. Dame Merlin ne faisait plus intention à moi, elle marchait le regard dans le vide.

Je n'eus pas le temps de me replonger dans mes pensées. Une femme à la peau blanche apparue à côté de moi. Elle semblait apparaître comme un plein jour, la lune et les étoiles suffisaient pour la faire éblouir.

- Je voulais te remercier, Mordred, Péché de la Vaine Gloire.

Je restais silencieux, cherchant ce que j'avais pu faire pour avoir droit à cela. Non pas que cela me déplaisait, mais me faire remercier sans savoir pourquoi avait un petit côté incomplet.

- Je sais que c'est grâce à toi que les secrets de la ville de Berffaith Dinas a été révélé au grand jour. Que c'est toi qui as aussi permis à tous les habitants de vivre d'une autre manière, ensemble.

- Oh, je vois !

Mais la conviction n'y était pas. Avant, j'aurais pris cela sans me poser de question, mais à cet instant les remords me prirent. J'avais agi sur un coup de tête, convaincu que ma capacité à remonter le temps m'aiderait. Une fois le mouvement réalisait, j'avais improvisé, restant sur place sans savoir que faire. Ce n'était que parce que la providence avait mis cet homme sur ma route que finalement tout c'était bien passé.

- Grâce à toi, j'ai pu revoir ma petite sœur !

- Votre sœur ?

- Vois-tu, je viens de cette ville, Berffaith Dinas. Mais j'étais considérée comme un produit défectueux. Je possédais les traits qu'ils souhaitaient, mais je pouvais encore prendre ma forme animale.

- Vous avez réussi à vous échapper ?

- Oui, mais uniquement grâce à un humain ! Maintenant que j'en parle, il semblait tellement torturé par ce qu'il faisait.

- Et vous être devenu malgré tout une Alpha ?

- Oui, ma haine envers les humains à ce moment-là de ma vie était viscérale. Je souhaitais tous les tuer, mais surtout, il me fallait de la puissance pour aider ceux qui étaient restés dans les sous-sols.

- Mais finalement, vous n'avez rien fait ?

- C'est une manière un peu crue de la dire. Mais oui, je n'ai rien fait ! Mon ordre était différent, je me pliais à la volonté de ce Grand Alpha. Au début, je ne comptais montrer aucune pitié envers les humains qui m'étaient amenés. Je comptais bien les faire souffrir. Mais un jour, je fus surpris de trouver deux femmes, l'une était humaine et âgée, l'autre était des miens et jeune. Elle l'avait élevée comme sa propre fille, en sachant parfaitement ce qu'elle était. Sans tenter de faire disparaître totalement son autre visage, lui conseillant de la cacher pour les autres. Je pensais que cela n'était qu'une exception, mais bien d'autres histoires de cohabitation me furent rapportés. Je ne pouvais rester insensible en entendant cela. Une cohabitation était possible. Je ne pouvais considérer tous les humains comme mauvais par l'action de certains, et il était de même pour ceux de mon Clan.

Holy Mother venait de me révéler sa vie. Elle qui avait toutes les raisons de détester les humains avait choisi une voie dans laquelle nos deux Clans pourraient vivre ensemble, en harmonie. Mais une question me taraudait l'esprit.

- Avez-vous rencontré la personne qui gère maintenant la ville ? Comment était-il ?

- Oui, de loin, il me paraissait jeune, mais sûre de lui ! Il semblait être un guide pour tous, qu'ils soient humains, homme-animaux ou homme-bêtes. Mais en même temps, il paraissait lutter contre ses propres démons. Il semble aussi refuser d'être considéré comme le chef.

- En effet !

Une voix venant de derrière nous se joignit à notre conversation. C'était le jeune leader des soldats. Nous nous tournâmes vers lui avant qu'il ne reprenne la parole.

- Notre seigneur souhaite mettre en place un régime où le peuple se régirait lui-même. Il souhaite que des représentants de tous les groupes soient représentés et discutent entre eux pour choisir la bonne solution. Notre seigneur nous a dit à plusieurs reprises qu'une fois les représentants en place, il partirait, même s'il compte garder un œil sur notre ville pour s'assurer qu'aucune personne, quel que soit son Clan, ne prenne le pouvoir pour lui-même. Veuillez m'excuser, je n'arrive pas à me rappeler comment il a nommé ce régime !

- C'est une démocratie ! Dit alors dame Merlin. Votre leader est un idéaliste, ce genre de régime n'est qu'une utopie. Surtout avec autant de groupes différents.

La discussion se stoppa, la ville des Homme-bêtes étaient maintenant à vue. Les autres Péchés avaient pris de l'avance. Ainsi, moi et dame Merlin nous dépêchèrent pour nous mettre à leur niveau.

De ce que je voyais de la ville, elle ne semblait pas assez imposante pour permettre à plusieurs milliers de familles d'y vivre. Cette pensée fut stoppée lorsqu'un groupe sortit, à sa tête un homme les menait vers nous. Il me fallut un moment pour le reconnaître, c'était Tweeter. Il ne me parut pas en très bonne physique.

Un sourire se dessina sur son visage, il me fallut un moment avant de m'en rendre compte qu'une émotion positive s'infusait dans mon esprit.

Une ombre se déposa derrière lui. L'aura qu'elle dégageait était clairement hostile. Mais je n'eus pas le temps de le prévenir qu'une lame vint le traverser.

Je me précipitais auprès de cet être que j'avais finalement appris à apprécier. Je me refusais qu'il s'effondre sur le sol, je ne voulais pas accepter la réalité qui s'imposait à moi. Et je n'étais le seul dans ce cas, une femme et deux enfants semblaient pleurer bien plus que les autres, souffrir de ne pas être à ses côtés, criant le nom de l'être aimé.

- Alors, ai-je droit à un compliment de ta part ? Me demanda-t-il.

- Pour Tweeter, non, aucun ! Mais pour Orias, oui, un héros pour ta famille et pour tous ceux de ton Clan !

Ainsi se termina l'histoire de ce fier membre du clan des Pigeons qui restait caché derrière dame Arakum et qui avait fini par briller pour offrir aux plus faibles un avenir.

Nanatsu no Taizai : The Forgotten SinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant